Le 27 décembre, l’armée de l’air lançait une offensive qui devait durer 23 jours. En coordination avec les autorités égyptiennes et les acteurs du Mouvement, le Croissant-Rouge égyptien (ERCS) se mobilisait aussitôt pour porter secours aux civils victimes des combats. En quatre semaines, plus de 4000 tonnes de matériel d’assistance ont été acheminées vers la Palestine et 830 blessés ont été transférés vers les hôpitaux égyptiens.

Créé en 1912 durant la guerre entre l’Egypte et la Lybie, l’ERCS a rarement connu autant d’effervescence. Depuis plus d’un mois, le Croissant égyptien vit au rythme de la Palestine. Au siège et dans les 27 branches que compte le pays, les volontaires ont immédiatement été sollicités pour répondre à la crise humanitaire provoquée par l’opération militaire israélienne sur la bande de Gaza.

« Les palestiniens ont besoin de tout », s’alarme le Dr. Magda Fathi El Sherbeeny, Directeur général du Croissant-Rouge égyptien, « des médicaments, de la nourriture, des couvertures. 4000 maisons ont été détruites et plus de 16000 ont été endommagées par les bombardements. Il va falloir tout reconstruire ».

UN RÔLE MAJEUR DANS LA CHAÎNE LOGISTIQUE

En Egypte comme dans le reste de la région, très vite, le message a été entendu. Le pays a ainsi vu affluer plusieurs milliers de tonnes de médicaments, d’équipements médicaux, de nourriture ensuite acheminés vers Gaza en passant par les terminaux de Al Ouga et de Rafah, situés dans le gouvernorat égyptien du Nord Sinaï, et celui de Karem Shalom, contrôlé par l’Etat d’Israël.

En tant qu’auxiliaire des pouvoirs publics, le Croissant-Rouge égyptien a été amené à jouer de facto un rôle majeur dans la chaîne logistique. En témoigne Omar Ali Mohammed, responsable des opérations à Rafah, qui a travaillé sans relâche depuis près d’un mois et présente son dispositif : « Tous les biens arrivent à El Arish, à 40 kilomètres de Rafah. Le stade a été réquisitionné pour permettre un stockage temporaire des marchandises et un reconditionnement sur palettes si nécessaire. Ensuite, les camions repartent vers les passages de Al Ouga et de Karem Shalom, pour ce qui est de la nourriture et des biens de première nécessité, ou vers Rafah, pour ce qui est des médicaments et du matériel médical ». Dernière étape du processus, le transfert des marchandises des camions égyptiens aux camions palestiniens, un travail bien souvent effectué à la force des bras par les volontaires de la société égyptienne, éprouvés mais heureux « d’avoir fait quelque chose d’utile ».

UN SOUTIEN MATÉRIEL ET MORAL

Si le soutien du Croissant-Rouge égyptien aux Gazaouis a essentiellement pris la forme d’une assistance humanitaire, il a été aussi médical et moral. 830 des quelques 5000 blessés palestiniens ont été transférés vers l’Egypte, accompagnés, parfois de l’un de leur proche. A Rafah, les volontaires étaient aussi là pour faciliter, en coordination avec les autorités de santé, le transfert des blessés entre les ambulances palestiniennes et égyptiennes. Tandis que d’autres prenaient le relais et se rendaient, jour après jour, dans les hôpitaux pour apporter aux victimes un soutien psychosocial.

Deux semaines après la proclamation unilatérale d’un cessez-le-feu, le flux d’assistance et de blessés a baissé d’intensité. Dans les rangs des volontaires, malgré le répit, on a du mal à se reposer. Si la fatigue se fait sentir, les esprits restent en alerte. Et si tous la voudraient durable, chacun sait ici que la trêve reste précaire.

Sur place, plus que jamais, la mobilisation des équipes du Croissant-Rouge continue.

Jérôme Grimaud, délégué Croix-Rouge française

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