Métiers, modalités d’accès aux formations, universitarisation… A quelques jours de la journée "portes ouvertes__" organisée ce samedi 1er février par les Instituts régionaux de formation sanitaire et sociale (IRFSS) de la Croix-Rouge française, Marie-Luce Rouxel, directrice déléguée à la formation, fait le point sur les enjeux du moment.

Quelles sont les formations phares dispensées par la Croix-Rouge française ?

Marie-Luce Rouxel : Acteur historique de la formation aux métiers du sanitaire et du social, la Croix-Rouge française dispose en la matière d’une pléiade de formations diplômantes, de tous niveaux. Neuf formations relevant du secteur sanitaire, et douze formations du secteur social et médico-social sont ainsi proposées au sein de nos instituts de formation – suivies au total cette année par près de 19 000 personnes. Et ce, sans compter notre offre en matière de formation continue.

Pour parler plus spécifiquement de nos formations accessibles aux bacheliers et aux personnes en promotion professionnelle ou reconversion professionnelle via la plateforme ParcourSup, la Croix-Rouge française prépare à sept grands métiers : infirmier, kinésithérapeute, ergothérapeute, assistant de service social, éducateur spécialisé, éducateur de jeunes enfants, et conseiller en économie sociale et familiale. Notre institution forme ainsi près de 13 000 étudiants. Elle forme notamment 12% des infirmiers en France – soit 11 000 étudiants répartis dans 34 Instituts de formation en soins infirmiers (IFSI), et quasiment la même proportion des assistants de service social de l’hexagone.

Autant de formations préparant à des métiers phares… et des métiers d’avenir, le taux d’insertion professionnelle frôlant, dans ces carrières, les 100%.

Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur les modalités d’accès à ces formations via ParcourSup ?

Marie-Luce Rouxel : Plateforme nationale d’admission dans l’enseignement supérieur, ParcourSup existe depuis 2018 seulement – et pour certaines filières, comme celle d’ergothérapie, c’est même la première année.

Futurs bacheliers, bacheliers souhaitant se réorienter, ou professionnels titulaires du bac et souhaitant se reconvertir… tous doivent s’inscrire sur ParcourSup, et y formuler leurs vœux.

Après, selon les filières, il existe quelques différences notables. L’entrée en IFSI, pour les bacheliers souhaitant devenir infirmiers, se fait ainsi désormais uniquement sur dossier – transmis via ParcouSup, ces dossiers sont étudiés par les instituts de formation, qui font ensuite remonter leur décision à la plateforme. Pour les formations du secteur social en revanche (assistant de service social, éducateur spécialisé, ou conseiller en économie sociale et familiale), à cet examen de dossier s’ajoute un entretien oral, en face à face, avec les candidats.

L’entrée en école d’érgothérapeute se fait elle sur concours, via Parcoursup, pour les bacheliers (ou sur dossier et entretien pour les titulaires d’une licence ou d’un diplôme médical ou paramédical, et selon des modalités propres à chaque région pour ceux ayant validé une première année universitaire). Quant à l’entrée en institut de formation en masso-kinésithérapie, elle se fait sur dossier, via trois modes d’accès tous synonymes d’obtention d’une première année de licence universitaire.

Quid des frais afférant à ces études?

Marie-Luce Rouxel : A la Croix-Rouge française, comme pour tout établissement de formation privé à but non lucratif, tout dépend en fait des régions – et plus précisément du montant des subventions allouées par les conseils régionaux. Or celles-ci sont très variables. Par région et par type de formation d’ailleurs. A titre d’exemple, le reste à charge pour une formation infirmière va de zéro (en Provence-Alpes-Côte-D’Azur) à

1 400 euros (en Nouvelle-Aquitaine). Les études de kinésithérapie sont elles plus chères – 6 500 à 7 000 euros en moyenne – car il n’y a pas de subventions régionales.

Il existe ceci étant un système de bourses régionales, et un système d’aides sociales propres à la Croix-Rouge française, permettant d’accompagner les étudiants les plus fragiles.

Je rajouterai que les études infirmières ou de travailleur social sont par ailleurs éligibles, à compter de la deuxième année d’études, à l’alternance (par le biais de l’apprentissage ou d’un contrat de professionnalisation). Pour la Croix-Rouge française, c’est d’ailleurs un axe stratégique majeur. Un dispositif que nous souhaitons développer, d’autant que les métiers du sanitaire et du social sont particulièrement adaptés à cet apprentissage « terrain ».

On parle beaucoup en ce moment de l’universitarisation de ces formations. Pouvez-vous nous expliquer ce que cela veut dire ?

Marie-Luce Rouxel : L’universitarisation est en effet en route… Depuis quelques années maintenant pour les professionnels paramédicaux et, plus récemment, pour les travailleurs sociaux.

Concernant les paramédicaux, le coup d’envoi a été donné il y a dix ans, avec la parution d’un nouveau référentiel de formation pour les infirmiers et l’obtention, outre le diplôme d’Etat (DE), d’un diplôme de grade licence. De premières conventions entre écoles, universités et régions ont été signées en 2009, et aujourd’hui… les choses s’accélèrent. Un master en pratiques avancées, pour les infirmiers, a été créé en 2018. Une mission interministérielle sur l’universitarisation des formations paramédicales et maïeutique a été mise en place en 2018, à laquelle la Croix-Rouge française participe. Et les professions paramédicales – maïeutique, sciences de la rééducation et de la réadaptation et sciences infirmières – sont entrées, en octobre, au Conseil national universitaire (CNU) Santé… Un aboutissement très intéressant qui permet, notamment, d’ancrer la recherche dans ces professions.

Pour les travailleurs sociaux, le mouvement a débuté plus récemment. Un décret, paru le 22 août 2018, a conféré aux étudiants en travail social un diplôme reconnu de grade licence. La réforme est entrée en application dès la rentrée 2018 pour les DE d’assistant de service social, d’éducateur spécialisé, d’éducateur de jeunes enfants et d’éducateur technique spécialisé. Et elle doit s’appliquer à la rentrée 2020 pour le DE de conseiller en économie sociale et familiale. Là aussi, de premières conventions ont été signées, entre universités, régions et écoles…

Toutes ces avancées sont essentielles car l’universitarisation et le développement associé de la recherche, sont synonymes de prise de recul sur ses pratiques, et de valorisation des professionnels. C’est un plus considérable pour les étudiants, qui sont d’ailleurs de plus en plus en quête de sens.

Quelles conséquences pour les IRFSS de la Croix-Rouge française ?

Marie-Luce Rouxel : Nous travaillons sur la façon de valoriser ce qui constitue l’une des forces majeures de la Croix-Rouge française : son double maillage, alliant instituts de formation et établissements… Un double maillage qui permet que les formations que nous proposons soient ancrées dans les métiers.

C’est essentiel. D’autant que la Croix-Rouge française peut aussi se targuer du fait que ses instituts de formation sont implantés dans toutes les régions de France. Cet ancrage nous permet d’ailleurs de pouvoir adapter les modèles de notre offre de formation à des besoins précis – ce qui est l’un des objectifs de l’universitarisation des formations. Cette alliance, propre à la Croix-Rouge, entre présence territoriale très forte et prise de recul possible de l’institution, intéresse d’ailleurs tout particulièrement universités et ministère(s).

Quelle place a par ailleurs le numérique au sein des IRFSS Croix-Rouge ?

Marie-Luce Rouxel : Une place essentielle, et croissante. Tous nos instituts de formation sont d’ailleurs dotés de salles de simulation. Nous disposons aussi d’une plateforme Learning management system (LMS), Dokeos. Et nous développons, notamment pour les étudiants paramédicaux, serious-game et outils d’apprentissage via la réalité virtuelle.

Le déploiement de ces nouveaux outils illustre notre attachement à l’innovation. Non pas l’innovation pour l’innovation. Mais l’innovation au service de la pédagogie, de l’apprentissage. Afin d’offrir à nos étudiants la palette la plus large possible de modalités d’apprentissage.

Quid de l’ouverture à l’international au sein des IRFSS de la Croix-Rouge française ?

Marie-Luce Rouxel : C’est dans notre ADN ! Un élément constitutif de l’institution, IRFSS compris. C’est donc un gros plus pour les étudiants effectuant leur formation chez nous.

Tous les ans, des centaines d’étudiants partent ainsi à l’étranger, dans le cadre de programmes Erasmus + ou en stage humanitaire via les partenariats que nous avons noués avec des sociétés sœurs de la Croix-Rouge française comme avec différentes associations, en Asie notamment. En 2018, quelque 400 étudiants ont ainsi pu s’envoler à travers le monde, au Cambodge, au Sri-Lanka, au Vietnam, en Inde, mais aussi au Bénin, au Sénégal, en Côte d’Ivoire, au Togo, au Pérou, ou en Espagne ou en Allemagne…

Propos recueillis par Elma Haro

LISTE DES ÉTABLISSEMENTS PARTICIPANT AUX JOURNÉES PORTES OUVERTES :

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