Les accidents de la route tuent chaque année 1,2 million de personnes* et font plus de 50 millions de blessés dans le monde, soit autant que la tuberculose ou le paludisme. Le phénomène a pris une telle ampleur qu’il est devenu une cause humanitaire à part entière. De nombreuses sociétés nationales de la Croix-Rouge sont engagées depuis plusieurs années déjà dans cette bataille contre le "zéro de conduite", à l’instar de la Croix-Rouge française qui vient d’achever une mission de trois ans au Vietnam.

En 2006, la ville de Hanoi a recensé plus de mille accidents de la circulation ayant fait 500 morts et 700 blessés. On dénombre en moyenne deux morts pour trois accidents corporels au Vietnam. Dans ce pays, comme à l’échelle régionale asiatique, la sécurité routière est devenue un problème de santé publique, tant le constat est alarmant. L’augmentation exponentielle de 15% du nombre de deux roues chaque année au Vietnam, n’est pas accompagnée d’une augmentation du nombre d’agents routiers, d’infrastructures routières, aucune sensibilisation des jeunes sur les risques d’une conduite imprudente n’a été mise en place, pas plus que des services d’urgence adaptés ou de loi obligeant le port du casque en ville. Autant de facteurs qui augmentent les risques d’accidents.

 C’est dans ce contexte que depuis octobre 2004 la Croix-Rouge française a mené un programme intégré de sécurité routière, en collaboration avec la Croix-Rouge vietnamienne et avec le soutien du ministère des Affaires étrangères. Conformément aux objectifs fixés par la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, la mission consiste à mobiliser les autorités locales et la population, à mener des campagnes de sensibilisation et à former des volontaires secouristes afin d’améliorer la prise en charge des personnes accidentées. Le programme couvre à ce jour quatre districts de Hanoi, quatre zones correspondant au point de départ des routes nationales particulièrement meurtrières.

Naissance d’un réseau de secouristes

 Reconnue pour son expertise dans le domaine des premiers secours, la Croix-Rouge française a dans un premier temps mis en place un solide réseau de volontaires secouristes vietnamiens, amenés à intervenir auprès des personnes accidentées. Ils sont aujourd’hui 1 420 à avoir reçu une formation aux gestes qui sauvent. De par leur profession (petit commerce, restauration, etc.), ces volontaires sont souvent les premiers à arriver sur les lieux de l’accident puisqu’ils vivent aux bords des routes 24/24h. La Croix-Rouge vietnamienne compte par ailleurs aujourd’hui 35 formateurs - formés eux-mêmes par des instructeurs français - et 21 postes de secours. Tous disposent d’une trousse de secours et d’un livret de secourisme comprenant un volet spécifique sur la sécurité routière.

Eveiller une conscience du risque

 Les jeunes conducteurs sont les premières victimes des accidents de la route. Beaucoup roulent d’ailleurs souvent sans permis et présentent un comportement à risques. Pour les sensibiliser aux dangers qu’ils encourent et font courir aux autres, la Croix-Rouge française a mené plusieurs campagnes au cours de sa mission, dont une en 2005 sur le port du casque, en partenariat avec les Comités populaires de Hanoi et de Ho Chi Minh ville et l’hôpital français. Un festival "Etudiants avec la sécurité routière" s’est également tenu en décembre 2006, réunissant vingt-deux universités, ou encore des journées de sensibilisation dans vingt lycées, avec la participation de la Croix-Rouge de Hanoi et de policiers.

 Mais rien ne peut être entrepris de façon pérenne dans le domaine de la sécurité routière sans l’implication des autorités locales. Des séminaires d’information ont donc été organisés avec des experts français et étrangers et des échanges ont eu lieu avec des villes comme en janvier dernier à Da Nang. Cette mobilisation commence à porter ses fruits. Le ministère des Transports et des Communications a par exemple introduit il y a quelques mois la sécurité routière dans la liste des critères de développement socio-économique durable.

 C’est en effet aussi le rôle des Sociétés nationales de la Croix-Rouge que d’influencer les gouvernements pour les inciter à prendre des mesures de prévention. Les pays ayant mis en place des plans d’action ciblés soit sur le port du casque et de la ceinture, soit contre la vitesse ou l’alcool au volant, ont tous vu la mortalité diminuer de 20 à 40% sur la route.

Avec la collaboration de Violaine Saget, coordinatrice nationale au Vietnam.