Très populaire, la section des juniors français compte près d’un million d’adhérents en 1945, contre 32 500 en 1939. Une progression spectaculaire assombrie par un budget qui disparaît presque totalement après la guerre.

En effet, la Croix-Rouge française en 1946 est privée de subventions publiques et doit opérer une coupe drastique dans ses dépenses. De plus, son attention se porte désormais en priorité sur sa nouvelle action phare, le secourisme dans le cadre de la protection des populations civiles. La CRJ souffre enfin de la concurrence de l’éducation populaire consacrée par l’Education Nationale.

Pour faire face aux difficultés financières, la Croix-Rouge de la Jeunesse est intégrée à la direction du secourisme en 1947. Un choix qui conditionnera son avenir pour les trois décennies à venir. La place des jeunes à la Croix-Rouge française se résume alors à une formation aux premiers secours parfois suivie d’une incorporation aux équipes de secouriste dès 16 ans. La difficulté est, sans moyens, de maintenir le lien entre les directeurs départementaux et locaux de la CRJ et les membres de l’enseignement. Or, tous les départements, ne portent pas la même attention à la CRJ. De plus, certains enseignants estiment que son programme représente pour eux un surcroît de travail. 

Tentative de retour aux sources

Si le travail de rapprochement avec l’Education Nationale porte à nouveau ses fruits dès le début des années 1960 avec la promotion des Gestes qui sauvent, le nombre d’affiliés lui, baisse inexorablement. Paradoxalement, les bénévoles peinent à répondre à la demande des enseignants, à nouveau sensibilisés par de régulières circulaires du Ministère de l’Education en faveur de la CRJ.

En 1979, l’association entame une réflexion pour enrayer ce déclin et revient aux objectifs initiaux avancés par la Ligue : promotion de la santé, et des principes humanitaires, entraide, compréhension internationale, tout en laissant aux jeunes une plus grande marge de manœuvre. La CRJ est alors détachée du secourisme pour devenir un acteur à part entière et définit trois nouvelles priorités : la diffusion du droit international humanitaire aux jeunes, les gestes d’urgence, et l’aide aux Sociétés Nationales africaines, avec la volonté d’impliquer la Croix-Rouge dans les écoles comme « acteur citoyen ». Dans les années 1990, les problématiques de santé des jeunes prennent le dessus et, outre les habituels « Gestes qui sauvent », l’accent est mis sur la prévention de la toxicomanie ou du VIH, dans les collèges et même sur les plages dès l’été 1993. Au-delà même de la CRJ, le « malaise de la banlieue » ressenti par les jeunes interpelle, l’idée de diffuser son message de « respect de l’autre » jusque dans les quartiers sensibles se développe dans un programme d’insertion social et professionnel. Pour autant, les difficultés de recrutement restent les mêmes et, à l’aube des années 2000, le constat pour l’association devient une évidence : il faut réinventer le rapport entre la Croix-Rouge française et la jeunesse.

Aujourd’hui la Croix-Rouge jeunesse prend le tournant du XXIème siècle en invitant les jeunes à investir le Mouvement et à répondre à leur envie d’agir. L’appel de la jeunesse diffusée lors de l’assemblée générale 2008 de l’association a inauguré une relance de ses activités appelées à prendre de l’ampleur.

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