Du 25 au 29 août, six familles de demandeurs d’asile ont pu bénéficier d’un séjour dans un gîte rural à Beaurainville (Pas-de-Calais), grâce à la Croix-Rouge française et à son partenariat avec l’Agence nationale pour les chèques-vacances (ANCV). Un seul mot d’ordre : laisser de côté leurs soucis et profiter « comme tout le monde » de quelques jours au vert.

 « Là, tu es tranquille dans la tête, tu dors bien » : Mme O. goûte avec bonheur, en compagnie de son fils, Fadel, à quelques jours de répit à la campagne, à Beaurainville (Pas-de-Calais). À Brétigny-sur-Orge (Essonne) où elle est hébergée par le Centre d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA), « tu te réveilles plusieurs fois chaque nuit en pensant à tes rendez-vous du lendemain, à la préfecture, avec l’assistante sociale, aux démarches administratives… Ici, tu oublies le stress ».

Ces familles ont fui leur pays pour des raisons politiques, sociales ou culturelles et sont encore incertaines quant à leur avenir. Originaires du Congo, de Côte-d’Ivoire, du Nigeria, du Niger, six mamans et neuf enfants ont pu bénéficier de ce séjour dans un gîte rural, grâce à la Croix-Rouge française et à son partenariat avec l’Agence nationale pour les chèques-vacances (ANCV).

Francine Alba, conseillère en économie sociale et familiale dans ce Cada, est à l’origine du projet, avec la responsable d’équipe, Marie-France Dunesme : « C’est la cinquième année que nous organisons ces séjours de vacances, explique Francine. Nous avons tout de suite pensé que certaines familles pourraient en bénéficier, mais nous voulions le faire dans le cadre d’un projet collectif. » Le but est ainsi, entre autres, de faire découvrir aux familles de nouvelles facettes de la France, alors que certaines n’ont jamais quitté la région parisienne. Elles apprennent aussi à vivre « à la française », en respectant les horaires de repas par exemple, sans sacrifier leur culture d’origine. Ainsi, au menu ce midi : bananes plantain, semoules de manioc, piments et morue aux légumes variés. « Ces séjours permettent de créer des liens entre les familles qui sont souvent isolées dans leur vie quotidienne. Elles se croisent dans l’année, mais vivre ensemble ces quelques jours soude des relations plus fortes », décrit Francine. Pour les enfants aussi, l’expérience est évidemment précieuse. « Ce que j’ai préféré, c’est la piscine, lance la petite Salimata, encore toute excitée. À la maison, on ne sort qu’au parc. » Avant cette journée au centre aquatique, les familles avaient visité la veille l’aquarium de Boulogne-sur-Mer. Là aussi, les enfants sont ressortis avec des souvenirs plein la tête et des cadeaux : un petit livre chacun pour se remémorer ces moments toute l’année.

Francine est accompagnée dans ce voyage par Pascale Bernard, maîtresse de maison au Cada. Toutes deux n’économisent pas leurs efforts pour faire les courses, organiser les repas, les activités et répondre à toutes les sollicitations des mamans et des enfants. « Mais ici, on prend plus le temps de se parler, on a des contacts plus chaleureux avec les mamans, on peut jouer avec les enfants… », se réjouit Pascale. « Nous préparons le voyage des mois à l’avance. On organise des réunions avec les familles pour qu’elles aient conscience de ce que cela représente. On leur demande aussi une contribution financière symbolique de 15 euros par personne – le coût du séjour est de 250 euros environ par personne », détaille Francine. Les mamans apprécient à sa juste valeur le cadeau de ces vacances : « c’est très touchant pour nous. On nous tend la main malgré notre situation. L’aquarium, c’était paradisiaque, et à Boulogne, il y avait tellement de fleurs… Sans la Croix-Rouge, je n’aurais jamais rien vu d’aussi beau ! », s’émeut Mme O.

Cette après-midi, direction le parc d’attraction. Les enfants n’en finissent pas de courir de manège en manège, et même les mamans ne résistent pas à la tentation. Tout le monde veut profiter au maximum de cette dernière journée. Demain, il faudra prendre le chemin du retour, mais pour l’instant, « on n’est pas là pour parler des soucis », intervient Mme G. C’est dit !

Valérie Devillaine