Tribune de Jean-Jacques Eledjam, Président de la Croix-Rouge française

La jeunesse est signe de vitalité, d'optimisme, de santé. Elle incarne l'avenir et par nature, elle est souvent perçue comme forte et prometteuse. Elle peut aussi être confrontée à de multiples maux : ceux d'une société en pleine mutation repliée sur elle-même, ceux qu'on ne voit même plus, ou qui sont presque banalement considérés comme inhérents à cette classe d'âge en proie à toutes les tentations et parfois à toutes les dérives. 

Prendre soin de nos jeunes, c'est préparer l'avenir de notre pays.Nous ne pouvons nous satisfaire en 2017 qu'ils soient de plus en plus nombreux en situation de précarité. Cette tendance est aussi préoccupante qu'inadmissible.

Force est de constater qu'il n'existe pas une jeunesse mais des jeunes, de milieux et d'origine diverses, confrontés ou non à des difficultés de santé et d'accès aux soins. De la même manière, la notion de santé est multiple, physique bien sûr, mais aussi mentale ou même émotionnelle. Nombreux sont les leviers qui participent à une bonne santé, au sens global du terme. De la même manière, nombreux sont les facteurs qui peuvent la mettre à mal.

Jeunes à la rue et jeunes en situation de précarité obligés de mettre leur santé de côté, jeunes en situation de handicap confrontés à des situation d'exclusion sociale, jeunes parents précoces face à l'entrée dans la parentalité, mineurs isolés étrangers... autant de situation auxquelles sont confrontés de plus en plus de jeunes.

Bien sûr il existe des dispositifs et des bonnes volontés pour pallier à ces difficultés, et faire en sorte que ces jeunes ne restent plus au bord du chemin. Les sortir de la rue, faire en sorte qu'ils mangent à leur faim, leur permettre de se déplacer pour trouver un emploi, les sensibiliser dès le plus jeune âge aux maladies sexuellement transmissibles, les pouvoirs publics et le tissu associatif s'y attèlent au quotidien.

Mais nous pouvons aller plus loin.Nous devons aller plus loin.

En portant une vision inclusive de l'aide sociale et de l'engagement bénévole, responsables politiques, associations, fondations, entreprises, particuliers, nous pouvons réinventer les réponses que nous devons apporter à cette jeunesse en souffrance.Des mesures fortes peuvent être rapidement mise en œuvre et notamment l'élargissement des minima sociaux aux jeunes dès 16 ans. Le taux de chômage des moins de 25 ans ne cesse d'augmenter depuis 2008 et les mesures existantes pour les 16-25 ans peu ou pas diplômés, ne suivant aucune formation, sont largement insuffisantes. C'est pourtant sur cette tranche d'âge que les efforts doivent être portés afin de garantir aux bénéficiaires les meilleures conditions possibles de se construire un avenir, professionnel et personnel.

En terme de structures, il faut déployer des Maisons des adolescents et des Espaces Santé Jeunes sur l'ensemble du territoire. Ce sont des points d'ancrage importants pour les jeunes entre 11 et 25 ans qui ont besoin d'un accompagnement médical, psychologique ou encore juridique. Ces lieux essentiels doivent être davantage identifiés et donc valorisés.

De la même manière, il est impératif de renforcer et pérenniser les financements en faveur de l'éducation et de la promotion de la santé. Ces financements ont tendance à baisser et, au regard des enjeux sanitaires et sociaux, ce n'est pas acceptable.

Le service civique est un levier important d'apprentissage et de sensibilisation, une étape de la vie qui doit être mise à profit autant que possible. Ainsi, un volet « santé » doit être officiellement intégré au service civique, qui permettra à tous les jeunes volontaires de bénéficier d'un bilan complet de prévention-santé.

Au delà des mesures propres à l'amélioration de la santé globale des jeunes, il faut assimiler ces derniers à leur propre accompagnement, les inclure dès le plus jeunes âge dans la démarche bienveillante de l'aide sociale et du bénévolat. Ainsi, la culture de l'engagement et de l'initiative doit être davantage valorisée au sein même du système scolaire, berceau de la lutte contre les inégalités sociales. Le bénévolat, l'engagement ne doit pas rester l'apanage du seul tissu associatif, il doit être l'affaire de tous.

De nouvelles solutions sont à portée de main, un nouveau cadre d'intervention est à réinventer, au delà de tout ce qui est déjà mis en œuvre au quotidien par les associations, comme la Croix-Rouge française, les professionnels de la santé, les pouvoirs publics.

L'enjeu majeur que représente la santé globale des jeunes mérite qu'on aille plus loin. Il est de notre devoir de garantir à cette jeunesse oubliée un avenir meilleur, et lui donner les clefs de sa réussite.

Jean-Jacques ELEDJAM, Président de la Croix-Rouge française

Tribune parue sur le site du Huffington Post  dans le cadre du Pacte de santé pour la santé globale des jeunes.