C’est un été noir pour nos forêts. A la mi-juillet, les flammes ont tout ravagé sur leur passage en Gironde, contraignant 37 000 habitants à évacuer, asphyxiant les animaux pris au piège et calcinant les paysages. Retour sur 15 jours sous haute tension.

Au soir du 12 juillet, les forêts de Gironde s’embrasent. Une course contre la montre débute alors que la chaleur et les vents tournants attisent les flammes. 20 800 hectares partent en fumée en seulement 8 jours. Tout un écosystème disparaît. La fumée et les odeurs de brûlé se font même sentir jusqu’en région parisienne.

Dès les premières heures de la catastrophe, 200 volontaires sont venus de 20 départements sur le terrain aux côtés des services de lutte contre les incendies, des forces de l’ordre, des forces armées, d’autres associations et des services de l’Etat. Objectif : évacuer, héberger, sécuriser et réconforter les sinistrés. Des premières évacuations jusqu’au monde post-incendie, nous sommes restés aux côtés des populations pour les mettre en sécurité - notamment grâce à nos six centres d’hébergement d’urgence, les rassurer et les aider, enfin, à rentrer chez elles.

Pour mieux prendre la mesure et la gravité de la situation, mais aussi comprendre ce qu’il se joue dans les coulisses de l’urgence, parole à celles et ceux qui ont œuvré sans relâche pendant près de 2 semaines dans les départements touchés par les flammes.

Porter secours

“J’arrive à Bordeaux dès le 13 juillet pour organiser notre cellule arrière départementale et me rapprocher des postes de commandement des sapeurs-pompiers. Mon objectif est clair : comprendre la situation et enclencher nos opérations sur le terrain, explique de prime abord Théotime, salarié à la direction des opérations internationales. Être dans les centres névralgiques de commandement est crucial : c’est là que les informations circulent, que les missions sont définies et que nous sommes capables d’anticiper les opérations à venir”.

Dans les centres d’hébergement et autres salles polyvalentes mobilisées pour l’occasion, Frédérique, bénévole, a pu observer la détresse des gens : “Ils sont très affectés. Ils sont viscéralement attachés à leur région, à leurs forêts”, témoigne-t-elle. Et d’ajouter : “Les villages sont désertés, les routes enfumées. On est pris à la gorge, au sens propre comme au figuré”.

Rester après les flammes

Après l’urgence des flammes incontrôlables, il y a eu l’après. La découverte des images de forêts calcinées et le retour chez soi pour les habitants des communes évacuées. “J’ai été mobilisé du 20 au 26 juillet à la cellule arrière départementale à Bordeaux, c’est-à-dire jusqu’au dernier jour de la mission, raconte Rémy, président territorial de la Croix-Rouge des Hauts-de-France. J’ai donc assisté à la sortie de crise progressive : les centres d’hébergement d’urgence qui se vident progressivement, les bénévoles que l’on libère, fatigués mais fiers, le matériel qu’il faut renvoyer aux nombreuses délégations qui nous ont prêté main forte…

Cette crise aura été particulière à plus d’un titre : par son ampleur et sa durée - deux feux géants en simultanés -, par le nombre d’acteurs engagés, par l’évolution permanente de la situation à cause des vents tournants, par la difficulté à anticiper (...) La Croix-Rouge a été présente du début à la fin et partout. Et nous en avons recueilli les fruits. Nous avons reçu les remerciements de la population que l’on a accueillie, rassurée, informée en permanence, aidée à patienter... Remerciements aussi des pouvoirs publics qui, du coup, nous ont confié une autre mission : assurer les secours à Bordeaux cet été pour relayer les pompiers sur-sollicités.” Ici la mission des volontaires n’est pas finie. Car pour porter secours, n’oublions jamais que cela se joue au cœur de la crise, mais aussi après.

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