Si un mois après la tragédie on dénombrait encore 150.000 personnes vivant dans les quelques 2.200 centres d’évacuation, le processus de relèvement a débuté très vite : dès le 11 avril 2011, la construction d’abris ou de maisons de transition – préfabriqués de bonne qualité – démarrait.

Aujourd’hui, seulement 600 personnes restent hébergées dans des centres d’évacuation ; la quasi-totalité des sinistrés a donc pu être relogée dans des hôtels, chez des amis, de la famille ou encore dans l’un des 52.620 préfabriqués (sur les 53 000 prévus par le gouvernement) construits. En complément, pour améliorer les conditions de vie de ces familles, 128.470 kits d’appareils ménagers (autocuiseurs, réfrigérateurs, bouilloires, machines à laver, etc.), correspondant au standard japonais en termes d’équipement, ont été distribués.

Recréer du lien social

La plupart des sinistrés se sont retrouvés dans des lieux inconnus, loin de chez eux, de leurs habitudes de vie, de leurs voisins et amis, notamment les personnes qui vivaient dans la zone d’exclusion autour de la centrale de Fukushima. C’est le cas des quelque 11 000 habitants de la ville d’Okuma – située à quelques kilomètres du site nucléaire – qui ont été déplacés au lendemain de la catastrophe.Une partie d’entre eux a été relogée à 150 kilomètres de là dans la ville d’Aizu-Wakamatsu, où le maire et son administration ont désormais leurs bureaux. Ils se retrouvent ainsi dans une situation inédite : une ville hébergée au cœur d’une autre ville.Les cas de personnes en situation d’isolement sont nombreux. La Croix-Rouge japonaise a donc décidé de mettre l’accent sur le lien social et a impulsé des initiatives visant à améliorer les échanges et rencontres entre les familles vivant dans des hébergements temporaires.

Des structures et activités ont été mises en place : centres communautaires (Otsuchi, Iwate), services de bus pour permettre les sorties et déplacements ou encore manifestations sportives. De plus, les équipes psychosociales de la Croix-Rouge japonaise organisent des animations pour les personnes âgées comme, à titre d’exemple, des goûters ou des sessions de massage. Pour les plus jeunes, un complexe de jeux en intérieur (Smile Park) a été créé dans la préfecture de Fukushima, afin de rassurer les familles qui redoutent encore les émanations radioactives.

Le soutien psychosocial

Les activités de soutien psychosocial sont destinées en priorité aux enfants et aux personnes âgées, deux catégories de personnes particulièrement vulnérables et qui attirent toute l’attention de la Croix-Rouge japonaise.Ce soutien se traduit par des échanges et des rencontres avec des centaines de volontaires de la Croix-Rouge japonaise ayant été formés spécifiquement et des psychologues cliniciens, organisés régulièrement pour aider les personnes en souffrance à se reconstruire. Autre public concerné, les personnes ayant perdu leur emploi suite à la catastrophe (120 000 selon la Croix-Rouge japonaise). « Le nombre de personnes qui assistent à ces séances a augmenté, montrant qu’elles s’inscrivent dans la durée et que les résidents eux-mêmes tendent désormais la main à ceux qui en ont le plus besoin », témoigne le docteur Toshiharu Makishima.

Réhabilitation des services de santé

L’une des actions phare de la Croix-Rouge japonaise concerne la reconstruction des structures de santé et l’amélioration de l’accès aux soins. Dans la zone sinistrée, la majorité des hôpitaux et des cliniques a été endommagée ou démolie.Plusieurs établissements temporaires – prévus pour une durée de cinq ans – ont été aménagés, notamment dans la province de Miyagi à Ishinomaki et Minamisanriku. Une extension de quarante lits a par ailleurs été bâtie pour agrandir l’hôpital de la Croix-Rouge d’Ishinomaki, suite à la destruction de l’hôpital municipal, l’école d’infirmières y a été reconstruite et un centre pour les urgences de nuit a été bâti. La Croix-Rouge japonaise a également apporté son soutien aux campagnes de vaccination contre la pneumonie (quatrième cause de décès dans le pays), à destination des personnes âgées de plus de soixante-dix ans, dans les préfectures d’Iwate, Miyagi et Fukushima.

Face à la menace nucléaire

La peur de l’accident nucléaire et des émanations radioactives reste palpable aujourd’hui encore au sein de la population, qui déplore le manque d’informations. Beaucoup se demandent s’ils pourront un jour retrouver leur ancienne maison.Des actions de soutien sont menées auprès des victimes de Fukushima Daiichi, et la Croix-Rouge japonaise réfléchit désormais à la mise en place de programmes pour se préparer davantage à ce type de désastre. Des projets de grande envergure sont programmés ou en cours. Des équipements matériels vont être mis à la disposition des sinistrés : à titre d’exemple, il est prévu que deux scanners et 38 moniteurs permettant d’examiner la thyroïde soient distribués à Miyagi et à Fukushima. En outre, 103 équipements permettant d’évaluer le niveau de radiation de la nourriture vont être distribués sur 44 sites.Par ailleurs, à l’initiative de la Croix-Rouge japonaise, un groupe de travail va être constitué au sein du Mouvement de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge. Il regroupera les Sociétés nationales concernées par la question du nucléaire (États-Unis, Ukraine, France…), afin de réfléchir aux questions de prévention et aux dispositifs à mettre en œuvre face à ce type de catastrophes ou autres types d’accidents industriels. Une première réunion internationale est prévue pour le mois de mai 2012.

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