Salariée du projet ESIRAS – un programme visant à faciliter l’inclusion sociale et l’accès à l’emploi des personnes réfugiées en Ile-de-France -, Anna O’Brien, 24 ans, prend sa mission très à cœur. Interview.

Salariée du projet ESIRAS – un programme visant à faciliter l’inclusion sociale et l’accès à l’emploi des personnes réfugiées en Ile-de-France -, Anna O’Brien, 24 ans, prend sa mission très à cœur. Interview.

Quel a été votre parcours avant d’intégrer l’équipe du projet ESIRAS et quelles sont vos missions au sein de ce dispositif ?

Anna O’Brien : J’ai débuté ma vie professionnelle dans le commerce mais comme je ressentais de la frustration et que j’avais envie d’être utile, j’ai changé de voie. J’ai été stagiaire pendant un an dans une ONG à Londres qui intervient auprès des enfants défavorisés. Puis, de retour en France, j’ai été embauchée en tant que service civique au sein de la Croix-Rouge française - délégation de Roissy Charles de Gaulle. On y accueille les demandeurs d’asile, on leur apporte une aide humanitaire et administrative, un soutien psychologique, etc. Tihana Ceho, qui dirige cette délégation ainsi que le programme ESIRAS, m’a proposé, en novembre 2018, de rejoindre l’équipe de ce dispositif pilote au poste d’animatrice socio-culturelle et d’accompagnatrice socio-professionnelle.

Je travaille principalement avec des jeunes âgés de 18 à 25 ans, principalement des garçons originaires d’Afghanistan, du Soudan et du Tibet, qui nous sont envoyés par les centres d’hébergement de la Croix-Rouge française. Grâce à un financement de la Direccte, nous mettons en place un parcours d’intégration composé de cours de français – si nécessaire -, d’aide à la recherche de formations ou d’emplois dans un secteur qui les intéresse. Une grande partie de mon travail consiste à créer des liens avec eux et à leur donner confiance. Par ailleurs, j’organise des ateliers (coaching par un responsable des ressources humaines, danse traditionnelle française, percussions, sport…) et des sorties culturelles.

Quel est l’impact de ces activités ?

Anna O’Brien : C’est important qu’ils se familiarisent avec la culture du pays d’accueil. Lors de notre visite du château de Versailles, un guide nous a donné des explications dans un français simplifié, ce fut pour eux un bon exercice de compréhension mais aussi une opportunité pour rencontrer de nouvelles personnes. Nous avons également été à la fondation Louis Vuitton où nous avons été très bien reçus. Je multiplie les occasions de leur faire découvrir de beaux lieux et de les mélanger à des Français autres que ceux qu’ils croisent à ESIRAS. Lors d’un rallye organisé au centre de Paris – les bénéficiaires devaient retrouver des sites historiques grâce à des indices -, j’ai convié d’autres bénévoles de la Croix-Rouge ainsi que des amis avec qui ils ont pu échanger. Les initier au vin alors que pour eux c’est « haram » (interdit), ou les amener dans des lieux où les femmes se comportent différemment que dans leur pays fait aussi partie du processus d’insertion. S’ils veulent vivre ici, il ne faut pas uniquement apprendre à parler le français, il faut aussi se familiariser à notre culture et à nos codes. C’est important, car cela accélère leur intégration.

Quelle relation entretenez-vous avec ces jeunes réfugiés ?

Anna O’Brien : J’ai une relation de confiance avec eux, ils me font souvent des confidences. Ils remercient sans cesse l’équipe – alors qu’ils n’ont pas à le faire - et nous font même des cadeaux. Nombreux sont ceux qui veulent rendre ce qu’ils ont reçu. Certains jeunes sont très forts, très résilients. Parfois, quand je ne parviens pas à aboutir un projet, ils me réconfortent, c’est le monde à l’envers ! Je suis aussi admirative de la rapidité avec laquelle ils apprennent le français. A leur contact, j’apprends beaucoup sur leur culture. On fête le nouvel an afghan ou tibétain ensemble, ils nous expliquent leurs traditions et la situation dans leur pays d’origine. C’est vraiment très riche.

Propos recueillis par Anne Dhoquois