En 2012, Croix-Rouge Ecoute (CRE) a reçu 200 000 appels. Depuis le 1er juin 1988, la ligne généraliste permet à toute personne en difficultés - sociale, psychique, relationnelle ou matérielle - d'être écoutée, accompagnée. En 25 ans, ce numéro vert, anonyme et gratuit depuis un poste fixe, a vu son nombre d'appels augmenter un peu plus chaque année (plus 15 % en 2012).

En 2000, une ligne dédiée aux personnes détenues a été créée (CRED). Elle est aujourd'hui disponible dans tous les établissements pénitentiaires métropolitains et dans trois ultra-marins. Elle aussi enregistre une demande croissante (plus 33% en 2012). 

Entretien avec Rosine Duhamel, psychologue clinicienne et responsable du service

Comment expliquez-vous le succès de CRE et de CRED ?

Croix-Rouge Ecoute est bien identifié par les appelants comme un service où la parole est libre, où  l'écoute se fait sans jugement, avec respect et bienveillance. Le téléphone offre l'avantage de l'anonymat et de la confidentialité. A l'abri des regards, le téléphone facilite l'expression de la souffrance, sans honte. Lorsqu'une personne appelle, elle se sent accueillie avec humanité, entendue, peut-être même comprise. Mais ce soutien ne peut être que ponctuel car il n’est pas question de suivi thérapeutique par téléphone. 

Quelles réponses apportez-vous à ces appels à l’aide ?

Le service n'a pas pour mission principale d'informer, de conseiller ou d'orienter. Pour autant, bon nombre de personnes débutent leur appel en demandant des conseils. Nous écoutons leur histoire ou situation, avec empathie, nous reprenons avec elles les éléments du discours qui nous sont apparus comme importants pour elles, nous posons des questions très ouvertes… Cette attitude permet à l'appelant à la fois de déposer là ce qui peut être lourd à vivre, de mettre parfois un peu d'ordre dans ses pensées et de trouver les ressources sur lesquelles il peut s'appuyer. 

Comment faire face à la recrudescence d’appels ?

Nous organisons régulièrement des journées de sensibilisation et de sélection pour des personnes qui souhaiteraient devenir écoutantes sur le plateau national. La formation dure six mois en moyenne et l'apprentissage se poursuit tout au long de leur bénévolat. Les écoutants sont bien entendu accompagnés et encadrés par des professionnels de la santé mentale, salariés ou bénévoles.

Hormis ce recrutement permanent, nous bénéficions de l'appui de deux plateaux régionaux, l'un pour la région limousine et l'autre, ouvert depuis juin 2013 pour la région PACA-Corse.

Malgré ces efforts, nous ne répondons pas encore à la totalité des appels. Le besoin d'écoute et de soutien psychologique est tel qu'il est nécessaire d'accroître le nombre d'écoutants tout en faisant connaître davantage la ligne.

En 25 ans, quelles sont les principales évolutions que le service a connues ?

La nature des appels a évolué avec les mutations socio-économiques observées ces dernières années. Mais les difficultés relationnelles et le sentiment d'isolement et de solitude restent au cœur des détresses entendues.

L'évolution la plus remarquable concerne le soutien psychologique en règle générale. Il y a 25 ans, cette activité n’existait pas alors qu’aujourd'hui, toute action de l'association prend en compte la dimension psychique des personnes accueillies ou secourues. C'est ainsi que chaque bénévole peut être relayé dans le soutien qu'il peut apporter en transmettant le numéro vert de CRE au public qu'il rencontre.