© Croix-Rouge française Alix Marnat

Créés par la Croix-Rouge française en 2006, avec le soutien de la Fondation Nestlé, les Espaces Bébé-Parents (EBP) accueillent et accompagnent des ménages ou des parents isolés avec enfants, de la naissance jusqu’à à l’âge de 3 ans, ainsi que ses frères et sœurs. Accueil, écoute, accompagnement à la parentalité, ateliers, aide matérielle et orientation sont au programme. Aujourd’hui, la Croix-Rouge compte 24 EBP en France métropolitaine et en Outre-mer.

Dans le contexte de crise sanitaire que nous connaissons aujourd’hui, certaines activités ont été suspendues – les ateliers par exemple –, quand d’autres ont été adaptées : les entretiens se font désormais par téléphone, et non plus dans les locaux de l’EBP. Par ailleurs, la distribution des colis se poursuit sur rendez-vous, en passant par des livraisons ou par le « drive ». Composés d’articles indispensables pour les bébés (lait, couches, petits pots, produits d’hygiène), ces colis sont particulièrement utiles et attendus par les familles.

La plupart d’entre elles étaient déjà en difficulté avant le premier confinement. En outre, comme dans les autres dispositifs de la Croix-Rouge française (aide alimentaire par exemple), de nouveaux publics fragilisés sollicitent désormais ce soutien spécifique.

Témoignage de Christiane Guimard, responsable de l'Espace Bébé-Parents (EBP) de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine)

« Je suis responsable de l’EBP de Boulogne-Billancourt depuis sa création, en 2008. L’EBP est un concept super : les familles viennent régulièrement passer un après-midi avec nous, les bénévoles. Les mères sont avec leur bébé bien sûr, et on se retrouve d’abord autour d’un café, avec des petits gâteaux, pour des moments conviviaux. Parallèlement, nous leur proposons de participer à des ateliers divers (nutrition, budget, éducation, estime de soi, illettrisme, etc.) et, toutes les deux semaines, nous leur remettons un colis dont les produits sont adaptés à l’âge de leur bébé contre une petite participation financière. Nous avons ainsi les options « 0 – 6 mois », « 6 – 12 mois » et « 12 – 18 mois ». Cruciale pour les familles, cette aide matérielle est aussi un ‘prétexte’ pour mettre en place un accompagnement individuel, en lien avec les travailleurs sociaux du département, la Mairie et les autres associations. C’est aussi l’occasion de parler de la parentalité, de voir si tout se passe bien avec le bébé, de répondre aux questions, d’orienter les familles vers des acteurs complémentaires. Précarité, isolement social, parcours de migration… Elles font face à des problématiques diverses, pour lesquelles il est parfois complexe de trouver les réponses adaptées. En parler à l’EBP permet de faire avancer les choses !

Le premier confinement a impacté l’activité de plein fouet puisqu’il n’était plus possible de recevoir les familles dans nos locaux. Par ailleurs, certains membres de l’équipe – comme moi ! – ont 70 ans ou plus : il a donc fallu revoir un peu notre mode de fonctionnement ! Dès le mois de mars, nous avons attribué des créneaux aux familles pour qu’elles puissent venir chercher leur colis ou nous avons effectué les livraisons au pied des immeubles. Le problème, c’est que nous ne pouvions plus faire les entretiens, sans parler des moments de rencontres et de convivialité… Nous avons donc décidé de faire les entretiens par téléphone : tous les 15 jours, j’appelle chaque famille pour savoir comment ça va, prendre des nouvelles, faire le point sur leurs démarches ou leurs difficultés. C’est important pour garder le contact, surtout que la crise n’est pas terminée et que le deuxième confinement est arrivé.

Évidemment, il n’était pas question de cesser notre activité. Les besoins sont là, encore plus qu’avant. Actuellement, on accueille des personnes qui étaient nourrices, qui lavaient la vaisselle dans des restaurants ou faisaient des ménages dans des bureaux. Des personnes qui travaillaient de façon précaire et avaient juste de quoi vivre, mais qui se retrouvent désormais sans ressources. Durant le premier confinement, nous avons également vu arriver des familles dont les enfants aînés étaient scolarisés. Mais comme il n’y avait plus d’école, il n’y avait plus de cantine… Ce qui signifiait trop de bouches à nourrir à la maison, et moins de moyens pour la nourriture du bébé. Enfin, des mamans commerçantes font aussi appel à nous aujourd’hui : elles ont tout simplement mis la clef sous la porte...

Il y a vraiment des situations très difficiles. Même si je suis parfois fatiguée, je me dis qu’il faut continuer, que ce que nous faisons est utile, que ça a du sens. Je ne peux pas envisager que des bébés doivent se contenter d’un demi-biberon. Car oui, c’est ce qui y arrive, plus souvent qu’on ne l’imagine. Je reçois des appels au secours de mamans qui, à peine sorties de la maternité, n’ont pas les moyens d’acheter du lait pour leur nourrisson. On ne va pas laisser des bébés mourir de faim… Enfin, de vrais liens de confiance se tissent avec certaines mères. On se dit alors qu’on a pu leur apporter quelque chose, être présente à un moment de leur vie à la fois heureux et angoissant, les débuts de la vie d’un enfant. »

Vous nous donnez les moyens d’agir, c’est grâce à vous que nous pourrons soutenir les plus fragiles dans cette épreuve collective. Les personnes accompagnées par les EBP ont besoin de votre soutien. Faites un don pour permettre aux bénévoles d'acheter du lait et à manger pour nourrir les familles et leurs enfants.

Propos recueillis par Anne-Lucie Acar

Crédit photo : Epoka

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