Saïda Goy Sadouki, infirmière en santé au travail à Annecy, a mis sa vie entre parenthèses pour trois semaines, le temps d’effectuer une mission d’urgence au Malawi. Equipière de réponse aux urgences depuis 2005, elle a cette fois rejoint l’une de nos deux cliniques mobiles déployées dans le sud du pays dévasté par le cyclone Freddy le 12 mars dernier. Pour Saïda, une nouvelle aventure humaine commence.

Quelle est la spécificité de cette mission au Malawi ?

Au moins 500 000 personnes ont été déplacées et les besoins médicaux sont importants. Une première équipe a effectué des évaluations des besoins sur le terrain. Notre objectif est d’implanter nos cliniques mobiles dans des zones reculées et très impactées. La première a été installée dans le sud du district de Phalombe. Nous devons traiter des blessures, des infections dues aux pluies diluviennes et à la stagnation des eaux et organiser si besoin des rapatriements sanitaires. Les cas de choléra et de paludisme augmentent également et beaucoup de personnes sont en situation de stress. Pour tout ce qui concerne les questions de santé mentale, l’équipe s’appuie sur des volontaires locaux qui parlent les différents dialectes. Cela facilite l’échange.

Comment vous préparez-vous à ce type de mission ?

On a la chance de faire partie d’une organisation internationale gigantesque. On bénéficie de nombreuses formations. D’excellents médecins infectiologues nous ont appris par exemple à traiter le choléra et le paludisme. Et puis nous avons l’expérience et sommes assez bons dans ces domaines. Nous avons déjà déployé des kits choléra et monté des centres de traitement lors de missions précédentes.

En quoi travailler sur le terrain diffère de votre quotidien en tant qu’infirmière ?

Les gestes, la prise en soin de la personne sont les mêmes partout. Le soin, c’est avant tout l’attention à l’autre, à une personne âgée dépendante, à un enfant blessé… C’est l’humain qui prime à 90% ! Dans les pays défavorisés, ce lien est encore plus fort. Certes, nous apportons du matériel, des technologies et des compétences différentes, mais ce qui compte le plus ce sont les moyens humains.

Qu’est-ce qui vous motive à partir en mission à chaque fois ?

J’éprouve toujours une grande motivation. Pour les échanges, pour le don de soi, pour les rencontres que les missions nous offrent. Certes, on quitte sa zone de confort et c’est éprouvant physiquement - on fait du 5h-23h durant trois semaines - mais c’est une chance incroyable ! On prend de la distance, on relativise nos difficultés quotidiennes en allant dans des endroits où personne ne va, où les besoins sont énormes, pour aider, pour soigner des gens. C’est vraiment valorisant. Et puis, toutes les nationalités se rencontrent à travers la Croix-Rouge. Quelle richesse, quelle force ! Faire partie de cette chaîne humaine, c’est puissant et unique.

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