Le projet pilote ESIRAS a été conçu dans l’objectif de favoriser l’inclusion sociale des personnes réfugiées et leur accès au marché de l’emploi.

Démarré en février 2018, le projet pilote ESIRAS financé par la Commission européenne s’achèvera en août prochain. Ce projet expérimental (cf. encadré) a été conçu pour favoriser l’insertion professionnelle et sociale de personnes ayant obtenu le statut de réfugiés ou la protection subsidiaire. Déployé par la Croix-Rouge française en Ile-de-France, il a montré toute sa pertinence. Aujourd’hui, un second projet ESIRAS se dessine, pour aller plus loin encore.

Le projet pilote ESIRAS a été conçu dans l’objectif de favoriser l’inclusion sociale des personnes réfugiées et leur accès au marché de l’emploi. Déployé sur 18 mois, le projet s’appuie prioritairement sur l’apprentissage intensif du français - la langue étant un préalable indispensable pour accéder à un métier ou à une formation –, mais pas uniquement. Un accompagnement professionnel est réalisé en parallèle par un conseiller en insertion professionnelle. Car le but est bien de répondre concrètement à leur projet de vie, que ce soit trouver un emploi, reprendre des études ou se former. En un mot, s’intégrer.

Originaires, du Tibet, d’Afghanistan, d’Erythrée, du Soudan, d’Ukraine, d’Iran… la plupart des participants à cette expérimentation ne parlaient pas un mot de français lorsqu’ils sont arrivés à ESIRAS. Tous ne maîtrisent pas encore la langue à l’issue des cours, mais ils avancent dans leur projet de vie, pas à pas. « A travers l’apprentissage du français, ils découvrent également un pays, ses coutumes, sa culture… Cela fait pleinement partie de l’intégration dans la société », explique Tihana Ceho, la responsable du service. C’est là toute l’originalité et la force d’ESIRAS : inventer de nouveaux modes d’accompagnement dans toutes ses dimensions, y compris socio-culturelle.

Un bilan satisfaisant

L’équipe d’ESIRAS, basée à Bagnolet (93), où les besoins sont énormes, peut être fière de ses résultats. Sur les 128 participants accompagnés sur trois sessions successives depuis février 2018, 41 ont décroché un contrat de travail à durée déterminée ou indéterminée. Près de la moitié ont effectué des stages professionnels ou de découverte d’un métier. Grâce au développement de partenariats, l’équipe a pu orienter les personnes vers des secteurs porteurs économiquement et en lien avec leurs projets : hôtellerie et restauration, bâtiment, logistique (en lien avec Croix-Rouge insertion), métiers sanitaires et sociaux grâce à des passerelles avec l’institut de formation d’Ile-de-France de la Croix-Rouge française. Celui-ci a en effet accepté 12 stagiaires, dont 6 suivent à présent une formation d’assistante de vie aux familles. En outre, 4 participants ont repris leurs études à l’université. Enfin, 14 personnes ont effectué des missions en service civique ou en tant que bénévoles au sein de l’association. « Ce bilan s’explique aussi par les liens noués au fil du temps avec la mairie, les collèges et crèches, un EHPAD, des associations locales… La mise en relation et le développement de partenariats sont essentiels dans la réussite de notre mission », affirme Tihana Ceho, dont l’ambition est de pérenniser le projet pour continuer à répondre aux besoins de ces personnes extrêmement fragiles et de l’étendre à d’autres régions. Et il reste beaucoup à faire…

Aller plus loin

A quelques semaines de la fin d’ESIRAS, un second projet expérimental financé par la Commission européenne est en cours d’élaboration. « ESIRAS 2 », tout en s’inspirant des bonnes pratiques mises en place, va tirer les leçons de cette première expérimentation. Plusieurs constats sont d’ores et déjà réalisés. Tout d’abord, il faut poursuivre le développement de partenariats et élaborer de nouveaux types d’accompagnement, en particulier sur l’accès au logement et dans la gestion d’un loyer. Car trouver un toit demeure le principal frein à l’intégration en Ile-de-France. Un projet conduit avec la région Ile-de-France est ainsi à l’étude pour trouver des solutions d’hébergement ou de logement pérenne.

Autre priorité, sélectionner des participants ayant déjà des bases en français, afin de faciliter leur mise à niveau nécessaire à l’employabilité (A2 et B1). En France, les tests sont en effet imparables ! Les cours seraient ainsi davantage ciblés sur du vocabulaire technique, en lien avec les métiers visés.

Pour plus d’efficacité, le nombre de sessions et de participants serait réduit afin d’intensifier l’accompagnement des personnes dans leur parcours.

Tous ces ajustements vont se préciser au cours des mois à venir avant l’ouverture d’un appel à projets interne au Mouvement Croix-Rouge.

Historique du projet ESIRAS 

La Direction générale de l’emploi, des affaires sociales et de l’inclusion (DG EMPL) de la Commission européenne gère le programme pour l’emploi et l’innovation sociale (EaSI) .  Dans ce cadre, la DG EMPL a initié un partenariat avec la Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) pour la mise en place d’un programme pilote visant à faciliter l’inclusion sociale et l’accès à l’emploi des demandeurs d’asile et des réfugiés à l’échelle de l’Union européenne. La Croix-Rouge espagnole pilote les sept projets européens déployés, dont le projet ESIRAS mené par la Croix-Rouge française en Ile-de-France.