C’est devenu un rituel. Depuis deux ans, les bénévoles de Caen distribuent des boîtes solidaires à l’approche de Noël. Parce qu’ils ont envie de donner du baume au cœur à ceux pour qui ces fêtes de fin d‘année soulignent encore plus que d’ordinaire la solitude et la souffrance. Cette année, plus de 3 000 boîtes confectionnées par des enfants et des adolescents vont être distribuées à des personnes en grande précarité.

Voici la consigne donnée aux enfants et aux familles désireuses de confectionner une boîte solidaire pour Noël : trouver une boîte de chaussures, la décorer et y insérer un produit d’hygiène, un vêtement chaud, du chocolat ou autre friandise, un dessin ou un petit mot et le tour est joué ! C’est peu et c’est beaucoup à la fois pour ceux qui n’ont pas la chance de fêter Noël comme ils le voudraient. Des personnes à la rue, en foyer ou en centre d’hébergement d’urgence ; des personnes détenues, des personnes venant aux distributions alimentaires ou encore des familles réfugiées dans des squats, avec des enfants, de plus en plus nombreuses. Mélanie Ruel, responsable des maraudes à l’unité locale de Caen, se dit « estomaquée par les chiffres » - environ 80 enfants vivent actuellement dans des squats ! - et la précarité grandissante. Une misère et des difficultés dont les jeunes sont bien conscients.

Les bénévoles ont saisi l’opportunité de cette opération boites solidaires pour présenter les activités de la Croix-Rouge, parfois méconnues, dans 18 écoles et le lycée Malherbe. À eux seuls, les adolescents ont préparé 250 boîtes ! Mélanie et ses équipes ont été étonnés par leur sensibilité et leur niveau d’information. « Ils ont conçu des boites pour les personnes sans abri mais aussi pour leurs animaux de compagnie, parce qu’ils les rencontrent dans la rue. Ils connaissent aussi les difficultés de nombreuses familles liées à la hausse des prix du chauffage et de l’électricité. On a également parlé de l’Ukraine. » Des échanges riches pour tous qui donnent encore plus de sens à cette opération de fin d’année.

Plus grande encore est l’émotion au moment de la distribution. Passée la surprise de recevoir un cadeau, l’émotion est vive à la lecture d’un petit mot – « bon courage », « pensée pour vous pendant ces fêtes »… - ou à la vue d’un dessin d’enfant. « C’est la première chose qu’elles regardent. Les personnes sont particulièrement touchées par ces attentions », déclare Mélanie. Ensuite, elles font du troc entre elles, se partagent les friandises, s’échangent les lettres… Pour elles, c’est vraiment Noël à ce moment-là. » Et pour les bénévoles convertis en Pères Noël, ce sont aussi des instants de chaleur humaine exceptionnels et gratifiants. Même si pour eux, la solidarité ne s’arrête pas au 25 décembre.