A l’invitation des élèves ingénieurs de l’Ecole des Mines de Douai, la Croix-Rouge française a participé à la quatrième édition du "carrefour de la solidarité étudiante" qui s’est déroulée au Nouveau Siècle de Lille le 11 mars.

Autour du thème "la faim justifie les moyens!", le président de la Croix-Rouge française, Jean-François Mattei, et le directeur national de l’action sociale, Didier Piard, se sont joints au débat et aux ateliers autour de cette thématique.

La Croix-Rouge française souhaite promouvoir l’implication des jeunes dans l’action humanitaire : Outre l’organisation de rendez-vous tels que les Assisses de la Jeunesse qui se tiendront les 24 et 25 avril 2010 à Paris, il est également important d’aller à la rencontre de ceux qui ne sont pas encore engagés. D’où l’intérêt de participer au carrefour de la solidarité organisé à Lille le 11 mars dernier par les étudiants. Les bénévoles de la délégation locale de Lille étaient présents également : Un stand d’information était en place pour répondre aux questions des étudiants.

" La faim en France "

Durant cette journée consacrée à promouvoir l'engagement humanitaire et solidaire des étudiants du Nord-Pas de Calais, six ateliers de réflexion et d’échanges étaient organisés l’après-midi.

Didier Piard, directeur de l’action sociale à la Croix-Rouge française, s’est joint à la table ronde sur "la faim en France", aux cotés de Véronique Colluci, administratrice des Restos du Cœur, et de Jean-Louis Callens, secrétaire général de la fédération du Nord du Secours Populaire français.

Cet atelier a permis aux étudiants de se rendre compte de l’aggravation de la précarité en France. Les trois principaux acteurs de l’aide alimentaire font le même constat : "le nombre de bénéficiaires de l’aide alimentaire a fortement augmenté depuis deux ans. Dans le réseau Croix-Rouge, les demandes ont augmenté de 20%. On accueille de plus en plus de jeunes, d’étudiants, de retraités, de travailleurs pauvres mais aussi beaucoup de familles mono-parentales. La situation ne s’améliore pas avec la crise", explique Didier Piard.

A la question des critères d’obtention de l’aide alimentaire, Véronique Colluci a justifié le rôle des associations "le budget des associations n’est pas élastique, nous fonctionnons avec des subventions qui sont de moins en moins importantes et avec des dons. Il a donc été nécessaire de mettre en place un barème, commun à toutes les associations. Au-dessus d’un certain seuil de ressources, nous sommes dans l’obligation de refuser l’aide."

Face à ces difficultés de moyens, les étudiants dotés d’un bon sens pratique interrogent sur la lutte contre le gaspillage : "Pourquoi ne récupérez-vous pas les restes des restaurants à la fin de la journée ou bien les denrées jetées par les grandes surfaces ?" Des pistes qui ont bien sûr déjà été étudiées par les associations. Réponse de Didier Piard : "Il existe déjà des partenariats avec des grandes surfaces sur certains produits. Mais pour le surplus des restaurants, il faut savoir que nous sommes soumis à des règles sanitaires qui sont de plus en plus exigeantes. Nous devons être vigilants, par exemple, pour le transport des produits frais ou encore la traçabilité des denrées distribuées". Six ateliers au total étaient organisés sur ce principe d’échanges, suivis par une conférence-débat.

 « La faim justifie les moyens »

Près de 400 personnes ont assisté à la conférence-débat autour du président de la Croix-Rouge française, Jean-François Mattei, Patrick Poivre d’Arvor, ambassadeur de l’UNICEF, Denis Metzger, président d’Action Contre la Faim ou encore Olivier Berthe, président des Restos du Cœur.

Dans le monde, aujourd’hui, un milliard de personnes souffre de la faim ou de malnutrition. "Ce qui signifie qu’il meurt plus de personnes de la faim que de la guerre, commente Edgard Pisani, ancien ministre de l’agriculture. La solution ne pourra se trouver que si on repense les données de la production et de la consommation entre le Nord et le Sud. Sachant qu’il sera de plus en plus difficile de produire plus du fait du manque d’eau, de la déforestation ou encore du développement des villes."

Ce problème de la faim touche également la population française comme le rappelle Jean-François Mattei : "A la Croix-Rouge depuis deux ans, nous avons constaté une augmentation de 20% du nombre des bénéficiaires de l’aide alimentaire. Et si aujourd’hui on accepte un droit opposable au logement, il faut également un droit opposable à se nourrir car l’alimentation est un droit fondamental. Nous devons réagir et nous avons besoin de vous, les jeunes, pour poursuivre nos actions", a conclu le président de la Croix-Rouge française.