Je retrouve Betty en ce jeudi 11 mars, sous sa tente du camp Dahomey . Occupée à cuisiner pour sa famille, la jeune femme est toujours heureuse de me rencontrer. Et cette fois de présenter son rôle d’interlocutrice privilégiée de la Croix-Rouge pour la gestion des équipements d’eau et assainissement installés sur le site qui rassemble plus de 6000 personnes.

Approche intégrée, un terme bien technique, qui ne parle à personne si ce n’est à ceux qui l’emploient.

Et pourtant l’approche intégrée est le cheval de bataille des équipes de la Croix-Rouge française en Haiti. Kesako ? « La Croix-Rouge nous a apporté de l’eau, on a construit des latrines et des douches avec les équipes et chaque samedi, la clinique mobile vient pour des consultations», raconte Betty.

C’est simple, c’est clair et c’est ça l’approche intégrée : amener une aide globale au plus près des gens. L’eau avec un réservoir de 45 m3, rempli quotidiennement par 3 ou 4 camions citernes, 100 latrines d’urgence et 50 douches hommes et femmes séparés ont été installés à Dahomey, ce camp de fortune qui s’est implanté sur le chantier d’une université en construction à Delmas. Tout n’est pas parfait, mais on travaille aujourd’hui à améliorer les premières réalisations…

Et Betty, on ne la présente plus, est la référente auprès des habitants de ce camp et des équipes Croix-Rouge pour tout problème concernant les équipements.

« Ce matin, quatre camions ont livré de l’eau et j’ai fait le test de potabilité, comme on me l’a montré et ce n’était pas bon… J’ai donc rajouté du chlore, mais il faut que j’attende six heures avant de pouvoir refaire le test… En attendant, il ne faut pas boire l’eau ». Betty veille donc dans un premier temps à ce que l’eau soit livrée et à ce qu’elle soit potable après chloration à la sortie du camion. « Je suis en contact avec les équipes de la Croix-Rouge et quand il y un problème je les appelle ».

Betty me conduit aux douches, nouvellement installées sur le site : « Il y a 50 douches en tout, rassemblées par blocs de 5, hommes et femmes séparés. Tu vois, il y a du gravier au sol et chaque espace est entouré de bâches en plastique. Mais il y a un problème, car le fossé où s’écoule l’eau n’est pas assez profond, donc l’eau stagne et ça attire les moustiques », explique Betty. D’autant que les gens ont aussi vidé leurs ordures dans ces fosses… « Ce matin, nous sommes passés dans le camp avec des hauts parleurs afin de leur dire de ne pas faire ça », explique la jeune femme.

Elle relance donc les équipes de la Croix-Rouge d’eau et assainissement pour trouver une solution.

On arrive ensuite les latrines. Betty explique les difficultés d’entretien. Pas facile d’organiser la communauté et de trouver des volontaires qui vont nettoyer… Bientôt leur seront distribués de kits de nettoyage… « Des volontaires de la Croix-Rouge sont passés faire de la sensibilisation à l’hygiène, mais il va falloir recommencer car nous n’étions pas assez nombreux…

Et il y a aussi les panneaux avec des dessins sous-titrés en créole que la Croix-Rouge a mis sur les latrines qui donnent des conseils d’utilisation et d’hygiène… mais ça ne suffit pas apparemment », déplore Betty. Et la jeune femme d’ajouter : « J’ai aussi téléphoné à la CRF pour avoir des bâches en plastique, car certaines familles n’ont rien encore et il n’y a pas de place pour installer des tentes… » La demande est prise en compte mais il va falloir attendre son tour…

« Au camp, nous avons créé une fondation de solidarité pour les familles haïtiennes victimes du séisme 2010 et nous nous réunissons deux fois par semaine pour évoquer les problèmes. Nous craignons la saison des pluies, c’est pour cela qu’il nous faut des bâches en plastique… Et puis les gens demandent aussi encore de la nourriture… Nous essayons de nous organiser pour tout ça… »

À lire dans le même dossier