12 février 2010 : le deuil national est décrété en Haïti… Trois jours durant, les Haïtiens vont pleurer leurs morts dont le nombre s’élève selon les derniers chiffres du Gouvernement à 217000. La vie va tourner au ralenti durant tout le week-end, entre recueillement et espoir.

Les cérémonies religieuses vont se multiplier à Port-au-Prince durant ce week-end. Cette ferveur croyante, qui fait partie de la culture haïtienne s’affiche partout à Port-au-Prince : les citations bibliques bariolent les taps-taps, ces taxis pick-up multicolores bondés de gens, les bus, les murs des échoppes, ou sont suspendus en banderoles dans les rues… Les messages religieux abondent sur les ondes radio, et résonnent jusque dans les noms et prénoms des gens (les Merci-Dieu ou Dieu-Nous ne sont pas rares ici). Sans jugement, toute cette ferveur permet sans doute à la population de garder espoir… malgré l’ampleur d’un désastre qui n’est pas fini. Le pire est à venir… C’est ce qu’on craint ici, quand on parle de la saison des pluies qui arrive. Et comme une première alerte, la pluie s’est abattue sur la capitale hier. Ce jeudi 11 février tôt le matin, la capitale a été réveillée par la pluie… L’angoisse pour tous ces gens qui dorment encore sous des abris de fortune faits de draps ou de cartons… Et quelques heures après, des manifestations éclataient dans Port-au-Prince, les habitants réclamant des abris… Une alerte qui laisse présager le pire si l’on ne prend pas le problème à bras le corps… De leur côté, les équipes de la CRF continuent à donner des tentes, déjà 250 distribuées ou des bâches en plastique, là où il n’y a pas la place pour installer une tente… L’abri, la priorité pour les semaines à venir. Le Mouvement Croix-Rouge continue par ailleurs les distributions de produits de première nécessité (bâches, couvertures, moustiquaires, jerricans, kits hygiène et de cuisine…) à Port-au-Prince et Léogane. Dans cette ville de 200000 habitants, l’équipe de réponse aux urgences française et finlandaise a déjà distribué à près de 28000 personnes. Grâce à la CRF, plus de 7millions de litres d’eau ont été distribués à plus de 150000 personnes dans la capitale, 300 latrines sont aujourd’hui construites sur 5 camps temporaires entre Delmas et Cité militaire. Les équipes de la CRF, expatriés et nationaux, avec les volontaires de la Croix-Rouge haïtienne sont à pied d’œuvre jour après jour pour offrir aux Haïtiens des conditions de vie plus décentes et des soins médicaux. Malgré la fatigue qui se fait sentir, tout le monde se donne sans compter pour remplir une mission colossale…

LE BÉBÉ DE L’ESPOIR !

Malgré tout, l’espoir est présent et les Haïtiens vaquent à leurs occupations, quittant les camps pour la journée… Sur les marchés, dans la rue, la vie a repris ses droits, les taps-taps sont bondés, Port-au-Prince est bouché par un traffic intense, comme avant... Le soir à Pétion-ville, là où réside une partie de l’équipe CRF, il n’est pas rare d’entendre monter les chants au rythme du jumbé, les rires, les réminiscences de fête dans les bars et restaurants qui ont rouvert… Les gens déblaient, en début de semaine on retrouvait un survivant après 27 jours passés sous les décombre… L’espoir que tout va recommencer... Comme un symbole réjouissant, un heureux événement a eu lieu au centre de soins de la CRF sur la Place Saint-Pierre de Pétion-ville, le 10 février : Les médecins haïtiens qui tiennent désormais le dispensaire Croix-Rouge ont accouché une femme d’un beau bébé en pleine santé. Un bébé prénommé Pierre François « Pierre parce qu’il est né place St Pierre et François parce que Croix-Rouge française. », a expliqué sa maman. Le bébé de l’espoir !

Laetitia Martin, déléguée info

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