Depuis le 1er janvier 2022, la France assure la présidence du Conseil de l’Union européenne. Pour la Croix-Rouge française, c’est l’occasion de faire entendre la voix de ses volontaires, notamment des jeunes, sur des sujets à dimension européenne et communs à l’ensemble de notre Mouvement international. Interview de Jean-Christophe Combe, directeur général de la Croix-Rouge française.

En quoi la Croix-Rouge française est-elle concernée par la PFUE ?

Le Mouvement Croix-Rouge a une relation permanente avec les institutions européennes par l’intermédiaire du Bureau Croix-Rouge basé à Bruxelles, où sont représentées les 27 Sociétés nationales de l’Union européenne, du Royaume-Uni, de Norvège, et d’Islande et la Fédération internationale de la Croix-Rouge. Cette représentation nous permet notamment d’être en lien avec les bailleurs de fonds, comme la Direction Générale ECHO, qui financent une grande partie de nos opérations à l’international.

La présidence française du Conseil de l’Union européenne est pour nous une opportunité de faire entendre notre voix sur des sujets qui nous concernent de près. Nous avons une responsabilité, celle de faire passer des idées et des propositions concrètes, au nom des 27 Sociétés nationales européennes.

Quelles sont, précisément, nos propositions ?

Nous avons défini 4 thématiques prioritaires en lien avec le contexte actuel et des problématiques qui nous concernent tout particulièrement. Ces priorités sont les suivantes : renforcer l’engagement et la mobilité des jeunes dans le débat et l’espace européens ; faire progresser l’économie sociale et solidaire en Europe ; faire de la lutte contre le sans-abrisme et la grande précarité l’une des priorités de l’Europe ; enfin, poursuivre l’engagement de l’Union européenne dans la réponse aux crises.

Notez que ces priorités sont directement en lien avec le déploiement de notre stratégie 2030 : La question de l’éducation, de la mobilisation et de l’engagement des jeunes, la lutte contre l’extrême pauvreté et l’exclusion, sans parler de la question de la résilience qui est le cœur même de notre stratégie. En matière de préparation et de réponse aux catastrophes, l’Union européenne est le premier bailleur de fonds international en matière d’aide humanitaire et de développement.

Enfin, nous comptons promouvoir notre modèle socio-économique spécifique, pour qu’il inspire d’autres acteurs de l’ESS et plus largement l’économie classique dans sa capacité à apporter un impact social fort dans le contexte actuel.

Et puis, en dehors de ces priorités, nous allons évoquer la question des migrations, au regard de l’actualité et des débats au sein de l’Union européenne en matière d’accueil et de protection des personnes exilées, dont la situation humanitaire reste particulièrement préoccupante.

Ces sujets sont consensuels, portés par l’ensemble de notre Mouvement international. Nous y avons travaillé collectivement depuis un an, et de façon plus resserrée avec la Croix-Rouge tchèque et la Croix-Rouge suédoise dont les Etats respectifs  vont assurer après la France la présidence du Conseil de l’Union européenne chacun pour six mois.

Qui va porter notre voix ?

En ma qualité de président du groupe de coordination des 27 sociétés nationales au sein du bureau Croix-Rouge Union européenne – pour laquelle j’ai été élu en novembre 2021 - je suis personnellement très impliqué mais l’objectif est que l’ensemble de l’association soit engagé dans cette dynamique. De nombreux événements sont programmés, au cours desquels des bénévoles, des jeunes, des volontaires porteront nos messages. Je citerais l’exemple de la conférence Générations européennes inclusives et solidaires qui aura lieu à Bordeaux le 16 avril, portée par une équipe jeunesse, rassemblant des jeunes de 14 pays européens et qui va aborder des grands débats comme le changement climatique, l’accès à l’information, la pauvreté et la mondialisation.

De manière plus transversale, nous avons missionné un groupe de 10 jeunes ambassadeurs pour cette PFUE: ces jeunes engagés Croix-Rouge issus d’horizons divers (bénévoles, responsables jeunesse, volontaires européens, étudiants en IRFSS et même une membre du Conseil d’Administration) sont invités à plusieurs événements afin de partager leurs propositions, et de contribuer concrètement à la construction de l’avenir de l’Europe.

J’interviendrai pour ma part à l’ouverture de la grande conférence du 8 février sur le sans-abrisme aux côtés de la ministre du Logement Emmanuelle Wargon et du Commissaire européen à l’emploi et aux droits sociaux Nicolas Schmit. C’est vraiment une façon de mettre en avant notre association et de renforcer notre influence auprès des institutions européennes.

A-t-on une chance d’être entendus ?

Nous avons des solutions à apporter et on espère vraiment que nos pistes soient retenues !

Nous souhaitons amener ces sujets essentiels dans le débat public et que les politiques publiques reprennent nos propositions. L’Union européenne ne sera forte qu’en abordant ces questions prioritaires, comme la lutte contre la grande pauvreté. Nous ne pouvons pas accepter que des personnes vivent dans la rue à notre époque, dans des conditions indignes et inhumaines ! Nous devons, de la même façon, nous emparer de la question des jeunes qui ont beaucoup souffert et qui sont l’avenir de l’Union européenne.

Un premier pas a été franchi puisque les événements que nous organisons ont reçu le label « présidence française de l’Union européenne” et sont ainsi inscrits à l’agenda officiel de la PFUE.

Géraldine Drot