La Croix-Rouge française a accueilli durant deux semaines Armand-Charis Ombaku, responsable du service de Rétablissement des Liens Familiaux (RLF) en République démocratique du Congo (RDC). Ce service naissant et en plein développement doit s’organiser, se structurer, d’où l’objet de cette visite destinée à échanger sur nos pratiques et notre expertise. Entretien avec Armand-Charis Ombaku.

La RDC représente par ailleurs le pays avec lequel la Croix-Rouge française collabore le plus (10% de nos demandes de recherches en 2011). Il y a en effet, en France une forte communauté migrante en provenance de ce pays, ce qui explique cette collaboration.  

Vous dirigez le service de recherches de la Croix-Rouge de RDC depuis ses débuts. Pouvez-vous nous le présenter ?

A-C. Ombaku : La Croix-Rouge de RDC collabore avec le Comité International de la Croix-Rouge (CICR) depuis 1998 pour toutes les démarches se rapportant au Rétablissement et au maintien des liens familiaux. Ce n’est qu’en 2003 que la Croix-Rouge de la RDC va décider de mettre en place un service RLF  en son sein à l’instar d’autres Sociétés nationales, par la désignation d’un coordinateur national et de deux assistants. Actuellement, notre service RLF se compose également de 20 chefs de bureaux provinciaux au niveau des branches et de 232 volontaires au niveau local, dans un esprit de partenariat opérationnel avec le CICR. Depuis l’année dernière, toutes les Demandes de Recherches (DR) en provenance d’autres Sociétés nationales sœurs n’ayant aucun lien avec les différents conflits armés qui se sont succédés à travers le territoire de la RDC sont traitées directement par notre Société Nationale. Au cours de ces deux dernières années, le volume de Messages Croix-Rouge échangés (DR inclues) est de l’ordre de 85 000 par an (contre 400 à 500.000 auparavant). Cette baisse de notre activité s’explique par les progrès de la téléphonie mobile, de l’amélioration du réseau routier et de la concentration du conflit dans les quatre provinces de l’est du pays.

A ce jour, notre taux de réussite s’élève à environ 60%. La plupart des messages Croix-Rouge aboutissent.

Quels types de demandes traitez-vous le plus ?

A-C. O. : Comme vous le savez, il y a beaucoup de migrants à la recherche d’emploi, de stabilité, de la paix, fuyant leur pays d’origine en proie à des conflits armés, des violences inter-ethniques, des situations économiques précaires, etc. Tous ces événements entraînent la rupture des liens familiaux et la dislocation de l’unité familiale. Ces personnes s’adressent à nous dans l’espoir de retrouver leurs proches. Nous poursuivons par ailleurs notre collaboration avec le CICR pour tous les dossiers liés aux conflits armés qui se poursuivent dans les Provinces de l’est du Pays (Nord Kivu – Sud Kivu – Province orientale – Katanga) et ceux liés aux différentes vagues de refoulement de citoyens Congolais de la République d’Angola. Nous faisons aussi en sorte de réunir les enfants non accompagnés, les adultes vulnérables et les enfants associés aux forces et groupes armés. En ce qui concerne ces derniers, la mission se fait en lien avec les services de l’Etat, la MONUSCO et bien d’autres ONG internationales. Une fois démobilisés, ces enfants sont placés dans des Centres de Transit et d’Orientation (CTO), où ils sont suivis par des sociologues et des psychologues. Durant cette période pendant laquelle ils sont pris en charge, nous les rencontrons pour savoir s’ils souhaitent rejoindre leurs proches. Si c’est le cas, nous enregistrons leurs demandes et immédiatement nous entamons les recherches en vue d’une réunification familiale.

A quelles difficultés êtes-vous confrontés ?

A-C. O. : Principalement des difficultés liées aux moyens de transport. La plupart des routes sont délabrées d’une part et, d’autre part, nos volontaires sont appelés à effectuer de grandes distances. Ces contraintes augmentent les délais des recherches et de distribution des messages Croix-Rouge. En outre, nous éprouvons de difficultés d’ordre financier pour assurer les recherches de DR n’ayant aucun lien avec les conflits armés.

En quoi la Croix-Rouge française peut-elle vous apporter son soutien ? 

A-C. O. : La Croix-Rouge française a une expérience et une expertise de nombreuses années dans le domaine précis de Rétablissement des Liens Familiaux. Ma visite m’a été d’une importance capitale, pour comprendre ses capacités opérationnelles, son fonctionnement, son organisation et sa stratégie en matière de mobilisation de financements pour la pérennisation des activités RLF.

Comment percevez-vous la mission de RLF ?

A-C. O. : Toute la planète est caractérisée aujourd'hui par des conflits, des catastrophes de toute sorte, des situations économiques de plus en plus troublantes, une crise mondiale etc.

La dislocation de l'unité de la famille, le déplacement des populations, des prisonniers de guerre et d'opinion, la rupture des moyens traditionnels de communication et l'impossibilité de se déplacer librement sont la conséquence de ces guerres. Aussi, l'activité de rétablissement des liens familiaux développée par le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge demeure une activité humanitaire essentielle. 

À lire dans le même dossier