Croix-Rouge insertion, entité juridique indépendante, est composée de sept établissements ayant pour vocation d’accompagner des personnes vulnérables vers l’autonomie par le retour à l’emploi. Parmi eux, CAPDIFE, dans l’Hérault, accueille 36 salariés en parcours d’insertion.

A travers l’apprentissage du maraîchage bio et de l’agriculture raisonnée, ces personnes réapprennent la vie en collectivité et en apprennent souvent beaucoup sur eux.

Ces 36 salariés sont répartis sur les trois jardins d’insertion de CAPDIFE, l’un est à Béziers, l’autre à Paulhan et le dernier à Montagnac dans l’Hérault. S’ils n’ont pas tous vocation à devenir ouvrier agricole, ils ont tous été identifiés comme des personnes en rupture. Certains sont des demandeurs d’emploi de longue durée, des personnes sans domicile fixe, des anciens prisonniers, des personnes porteuses d’un handicap ou des jeunes sans ressource. A cela s’ajoute souvent d’autres difficultés telles que l’addiction à la drogue ou à l’alcool. Ces salariés, recrutés pour une durée de six mois renouvelables, ont besoin d’un encadrement spécifique et global. Ils ont donc accès pendant cette période à un travail, un accompagnement et une formation adaptés à leur projet professionnel.  

Une activité support

« Nous sommes là car nous croyons que toute personne a la capacité de s’intégrer dans le monde du travail, explique Bertrand Munich, directeur de CAPDIFE. Nous recrutons les salariés en privilégiant les personnes les plus éloignées, la seule condition étant leur motivation à se mobiliser sur un projet professionnel. Notre activité de maraichage bio et d’agriculture raisonnée n’est qu’un support pour permettre à chacun de débloquer des freins qui les empêchent d’avancer dans la vie. »

Les salariés ont donc des profils et des problématiques différents. Chacun d’entre eux bénéficie d’un accompagnement individualisé pour lui permettre de trouver et d’atteindre son objectif professionnel. Outre l’apprentissage du travail agricole, les salariés suivent des formations pour pallier leurs difficultés, par exemple avec une remise à niveau en français. Présents 26 heures par semaine sur le jardin d’insertion, ils travaillent donc la terre mais aussi leur esprit. 

Trouver sa voie

Les personnes qui sont accueillies dans les chantiers d’insertion sont en perte de repère et de confiance. Jean-Remi Barluet, encadrant technique d’insertion et formateur  de CAPDIFE, s’atèle quotidiennement à changer ça : « souvent, ces personnes ont une image négative d’elle-même, elles n’ont pas conscience de leurs capacités. Notre mission est de les aider à se rendre compte de leurs compétences. On part donc du positif pour construire du durable. » Une philosophie partagée par l’ensemble de l’équipe et qui porte effectivement ses fruits. A l’image de Florence Boudon, 43 ans, titulaire depuis quelques mois d’un Brevet Professionnel Responsable d'Exploitation Agricole. Elle a souhaité se former d’avantage à l’agriculture biologique avant de se lancer. C’est avec enthousiasme qu’elle parle de son expérience au jardin d’insertion car ça a changé sa vie : « Depuis des années, j’enchaîne les boulots sans beaucoup d’intérêt. Mais aujourd’hui je me suis enfin trouvée. Le jardin d’insertion et la Croix-Rouge insertion m’ont aidé à trouver ma voie, je sais maintenant qui je suis. »

Le travail avec l’encadrant technique et le chargé d’insertion socioprofessionnelle a effectivement permis à Florence de découvrir le métier d’encadrant technique agricole. Après une immersion de trois semaines dans une structure d’insertion dans le cadre de son contrat avec CAPDIFE, elle est convaincue d’avoir les qualités humaines pour être un bon encadrant. Un pari donc réussi pour CAPDIFE qui comptabilise 50% de sorties positives, un taux supérieur à la moyenne nationale.

Nathalie Auphant