Pour améliorer les conditions de vie dans un camp de réfugiés, il est nécessaire de résoudre les problèmes de fonds auxquels sont confrontées les personnes, particulièrement dans le domaine de la santé.

Pour améliorer les conditions de vie dans un camp de réfugiés, il est nécessaire de résoudre les problèmes de fonds auxquels sont confrontées les personnes, particulièrement dans le domaine de la santé.

Les mains bougent vite essayant ainsi de suivre le flot rapide des paroles de Muhammad Shaker, un jeune homme de 24 ans portant un pantalon en velours côtelé, des chaussures de sport, et un pull vert sous sa veste rouge au logo du Croissant-Rouge irakien.« Ouvrez la bouche, mettez la tête en arrière tout en soutenant le cou avec une main, » dit-il alors qu’il explique comment porter assistance à une personne inconsciente, en simulant partiellement les gestes.Face à lui, une dizaine de professeures d’école, exerçant dans l’établissement où se déroule la formation,  l’écoutent avec attention. Elles suivent ses instructions et posent des questions relatives à des expériences qu’elles ont connues.« Si le cœur ne bat plus, il faut envoyer des chocs électriques, mais seulement si le cœur ne bat plus » prévient Muhammad Shaker.« Des questions ? »

Ici, chacun peut faire la différence

Muhammad a fui la Syrie il y a cinq ans, depuis il vit au nord de l’Irak comme « réfugié », bien qu’il ne se sente pas comme tel, insiste-t-il.Par certains côtés, la situation ici n’est pas très différente de celle vécue en Syrie. Quand on se fixe un objectif, il faut mettre toute son énergie pour l’atteindre.En Syrie, ses ambitions étaient toutes autres, tournées uniquement vers ses désirs personnels. Il souhaitait atteindre un statut social plus élevé mais c’était il y a longtemps, explique-t-il. 

La vie dans le camp incite à répondre aux besoins immédiats qui sont nombreux, il faut se dépasser quotidiennement, penser aux autres et pas seulement à soi. « Ici, j’ai l’impression que tout le monde peut apporter sa contribution, » dit Muhammad.Muhammad est volontaire au Croissant-Rouge irakien sur les sujets de sensibilisation en matière de santé et de formation aux premiers secours à destination des autres réfugiés qui, comme lui, vivent à Domiz 1, l’un des plus grands camps de réfugiés d’Irak, situé dans la banlieue de Dohuk.« Je me sens investi d’une responsabilité et du devoir d’agir pour aider les gens qui se trouvent ici, » dit-il tout en ajoutant : « Si nous voulons améliorer la situation de nos communautés, nous devons résoudre les problèmes de fonds. Les guerres et les famines peuvent ne jamais cesser mais nous pouvons en limiter les effets.

De grands espoirs, des projets ambitieux

Passant d’une idée à l’autre, Muhammad nous expose comment, selon lui, le quotidien pourrait s’améliorer pour les 26 000 habitants du camp.« La transmission des savoirs est au cœur du métier des enseignants c’est pour cela que nous les formons. A leur tour, ils pourront apprendre ces gestes à leurs élèves qui s’en serviront tout au long de leur vie » dit-il.Muhammad fourmille d’idées et de projets pour venir en aide à sa communauté. Pour lui, la priorité doit être donnée à la formation aux premiers secours et à la santé qui sont essentiels pour améliorer la situation dans le camp.« Les gestes qui sauvent devraient s’apprendre dès le plus jeune âge. Plus que tout, nous devons apprendre à prendre soin les uns des autres. Lorsque vous venez en aide à une personne, vous avez le sentiment d’être un super héros » dit Muhammad.

« Ici, il est important que les personnes soient initiées aux gestes qui sauvent car elles n’ont pas confiance dans les centres de santé » explique-t-il. « Par exemple, en cas d’accident, elles ne se rendront pas à l’hôpital préférant se soigner elles-mêmes via des techniques traditionnelles qui ne sont pas efficaces. Aussi, nous rendons régulièrement visite aux familles dans leurs foyers pour les sensibiliser aux problématiques de santé ».Il s’exprime avec conviction, évoquant la résolution des besoins concrets et actuels des personnes vivant dans le camp. Aussi, Muhammad se projette à long terme, au moment où les réfugiés syriens d’Irak pourront retourner en Syrie.« Notre but est de former la communauté aux problématiques de santé, et faire en sorte que chaque personne se sente responsable et ait la possibilité d’aider à son tour d’autres personnes vulnérables. A l’avenir, nous aurons besoin que certains se destinent à la médecine par exemple. Par chance, je peux inciter des gens à s’engager dans cette voie et à prendre plus de responsabilités à la fois pour eux-mêmes et pour leur communauté. »

Avec le soutien de l’Union européenne, le Croissant-Rouge irakien apporte une aide aux réfugiés syriens, aux personnes déplacées internes et aux personnes vulnérables dans les communautés d’accueil. Cette aide se déploie via des sensibilisations aux problématiques de santé y compris des formations aux premiers secours, la promotion de l’hygiène et des formations professionnelles avec l’octroi de subventions pour les entrepreneurs. Le but est d’améliorer leurs conditions de vie, de les rendre plus résistants et autonomes sur le long terme.