L’aide aux réfugiés, un devoir de solidarité internationale
Publié le 17 septembre 2015
La Croix-Rouge française a décidé de rouvrir une délégation au Moyen-Orient en 2013, deux ans après le début de la crise syrienne (2011). Des millions de personnes fuient le pays pour se réfugier dans les pays voisins. La recrudescence des attaques de Daesh dans le nord de l’Irak au cours de l’été 2014 génère un afflux important de réfugiés irakiens au Liban, en Jordanie et au Kurdistan irakien. On dénombre aujourd’hui environ 12 millions de personnes déplacées soit dans leur propre pays, soit accueillies dans les pays voisins, selon le Haut-Commissariat aux Réfugiés des Nations unies (HCR) : 4 millions de réfugiés syriens, dont 1,1 million au Liban, 630 000 en Jordanie, 250 000 au Kurdistan irakien et 2 millions en Turquie. A ces chiffres s’ajoutent 8 millions de déplacés internes au sein même de la Syrie et 3 millions de déplacés internes en Irak (source Organisation Internationale des Migrations – OIM).
Dans les camps irakiens
Jusqu’à l’été 2014, la mission de la Croix-Rouge française en Irak était centrée sur l’aide aux réfugiés syriens, dans le camp de Domiz pour l’essentiel (34 000 personnes à l’époque, 40 000 aujourd’hui), situé dans la province de Dohuk. Puis, les deux crises se superposant, il est décidé de renforcer l’équipe (16 expatriés sont déployés) et les actions menées. Le regain de violence en Irak entraîne le déplacement de 850 000 irakiens au Kurdistan, dont 480 000 s’installeront dans le gouvernorat de Dohuk. La Croix-Rouge française prend alors en compte dans l’urgence une partie de ces nouveaux arrivants en se positionnant comme l’opérateur eau et assainissement dans le camp de Khanke, le premier des quatre camps dédiés à ces déplacés. Grâce au financement de l’Unicef, elle fournit l’approvisionnement en eau et en infrastructures d’assainissement (latrines, douches, cuisines collectives, maintien des services publics…). Les mêmes activités sont lancées en parallèle dans des zones péri-urbaines auprès des communautés d’accueil, à la fois aider les déplacés syriens et irakiens et les familles les plus vulnérables.
Le Liban, première terre d’accueil des Syriens
Plus d’1,1 million de Syriens (source OIM) ont trouvé refuge au Liban. Ils représentent le quart de la population, « ce qui a évidemment un impact énorme sur l’économie du pays et devient de plus en plus difficile à gérer politiquement », explique Charles Debras, chef de la délégation Croix-Rouge française au Liban et au Yémen. La Croix-Rouge française offre un appui technique à la Croix-Rouge libanaise qui couvre les besoins des réfugiés sur de nombreux sites, notamment en eau et assainissement (latrines, sensibilisation à l’hygiène, distribution de tank à eau…), en distributions de produits de première nécessité sur deux zones abritant des camps de petite taille ou divers sites d’hébergement. Face à l’afflux de réfugiés sur son sol, la Croix-Rouge libanaise souhaiterait élargir cette aide aux populations hôtes qui elles-mêmes s’appauvrissent au fil du temps. Elles parviennent de moins en moins à payer leur loyer, à subvenir à leurs besoins quotidiens.
Quelle évolution en 4 ans ?
Après quatre ans de conflit en Syrie et une crise irakienne qui perdure, on ne voit malheureusement aucune solution de sortie. « Au Kurdistan irakien, on assiste à un phénomène de paupérisation, note Florent Del Pinto, représentant régional au Moyen-Orient pour la Croix-Rouge française. Les populations déplacées ne trouvent pas de travail, elles ont dépensé leur peu d’économies. Nous observons également la dégradation des structures d’hébergement au fil des années. Les besoins empirent tandis que nos moyens s’amenuisent. » Certains acteurs humanitaires se retirent, des bailleurs de fonds cessent leurs financements alors que les besoins augmentent. Les organisations humanitaires font part de leur grande inquiétude actuellement.
La Croix-Rouge française reste néanmoins mobilisée auprès de ses sociétés sœurs. « Elle contribue par ses actions à la solidarité déployées par les pays limitrophes auprès de ces gens qui, rappelons-le, ont pour point commun d’avoir fui la guerre et la violence », déclare Florent Del Pinto. « Faute de perspectives d’avenir, les populations cherchent à rejoindre l’Europe, c’est compréhensible. D’ici, l’on perçoit nettement leur résignation et leurs rêves d’une vie meilleure, rajoute Charles Debras. On ne voit en Europe qu’une partie de l’iceberg. »
Pendant ce temps, au Yémen…
Ce dernier est également en charge d’un programme d’aide aux déplacés internes au Yémen. Là aussi, le conflit s’enlise et la pression s’accentue considérablement sur les populations. Présente au Yémen depuis 2006, la Croix-Rouge française a mis en suspend ses programmes de développement depuis 2013 pour soutenir le Croissant-Rouge yéménite dans ses opérations d’urgence. L’accès au Yémen est quasiment impossible pour des raisons de sécurité. Le CICR coordonne tous les projets sur place. Selon Charles Debras, le Yémen était déjà en situation de crise humanitaire avant la guerre, en raison notamment de l’insécurité alimentaire, depuis la situation ne cesse de se dégrader et nous sommes à l’aune d’une catastrophe humanitaire inédite et totalement sous-estimée.