Linda est psychologue et intervient deux fois par semaine avec la Croix-Rouge française auprès des enfants de la place Saint-Pierre. Elle nous parle du traumatisme subi par les enfants et plus généralement par le peuple haïtien.

Deux fois par semaine, Linda, psychologue, intervient auprès des 400 enfants accueillis chaque jour par l’équipe de soutien psycho-social des Croix-Rouge française et haïtienne. Elle supervise, surveille, conseille les volontaires et veille sur les enfants qui, le temps de quelques heures, profitent d’un espace sécurisé où ils peuvent s’exprimer à travers des activités ludiques : dessins, sport, jeux… "Je me suis engagée avec la Croix-Rouge française car je trouve que ce projet est très intéressant et très important."

"Les enfants dessinent des maisons qui s’effondrent, des femmes qui pleurent. Ces dessins montrent à quel point ils sont touchés. Mais les enfants pleurent moins que les adultes. Avec mes collègues haïtiens, j’organise des groupes de parole avec les adultes, certains parlent beaucoup. Ils parlent d’hallucinations, d’odeurs, ils voient des choses, la terre qui tremble, ils entendent des voix…" S’occuper des adultes est aussi une priorité de l’équipe de soutien psycho-social de la Croix-Rouge française qui dès la semaine prochaine avec la vingtaine de volontaires de la Croix-Rouge haïtienne formés en continu, va commencer des groupes de paroles avec les adultes de la place Saint-Pierre.

"Certains enfants oublieront, d’autres n’oublieront jamais…. Nous organisons des groupes de paroles avec eux, orphelins, amputés, pour les aider à se reconstruire. Des profils et des traumatismes différents…", explique Linda qui constate : "Nous ne sommes qu’une cinquantaine de psychologues en Haïti et nous sommes sollicités partout. Les écoles, les églises, les professeurs… Des renforts sont arrivés de l’étranger mais vraiment nous ne sommes pas assez nombreux par rapport à la demande…"

La situation est d’autant plus délicate que les psychologues ont eux-mêmes été victimes du séisme. Alors comment "soigner" quand on est soi-même blessé… "J’ai perdu de la famille, des amis, des étudiants… Pour nous psychologues, il n’a pas été possible immédiatement de recevoir la souffrance des gens alors que nous avons nous-mêmes été victimes. Nous avons commencé par nous occuper de nous, par des groupes de paroles, des séances de relaxation pour pouvoir travailler avec notre communauté", raconte Linda.

"Notre pays est sujet aux catastrophes naturelles, on a eu les cyclones à Gonaïves en 2008, l’effondrement d’une école l’année dernière et maintenant cette tragédie. Le Gouvernement haïtien doit vraiment se préoccuper de la santé mentale des Haïtiens", explique la psychologue. Pour l’heure, la thérapie de deuil a commencé : "Il faut continuer à vivre car nous sommes vivants".

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