À moins de 6 mois de l’ouverture des Jeux olympiques et paralympiques (JOP) de Paris 2024, nous nous préparons activement pour le plus grand événement sportif au monde. Grâce au label Terre de Jeux, la Croix-Rouge française est organisme de coopération sur ces premiers jeux inclusifs et solidaires. Florent Vallée, directeur de l’urgence et des opérations, dresse un état des lieux à l’instant T sur les défis à relever.

Dans quelle mesure la Croix-Rouge française va être impliquée sur les Jeux olympiques et paralympiques (JOP) ? 

Nous serons mobilisés sur 34 sites de compétition et d’entraînement, soit 993 dispositifs, remportés dans le cadre de l’appel d’offre de Paris 2024. Heureusement, nous ne sommes pas seuls ! La Croix-Rouge est mandataire d’un groupement solidaire composé de quatre autres associations - la Fédération française de sauvetage et de secourisme, l’Union nationale des associations de secouristes et sauveteurs, l’Ordre de Malte et les secouristes français de la Croix-Blanche ; des associations que nous connaissons bien, avec qui nous avons déjà travaillé. Ce dispositif inter-associatif nous permet de nous répartir les sites, en fonction de nos expériences respectives. Ainsi, la Croix-Rouge sera au vélodrome de Marseille, au Stade de France, au vélodrome de Saint-Quentin en Yvelines, aux Invalides, sur le pont Alexandre III, la colline d’Elancourt… soit un total de 19 sites. 

Nous assurerons également les postes de secours sur les cérémonies d’ouverture et de clôture des Jeux olympiques (JO) et paralympiques (JP), ainsi que sur ce qu’on appelle des road events (épreuves sur route type VTT ou triathlon) et des mass events (comme le marathon pour tous).  

Est-ce qu’il reste des questions en suspens ?

Nous n’avons pas encore la vision globale sur l’ensemble des dispositifs prévus en dehors des lots remportés. Ce ne sont pour l’instant que des projections. Par ailleurs, de nombreux dispositifs vont s’ajouter, à l’initiative des municipalités et des préfectures. Ce sont elles, notamment, qui décident d’accueillir la flamme olympique sur leur territoire. De même, des sociétés partenaires privées vont organiser des fan zones et d’autres événements festifs sur lesquels nous serons potentiellement sollicités pour mettre en place des dispositifs prévisionnels de secours (DPS). Les Clubs Paris 2024* et les fédérations sportives françaises ou étrangères vont également faire appel aux associations pour leurs propres événements. Sur tous ces dispositifs, les scénarios évoluent encore. En tant qu’acteur majeur du secours et de l’urgence, nous sommes coutumiers de ces adaptations permanentes. C’est en quelque sorte dans notre ADN que de s’adapter et de faire preuve d’agilité sur des dispositifs de grande ampleur. 

En termes de mobilisation, combien de personnes cela représente-t-il ?

On estime à 600 ou 700 intervenants mobilisés chaque jour sur les JO et entre 300 et 350 pendant les JOP.  A titre de comparaison, le marathon de Paris, qui est l’un de nos plus gros dispositifs prévisionnels de secours, nécessite 500 secouristes sur une seule journée. Là, on parle de près de 7 000 vacations secouristes sur toute la période de Paris 2024 ! Les Jeux, c’est un peu comme 40 Coupes du monde en même temps ! Le plus grand défi pour nous va être de tenir dans la durée et de maintenir la mobilisation intacte des volontaires dont on perçoit déjà l’engouement pour ces événements historiques. Nous mobilisons des secouristes, mais pas seulement. Nous faisons également appel à un grand nombre de logisticiens afin de gérer l’accueil, l’hébergement, le transport, les repas des volontaires qui viendront de tous les départements. Toutes les compétences seront les bienvenues pour nous prêter main forte !

Quels sont les principaux défis à relever à court ou moyen terme ?

C’est d’abord un défi organisationnel au regard de l’ampleur de l’événement. Nous avons mis en place une équipe dédiée à 100 % à Paris 2024 qui s’appuie sur des « référents été 2024 » dans les territoires qui accueilleront des épreuves sportives. C’est donc une organisation en plusieurs strates.

C’est aussi un challenge opérationnel. Nous avons deux objectifs prioritaires : assurer une réponse de sécurité civile à la hauteur de l’événement et être en capacité de gérer différentes crises susceptibles de se produire en même temps. On s’attend d’ores et déjà à une activité dense dans les territoires, dès le mois de juillet. L’été est en effet la période des festivals, férias et autres manifestations sportives et culturelles sur lesquelles nous sommes traditionnellement mobilisés. De plus, nous devons continuer à accompagner les personnes vulnérables et précaires, à travers nos activités “d’aller vers” de type maraudes. Enfin, nous devons être mobilisables sur des situations d’exception - vagues de chaleur, méga-feux, comme il y a deux ans en Gironde, par exemple. Nous y travaillons en lien avec les préfectures et avec nos délégations territoriales. 

Sur la partie logistique, nous sommes en pleine montée en puissance ! Nous avons anticipé les besoins dès 2023 et beaucoup investi dans l’attractivité de la mission secouriste. Nous avons renouvelé une partie du matériel, notamment des ambulances, ainsi que des lots de secours et des tentes. Ce matériel sera ensuite dispatché dans les délégations territoriales. Paris 2024 va nous permettre de moderniser nos équipements et en ce sens, va constituer notre héritage pour 2030. 

Qu’est-ce qui, selon vous, fera de ces Jeux de Paris 2024 une réussite ?

Notre principal objectif, c’est que toutes les délégations de l’hexagone et d’Outre-mer puissent participer à leur mesure à ces événements et soient heureuses d’y avoir participé. Ceux qui ont vécu les Jeux d’Albertville en 1992 en parlent encore ! C’est un souvenir inoubliable ou pour le moins, une expérience à vivre ! C’est aussi un événement très fédérateur, qui va susciter des rencontres, des moments de partage extrêmement forts !

En termes d’image et de reconnaissance, les Jeux de Paris 2024 constituent évidemment une formidable vitrine ! Notre expertise est reconnue. Les JOP vont rayonner sur la Croix-Rouge tout entière, à Paris et sur tous les territoires. C’est tout simplement un rendez-vous immanquable ! 

*Le club Paris 2024 est ouvert à toutes les personnes de 15 ans ou plus et 100 % digital. Il offre la possibilité de remporter des récompenses en réalisant des challenges sportifs, en s’inscrivant comme « Membre Joueur ». En gagnant des points à chaque épreuve, il permet aux participants d’être sélectionnés pour affronter les champions français tout l'été. 

Géraldine Drot - Photo Alex Bonnemaison

Notre mobilisation sur les JOP en chiffres

  • 34 sites Paris 2024
  • 993 dispositifs
  • 700 volontaires par jour aux JO
  • 350 volontaires par jour aux JP
  • 7 000 vacations secouristes

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