En Loire-Atlantique (44), des volontaires en service civique interviennent dans les écoles pour dispenser une formation aux gestes barrières spécialement conçue pour les enfants. Alors que la crise sanitaire perdure et que ces mesures sont souvent synonymes de contraintes, en particulier chez les plus jeunes, la Croix-Rouge française adapte ses missions au service d’une prévention efficace.

Reportage : Anne-Lucie Acar

En trois mois, des volontaires en service civique de la Croix-Rouge de Nantes et de Loire-Atlantique ont sensibilisé plus de 500 enfants aux gestes barrières. Un chiffre non négligeable, et pas question de s’arrêter en si bon chemin ! Thanh-Ngoc Hoang, Éloïse Mosconi et Alice Rakoto-Duhaa sont arrivées à la Croix-Rouge de Loire-Atlantique en novembre 2020, pour une durée de neuf mois. Plusieurs missions sont au programme de leur service civique : initiations aux premiers secours (IPS), entretiens pour la mission de rétablissement des liens familiaux (RLF), participation au dispositif de lutte contre l’isolement social « Allô, comment ça va ? »… Et, depuis le 15 décembre, sensibilisation aux gestes barrières dans les établissements scolaires du département. « Pour intervenir dans les écoles en temps de crise, il faut avoir quelque chose de pertinent à présenter, raconte Alice Rakoto-Duhaa. Sous l’impulsion du président de la délégation territoriale de la Croix-Rouge du 44, Christian Denais, nous avons imaginé une sensibilisation aux gestes barrières pour les enfants, à partir de la formation reçue à notre arrivée et en nous inspirant de divers outils. »

Apprendre les gestes barrières de manière ludique

« Dans le contexte de l’épidémie de Covid-19, notre objectif était de proposer une action pédagogique aux élèves du CP au CM2, dans les écoles primaires publiques et privées du département », résument Thanh-Ngoc Hoang et Éloïse Mosconi. Activités pratiques, memory, petites vidéos, quiz, cocottes en papier, mimes, apprentissage du lavage des mains avec de la peinture, remise de diplômes… En une heure, cette sensibilisation permet d’apprendre (ou de réviser) les gestes barrières de manière ludique et aide les enfants à prendre conscience de leur capacité à être un maillon de la chaîne de protection. Remis à la fin de la séquence, le diplôme fait ainsi figure de souvenir et récompense symboliquement les élèves pour leur participation. « La cocotte en papier a aussi beaucoup de succès car, une fois à la maison, elle rappellera les bons réflexes à adopter », ajoute Thanh-Ngoc Hoang. En quelques semaines, cette sensibilisation a été proposée dans les classes du CP au CM2 de quatre écoles de Loire-Atlantique, soit précisément 555 élèves. « On vise au moins 1000 d’ici la fin de notre service civique ! », pronostiquent Thanh-Ngoc, Eloïse et Alice. En tous cas, les retours positifs sont au rendez-vous, du côté des enfants comme des enseignants (voir témoignage).

Une action qui fait sens

Pour les jeunes filles, cette mission est également riche de sens : « quand on est à l’école primaire, connaître les gestes barrières n’est pas toujours amusant, explique Thanh-Ngoc. Alors je suis heureuse de pouvoir leur expliquer de manière pédagogique et récréative. » Eloïse souligne l’importance de mettre en place « un projet adapté au contexte et de faire quelque chose d’utile en cette période particulièrement compliquée ». Alice, enfin, trouve le contact avec les enfants enrichissant et se réjouit de les voir « apprendre en s’amusant. Nous ne sommes pas là pour leur faire un exposé pénible. C’est donc satisfaisant de voir qu’ils retiennent les bonnes informations sans avoir l’air de s’ennuyer une minute ! »

« Je suis enseignant dans une classe de CP et CE2, avec des enfants de 6 ou 8 ans. Tous ont beaucoup apprécié la sensibilisation proposée par les volontaires de la Croix-Rouge. Elles étaient en tenue : cela rappelle le médical, le secours, et permet d’inscrire la thématique des gestes barrières dans une autre dimension : il y avait clairement une meilleure qualité d’écoute de la part des élèves ! De plus, le fait qu’il y ait plusieurs activités – memory, jeux, apprentissage du lavage des mains avec de la peinture, etc. – permet une séquence très dynamique, où personne ne s’ennuie. Quand j’ai débriefé avec ma classe, les enfants ont dit qu’ils avaient appris plein de choses et qu’ils allaient se perfectionner. D’ailleurs, dans les jours qui ont suivi, j’ai vu qu’ils se lavaient les mains plus soigneusement, en vérifiant bien les zones entre les doigts, qu’on oublie souvent. Certains m’ont dit aussi qu’ils avaient raconté ça à leur famille et que, depuis, tout le monde à la maison faisait davantage attention. Bref, alors que ces gestes barrières peuvent rimer avec contrainte, interdiction et restriction, la sensibilisation proposée par la Croix-Rouge permet de dédramatiser, de pratiquer dans une ambiance sympathique et d’apprendre sans stresser. Un vrai plus ! » Sébastien Chambeiron, enseignant dans une école de Nantes.