Les volontaires de l’Hérault se lancent dans une nouvelle mission de sécurité civile, et pas n’importe laquelle : un réseau de secours avec les pompiers. La délégation territoriale vient de signer la première convention Croix-Rouge avec le SDIS* du département. Un partenariat fort qui met en lumière notre expertise professionnelle et qui ouvre la voie à un nouveau modèle de réponse à l’urgence en France. Interview de Clément Marragou, président de délégation territoriale de l’Hérault.

En quoi ce dispositif est-il une petite révolution ?

C’est tout simplement une première pour la Croix-Rouge ! Jusqu’à présent, la loi ne permettait pas ce type de mission, hormis à Paris et Marseille où nous avons un partenariat historique avec les pompiers et via des expérimentations. Mais la loi Matras** a changé la donne. Elle autorise des associations de sécurité civile comme la nôtre à soutenir les Services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) qui en ont besoin.

En quoi consiste un réseau de secours ? Que faites-vous, concrètement ?

Par la convention signée avec le SDIS34, nous sommes engagés sur plusieurs types de missions, excepté sur les incendies et les accidents sur la voie publique qui ne sont pas de notre ressort. Nous effectuons des missions de soins et de secours d’urgence à personne tous les samedis soir et jours fériés, de 19 heures à 7 heures du matin, selon un calendrier commun établi à l’avance avec les pompiers. Notre équipe de garde est composée d’un chef d’intervention, de trois équipiers secouristes (PSE1 et PSE2) et d’un infirmier formé spécifiquement aux protocoles de soins d’urgence. Nous pouvons également être sollicités sur des situations exceptionnelles, comme en périodes de très forte chaleur, par exemple. Enfin, nous mettrons à disposition une équipe de soutien en cas d’urgence.

Quelle est la valeur ajoutée de la Croix-Rouge dans ce type d’interventions selon vous ?

Nous n’intervenons pas en variable d’ajustement mais véritablement avec nos spécificités et notre expertise. Nous proposons un dispositif professionnel et complet qui rassure nos partenaires. Nous sommes très complémentaires. Notamment, la Croix-Rouge a cette force qui est de ne pas faire exclusivement du secours à personne mais aussi de l’accompagnement psychosocial. Nous avons la chance de bénéficier d’un maillage exceptionnel qui nous permet de travailler en lien avec nos équipes de maraudeurs, nos travailleurs sociaux, notre pôle santé et nos psychologues…

Et puis, et ce n’est pas négligeable, cette activité est à la fois viable et pérenne puisque chaque garde est rémunérée à hauteur de 550 € reversés par le SDIS34. Ces fonds nous permettent d’amortir les coûts du matériel, du véhicule, des repas, etc. Et c’est évidemment un levier de recrutement formidable !

Plus largement, qu’est-ce que cette nouvelle mission apporte à l’association ?

Nous avons pour ambition d’être reconnus comme le troisième acteur de sécurité civile en France. Cette mission nous offre l’opportunité de nous hisser à ce rang. Ce partenariat incarne le nouveau modèle de réponse à l’urgence en France, tel que nous l’imaginons pour demain. Sans compter qu’il offre une belle vitrine pour notre association.

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La loi du 25 novembre 2021, dite loi Matras, vise à consolider notre modèle de sécurité civile et valoriser le volontariat des sapeurs-pompiers et des sapeurs-pompiers professionnels. Elle permet de favoriser l'engagement, d'expérimenter un numéro unique d'appel d'urgence et de mettre en place une réserve citoyenne des services d'incendie et de secours.

Le SDIS : Service départemental d’incendie et de sécurité qui a pour mission de prévenir et de combattre les incendies, d'intervenir sur les lieux des accidents, sinistres ou catastrophes et de participer à la prévention des risques technologiques et naturels.

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