Depuis février 2019, un nouveau dispositif mobile circule en Seine-Saint-Denis : BB sur roues. Pour venir en aide à des parents démunis, un camion chargé de nourritures, vêtements, couches… se déplace de ville en ville.

Depuis février 2019, un nouveau dispositif mobile circule en Seine-Saint-Denis : BB sur roues. Pour venir en aide à des parents démunis, un camion chargé de nourritures, vêtements, couches… se déplace de ville en ville.

3 ans de réflexion. C’est le temps qu’il a fallu à la Délégation territoriale (DT) de Seine-Saint-Denis pour mettre en place un nouveau dispositif mobile : BB sur roues, officiellement inauguré le 6 juin dernier. « La DT voulait s’assurer de l’utilité du dispositif car des distributions de produits bébé existaient déjà dans certaines unités locales. Le projet a finalement été validé afin d’aider davantage de personnes démunies », explique Jérôme, équipier territorial bénévole régulièrement en charge du dispositif.

BB sur roues c’est le croisement du dispositif Croix-Rouge sur roues, qui rassemble les activités itinérantes de l’organisation, avec un Espace Bébé Parents, dispositif d’accompagnement à la parentalité pour les familles avec des enfants de moins de 2 ans.

Grâce aux partenariats avec la Fondation Nestlé – qui participe au financement de l’aide matérielle apportée aux familles (produits alimentaires bébé, matériel de puériculture, produits d’hygiène, etc.) – et avec la Fondation PSA – qui a financé l’achat et l’aménagement du camion –, BB sur roues commence à sillonner les routes de Seine-Saint-Denis en février 2019.

Aujourd’hui, le camion fait halte sur cinq sites : les unités locales de l’Aéroport Le Bourget (Drancy), de Sevigne La Dhuys (Livry-Gargan), et de Bobigny-Aubervilliers-La Courneuve-Stains (Aubervilliers), la ville de Rosny et l’Institut régional de formation sanitaire et sociale (IRFSS) de Romainville, durant deux heures, une à deux fois par mois. « Ces sites n’ont pas l’espace nécessaire pour stocker les produits : petits pots, compotes, laits, couches, vêtements. D’où l’intérêt du dispositif qui est du coup accessible à plus de monde. Le planning des sorties du camion est organisé par la DT en fonction de la disponibilité des bénévoles de l’équipe territoriale et de chaque lieu », précise Jérôme.

Cap sur Drancy

En ce lundi 27 mai, le camion a pris la direction de Drancy. À chaque sortie, c’est le même rituel : le chauffeur bénévole charge les produits stockés à la DT dans le camion puis les décharge dans le local, aidé par des bénévoles. À l’unité locale Aéroport Le Bourget (qui regroupe quatre villes : Le Bourget, Drancy, Le Blanc-Mesnil et Dugny), c’est Maria Manuela, Directrice locale de l’action sociale, Liliane, Pascale et Sylvie qui se chargent de disposer les bacs de vêtements triés par âge. Barboteuses, pantalons, robes… sont donnés à la DT qui les trie, les lave ou les envoie à Croix-Rouge Insertion quand ils sont en trop mauvais état. À leur côté, Jérôme, accompagné de Caroline, en stage à la DT 93, s’affairent pour présenter couches, lait premier et deuxième âge, compotes et petits pots sur une table.

Ces produits ont été achetés à des prix très avantageux et sont vendus aux bénéficiaires 4 euros le lot, dont la composition diffère avec les arrivages (produits alimentaires, lait, couches…). Les vêtements, donnés, sont revendus à 50 centimes le vêtement. Jérôme commente : « on vend les produits pour financer le stock – nous achetons une grande partie de la marchandise – et les gens acceptent de donner quelque chose en retour de l’aide car ils se sentent ainsi un peu plus intégrés ».

Un espace jeux est également mis en place où les enfants sont pris en charge par des étudiantes de l’IRFSS de Romainville. Félicité et Marie sont élèves en puériculture. Leur présence est utile à plus d’un titre : « on s’occupe des enfants pendant que les mamans font leurs achats auprès des bénévoles. Et aussi, on leur dispense des conseils – il faut qu’elles veillent à se reposer par exemple –, on leur pose des questions pour évaluer comment ça se passe à la maison. Ça sert surtout à les rassurer. Et pour notre formation, c’est un plus car être au contact d’enfants, ça sera notre futur métier », explique Félicité.

Même si les enfants pleurent un peu, les bénéficiaires, surtout des mamans, prennent le temps de choisir les produits, accueillis par Jérôme qui se charge du service. Liliane, elle, est à la caisse et note scrupuleusement tout ce qui est acheté. « _La DT veut voir ce qui marche ou pas pour s’adapter lors du prochain passag_e », précise-t-elle.

À noter que chacun prend ce qu’il veut dans le panel proposé. Pas de rationnement sauf une attention portée à ce que tout le monde soit servi, y compris le dernier arrivé. Fadma, elle, est la première sur place. Cette maman de 37 ans sans emploi, accompagnée de son fils âgé de 8 mois, confie : « Je viens ici pour la 4ème fois sur les conseils de bénévoles qui animent l’épicerie sociale où je me rends également. J’ai besoin de couches, de compotes, de lait qui coûte trop cher. J’ai, par ailleurs, demandé conseil aux bénévoles : mon fils est difficile, il ne voulait pas prendre le biberon. Ça m’a beaucoup soulagé. BB sur roues, c’est aussi une aide morale ».

Et demain ?

En moyenne, ce sont entre 20 et 40 personnes qui se déplacent à chaque halte de BB sur roues, « un espace de convivialité, d’aide et d’assistance aux familles et aux parents », résume Jérôme.

Le dispositif est encore en rodage. Selon Maria Manuela, il faudrait l’élargir aux crèches et aux hôtels sociaux. À Saint-Denis, un autre site devrait prochainement rentrer dans la boucle. L’objectif : toucher de plus en plus de personnes. Car celles qui en bénéficient déjà semblent satisfaites. De quoi réjouir les bénévoles. « Voir les gens sourire, ça me rend heureux. Ça fait plaisir de se sentir utile », dit Jérôme. Maria Manuela abonde : « cela m’apporte une grande joie. Je m’épanouis beaucoup dans ce que je fais. Sinon je ne serais pas là ». Pour le moment, les bénévoles cherchent à identifier les besoins des familles. Cela leur permettra ensuite d’ajuster l’accompagnement en proposant par exemple des ateliers animés par les étudiants de l’IRFSS sur des sujets tels que le développement du bébé, l’accès aux droits liés à la santé, etc.

De nouveaux projets à venir

À l’occasion de l’inauguration du dispositif Bébé sur Roues, le jeudi 6 juin dernier, la Fondation PSA et la Croix-Rouge française ont renouvelé leur partenariat sur le financement de dispositifs d’action sociale dans le cadre du « Programme Mobilités » pour 2019-2020.

  • Depuis 2012, la Fondation PSA a financé 33 dispositifs d’action sociale destinés à rompre l’isolement des personnes les plus fragiles dans toute la France

  • La Fondation PSA a soutenu le programme d'animation du réseau et la formation des 98 bénévoles afin de leur apporter toute l’aide dont ils ont besoin pour faciliter la mise en œuvre de ces dispositifs 

  • Ce nouveau partenariat a pour objectif de poursuivre l’action engagée par la mise en place de 8 nouveaux dispositifs dans les régions non encore couvertes.

Anne Dhoquois

Jérôme, bénévole à la Croix-Rouge : « On travaille en collaboration avec les unités locales du 93 et les services sociaux de chaque municipalité qui informent les personnes suivies de la présence de BB sur roues, mais quelqu’un qui passe devant le local durant la distribution et qui nous fait part de ses problèmes, on la servira. Les cibles, ce sont les gens dans le besoin, pas d’autres critères que celui-ci. Toute personne qui a du mal à boucler les fins de mois ou qui ne peut pas se nourrir à sa faim est une personne à aider ».

Paola, bénéficiaire du RSA et maman de Maëlla âgée de 20 mois : « J’ai entendu parler de BB sur roues par les services sociaux de Drancy. Je n’osais pas venir au début, Je n’ai jamais rien demandé. J’ai toujours travaillé et là je me retrouve dans une situation difficile : se retrouver au RSA, ce n’est pas évident. Heureusement qu’ils sont là : je viens pour l’alimentaire et parfois des vêtements. Ça m’aide bien ».