La Croix-Rouge française intervient en Haïti en coordination avec les autres sociétés du Mouvement International Croix-Rouge.

La phase de première urgence proprement dite est terminée en Haïti. Si une réponse d’urgence est toujours en cours, des actions à moyen et à long terme se mettent également en place. 

Les séquelles de l’ouragan Matthew sont loin d’être effacées. Comme en témoigne Marc Pascal, équipier de réponse aux urgences mobilisé en novembre dans le Sud-Ouest par la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, de nombreux villages sont encore dévastés et les besoins de la population restent énormes en nourriture et en matériel de reconstruction, principalement.

« L’approvisionnement de Grande Anse reste conditionné à la météo. Chaque épisode pluvieux provoque des glissements de terrain et rend les routes inaccessibles. La nécessité de distribuer des bâches supplémentaires est évidente.»  

Poursuite de la réponse d’urgence

La plateforme d’intervention régionale de la Croix-Rouge française pour la zone Amérique-Caraïbes (PIRAC) a déployé 24 tonnes de matériel, notamment des kits urgence, cuisine et de nettoyage.

Sur l’île de la Gonâve, près de 1800 familles ont également bénéficié de kits urgence, d’hygiène, de bâches et d’outils pour reconstruire leurs habitations (cf. témoignage d’Eric Rossi).

La réponse du Mouvement international Croix-Rouge s’inscrit donc toujours dans une logique d’urgence, deux mois après le passage de l’ouragan sur les départements du Sud et du Sud-Ouest d’Haïti.

La Croix-Rouge française y contribue via des activités de clinique mobile déployée conjointement avec la Croix-Rouge canadienne. Les rotations d’équipiers de réponse aux urgences (ERU) se succèdent.

Début décembre, le seuil des 2000 consultations de patients a été franchi. Ces consultations médicales sont réalisées dans les communes isolées du Sud-Ouest. Des activités de soutien psychosocial sont également menées. En marge des cliniques mobiles, une équipe de volontaires de la Croix-Rouge haïtienne, appuyée par un expert de la Croix-Rouge canadienne, a animé des sessions de sensibilisation à l’hygiène et de prévention du choléra. 

Des impacts à moyen et long terme

Les ravages provoqués par cette catastrophe auront des conséquences à moyen ou long terme dans la vie des communautés.

Les cultures et semences du Sud-Ouest ont été détruites et il faut s’attendre à de graves pénuries dans les mois qui viennent. De plus, les pêcheurs n’ont plus d’équipement. La question de l’insécurité alimentaire inquiète beaucoup les organisations humanitaires. Autre sujet alarmant, côté sanitaire, la recrudescence des cas de paludisme dans le Sud du pays.

Sans compter le nombre de cas de choléra suspectés dans les régions de Grande Anse et dans le département du Sud (près de 6000 cas), même si l’épidémie redoutée n’a pas eu lieu. Une première campagne de vaccination visant 800 000 personnes a été organisée par le gouvernement haïtien, la Fédération internationale et la Croix-Rouge haïtienne, du 8 au 14 novembre dernier.

La Croix-Rouge française, de son côté, poursuit ses actions de prévention contre le choléra et maintient son soutien aux structures de santé sur ses zones traditionnelles d’intervention. 

Toutes les activités de réponse à l’urgence ont été financées grâce à la générosité du public et aux financements d’entreprises. 

Distributions sur l’île de la Gonâve  

Photos et légendes de Eric Rossi

Durant trois semaines, en novembre, deux équipiers de réponse aux urgences (ERU) de la Croix-Rouge française et un volontaire de la Croix-Rouge haïtienne ont été chargés de recenser les besoins sur l’île de la Gonâve et d’assurer les distributions de kits d’urgence, bâches, outils pour les abris. Près de 1 800 familles ont pu bénéficier de cette assistance de première urgence.

« Les dégâts sont moindres que redoutés sur l’île de la Gonâve mais ils ont des conséquences dramatiques sur une population vivant dans une extrême pauvreté. L’aide humanitaire apportée est donc essentielle pour améliorer le quotidien », témoigne Eric Rossi, équipier de réponse aux urgences à la Croix-Rouge française. 

  • 50 000 personnes ont été affectées, plus de 1 300 habitations détruites et plus de 7 000 détériorées ;

  • 57 écoles sont endommagées ;

  • 17 000 têtes de bétail ont été emportées par l’ouragan

  • Les cultures sont partiellement détruites

  • Plusieurs marchés ont été effondrés, ce qui soulève la question du réapprovisionnement 

La voie maritime a été privilégiée pour acheminer les kits d’urgence. Il faut compter 4 à 5 heures de trajet pour effectuer la traversée d’Anse jusqu’à la Gonâve.