Emmanuel, infirmier urgentiste en partance pour le Malawi.

Emmanuel Boivin, infirmier de profession, fait partie de l’équipe médicale déployée au sud du Malawi le 28 mars. (Le pays a subi de plein fouet le passage du cyclone Freddy qui a provoqué d’importants déplacements de population - plus de 500 000 personnes -, et fait de nombreuses victimes et blessés.) En réponse à l’appel à l’aide internationale du Malawi, sept équipiers de réponse aux urgences (ERU) vont rejoindre nos deux cliniques mobiles. Une mission santé 100 % Croix-Rouge française dont l’objectif est de prendre en charge 20 000 personnes. Un challenge de plus pour Emmanuel, volontaire chevronné mais pas pour autant blasé. Bien au contraire.

Que fait-on dans une clinique mobile ?

Plusieurs équipiers sont partis en amont pour effectuer une mission d’évaluation et identifier les sites où nous allons implanter nos deux cliniques mobiles. Notre mission consiste à apporter des soins d’urgence d’abord, soigner les blessés, mais aussi d’assurer le suivi des soins pour les malades qui n’ont plus accès aux structures de santé communautaires dont beaucoup ont été détruites ou sont hors service. Il faut combler ce manque.Nos cliniques peuvent prendre en charge jusqu’à 20 000 personnes. On emmène beaucoup de matériel - attelles, brancards, planches pour maintenir le dos… pour pouvoir assurer à la fois des soins de base et de la petite chirurgie (points de suture, extraction de kystes, plaies, jusqu’à des accouchements non compliqués). Nous assurons également le transport des blessés vers les hôpitaux si besoin.

Comment travaillez-vous sur le terrain ?

On fonctionne en binôme infirmier-médecin. On se complète. Mais nous travaillons aussi main dans la main avec les infirmiers et médecins du pays et avec la Croix-Rouge du Malawi. Les volontaires sont nos yeux et nos oreilles. Ils nous ouvrent les portes, nous aident à comprendre les us et coutumes que l’on ne connaît pas forcément. Cette collaboration est essentielle.

Comment vous préparez-vous aux missions d’urgence ?

A vrai dire, on ne sait jamais trop à quoi s’attendre lorsqu’on part. Chaque mission est spécifique selon le pays, la culture, le contexte. Cependant, nous sommes préparés tout au long de l’année à intervenir en situation d’urgence à travers des formations. Tous les ERU se rassemblent une fois par an pour mettre à jour les nouvelles techniques, s’approprier les nouveaux matériels. On est préparés mentalement aussi. Avant de partir, nous avons un briefing et nous sommes suivis médicalement. Au retour, on débriefe et on a la possibilité de rencontrer un psychologue pour expliquer ce qu’on a vécu.

Qu’est-ce que ces missions vous apportent à titre personnel et professionnel ?

Énormément de choses ! Quand on est mobilisé sur une catastrophe, on est vraiment dans l’humain, dans la relation. On se retrouve face à nous-mêmes, face aux autres, on renoue avec les vraies valeurs de l’humain, sans apparat.Ce partage de cultures et de connaissances est une vraie richesse dans la vie privée comme dans la vie professionnelle. On relativise beaucoup de choses aussi. En France, en dépit de difficultés réelles, nous bénéficions d’un système de santé solide, nous avons accès aux soins, nous avons de l’eau, nous n’avons pas à parcourir des kilomètres à pied pour acheter des médicaments… En mission, on pare à l’urgence, c’est tout.

Géraldine Drot

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