Il n’aura fallu que quatre heures aux délégués Croix-Rouge française pour évaluer les besoins dans les camps où elle intervient au quotidien, après la tempête du 24 septembre dernier à Port-au-Prince, qui a fait six morts et 67 blessés.

L’équipe de la Croix-Rouge française a pu déployer son plan de contingence très vite, mobilisant aussitôt ses équipes d’évaluation, en lien avec la Croix-Rouge haïtienne et avec le feu vert de la Fédération internationale Croix-Rouge et Croissant-Rouge, qui coordonne la réponse du Mouvement en cas de catastrophe. Ainsi, en quatre heures, les équipes d’évaluation rapide multisectorielle de la Croix-Rouge française, composées d’experts dans la réponse aux catastrophes, dans la logistique ou encore l’eau et l’assainissement, ont fait le tour des dégâts dans les 18 camps où la CRF intervient au quotidien, à Port-au-Prince. Dans la capitale, ce sont plus de 15 000 familles qui se sont retrouvées sans abri après le passage de la tempête du 24 septembre. La délégation Croix-Rouge française a mobilisé immédiatement toutes ses ressources disponibles pour couvrir les besoins de 1 600 familles affectées, soit 10% de la population affectée. Une équipe de 20 personnes, délégués et personnels nationaux, a participé aux opérations de distribution de tentes, bâches, couvertures et kits d’hygiène en étroite coopération avec les comités des camps affectés. Dans un premier temps, la priorité a été donnée aux 6 camps les plus durement touchés. Grâce à ses stocks pré-positionnés, la Croix-Rouge française a été en mesure d’y distribuer 161 tentes, 1 417 bâches, 2 383 couvertures et 483 kits d’hygiène. Dans les 12 autres camps, la réponse de la Croix-Rouge française a été appuyée par l’Organisation Internationale pour les Migrations et l’ONG Concern International. Grâce à cet effort conjoint, 239 tentes et 1 176 bâches supplémentaires ont pu être distribuées. Résultat, quatre jours seulement après la tempête, 1 696 familles avaient bénéficié d’un abri d’urgence, 1 190 de couvertures et 483 de kits d’hygiène. La réponse ne s’est pas limitée aux distributions. Des activités de mitigation (en d’autres termes, amélioration des installations) ont également été menées pour ramasser les débris emportés par l’orage et faciliter l’évacuation de l’eau. Dans ce sens, les constats réalisés dans les camps montrent que les activités de mitigation menées par la Croix-Rouge française avant la tempête (tels le curage des égouts, le creusement et le redressement des canaux de drainage dans les camps), ainsi que l’installation de latrines surélevées et le renforcement des douches d’urgence ont réduit considérablement l’impact de cet événement. Ainsi, les travaux de préparation menés par les équipes de la Croix-Rouge française depuis des mois maintenant dans les domaines de la sensibilisation communautaire, la mitigation, la constitution de stocks d’urgence et d’équipes de réponse rapide, ont montré toute leur utilité. Les activités liées à la préparation aux catastrophes et à la réduction des risques se poursuivent aujourd’hui, sans relâche, avec la valeur ajoutée des leçons tirées de cette première intervention d’urgence importante, en dehors des activités liées directement au séisme du 12 janvier dernier. Cette fois-ci, la Croix-Rouge française a pu couvrir l’intégralité des besoins dans les camps où elle intervient. Néanmoins, la vulnérabilité de la population vivant sous tente face aux aléas climatiques est toujours réelle. La saison cyclonique n’est pas encore terminée et d’autres tempêtes pourraient survenir. Celle du 24 septembre dernier n’est pas comparable à une tempête tropicale ou à un ouragan, ou même à plusieurs jours de pluie d’affilée qui provoquent des dégâts bien plus importants, en général. La vigilance reste donc de mise dans les camps.

Ana Verdu déléguée de la Croix-Rouge française en Haïti

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