Covid-19 : la Croix-Rouge française constate une hausse massive des besoins sociaux d’urgence

Aujourd’hui, plus de 9 millions de Français vivent sous le seuil de pauvreté. Ils seront les plus touchés par les conséquences économiques et sociales de la crise sanitaire, alors que se profilent la récession et la destruction de milliers d’emplois. En plus d’aggraver les conditions de vie des plus fragiles, cette crise creuse les inégalités plongeant des centaines de milliers de personnes dans l’isolement et la précarité. La Croix-Rouge française constate par exemple une augmentation de près de 45% des besoins en aide alimentaire d’urgence. Face à cette situation, l’association s’engage plus que jamais dans la lutte contre la grande précarité et propose aux pouvoirs publics de travailler à l’intégration d’un solide volet social dans le plan de relance.

S’il est difficile d’estimer avec précision l’ampleur des impacts de la crise sanitaire Covid-19, le confinement a déjà eu des conséquences économiques et sociales dramatiques, renforçant la vulnérabilité de publics déjà précaires et précipitant des populations fragilisées dans la pauvreté. Ce constat alarmant fait aujourd’hui planer le risque d’une crise humanitaire majeure dans les prochains mois.

Le déconfinement dessine déjà une augmentation massive de personnes accueillies au sein des associations de solidarité : personnes en habitat insalubre, travailleurs indépendants, commerçants, salariés en CDD, intérimaires, étudiants, jeunes moins qualifiés ou entrant sur le marché du travail en 2020, retraités à petite pension, locataires à revenus intermédiaires, publics sortant de prison sans solution d’hébergement ou d’emploi… Rien que sur la question de l’aide alimentaire d’urgence, la Croix-Rouge française constate une augmentation de 40 à 45% des besoins. Plus de 90% de ses structures d’aide alimentaire observent accueillir de nouveaux publics principalement des chômeurs (+ 60%), des travailleurs intérimaires ou travailleurs pauvres (+ 50%), des retraités (+ 35%), des personnes en situation de grande exclusion (+ 34%), des étudiants (+ 20%), des travailleurs indépendants et commerçants (+19%) …

En ce qui concerne les personnes sans abri, les équipes de maraude de la Croix-Rouge française ont constaté une hausse de 20% des personnes rencontrées à Paris et de 50% à Rennes, par exemple. Cela fait suite notamment à des cohabitations difficiles, des violences intra familiales, ou une perte de revenu brutale. De manière globale, les contacts effectués par les équipiers Croix-Rouge pendant la période de confinement ont été multipliés par 3 par rapport à la même période en 2019, le nombre de personnes différentes rencontrées a été multiplié par deux et le nombre de mineurs a été multiplié par près de 10.

Mobilisée depuis le début de la crise grâce à ses 60 000 bénévoles et ses 18 000 salariés œuvrant sur tout le territoire de métropole et d’outre-mer, la Croix-Rouge française réaffirme sa mission d’acteur essentiel de la solidarité de proximité en renforçant ses dispositifs de lutte contre la grande précarité et en déployant de nouveaux pour aller au-devant des populations les plus isolées. Par ailleurs, un grand appel à la solidarité et la générosité de tous a été lancé pour faire face à l’urgence sociale.

« Les constats que nous faisons sur le terrain et les projections pour les mois à venir sont très inquiétants. Les personnes les plus vulnérables subissent de plein fouet les impacts de la crise et nous devons réagir collectivement pour éviter de basculer de l’urgence sociale à la crise humanitaire » affirme le Professeur Jean-Jacques Eledjam, Président de la Croix-Rouge française.

Pour répondre à l’état d’urgence sociale, la Croix-Rouge française appelle à l’engagement des citoyens et propose aux pouvoirs publics de participer à la construction d’un volet social dans le plan de relance, intégrant les acteurs de terrain, qui sont et continueront d’être en première ligne pour le relèvement des plus vulnérables.

Pour Jean-Christophe Combe, Directeur Général de la Croix-Rouge française, « cette situation montre à quel point la solidarité de proximité est essentielle. Nous devons tout remettre à plat et chacun a un rôle à jouer pour limiter les conséquences sociales de la crise et construire la résilience des plus vulnérables. Citoyens, entreprises, associations, écoles, collectivités locales, services publics : tout le monde doit prendre sa part. Parce qu’elles connaissent la réalité du terrain et des besoins sociaux, les associations ont un rôle très important à jouer : le « Ségur de la santé » doit aussi être celui de la solidarité pour mettre en place des programmes et des politiques locales, nationales et européennes cohérentes et efficaces. »

À propos de la Croix-Rouge française :La Croix-Rouge française compte plus de 60 000 bénévoles et 18 000 salariés qui donnent de leur temps, apportent leurs compétences et leurs expertises tout au long de l’année.Dans les grandes agglomérations, en zone rurale, dans les banlieues, partout en France, métropolitaine et dans tous les territoires ultra marins, mais aussi à l’international, des femmes et des hommes, spécialistes du secourisme, acteurs de la solidarité sociale et sanitaire ou simplement porteurs d’humanité, engagés dans la réalisation d’un puissant idéal, viennent en aide et accompagnent des millions de personnes.Chaque année, plus de 90 000 victimes sont secourues et plus de 135 000 citoyens sont initiés ou formés aux gestes qui sauvent; 30 000 engagements bénévoles sont mis en place au titre de l’action sociale; près de 4,5 millions de personnes sont aidées à l’international; plus de 20 000 étudiants bénéficient d’une formation sanitaire et sociale...La Croix-Rouge française constitue aussi le premier opérateur associatif dans le champ sanitaire, social et médico-social et compte au plan national 577 établissements et services.