Depuis le 8 mai, 11 000 porteurs de la flamme, baptisés les Éclaireurs, se relaient dans toute la France pour faire vivre les émotions du sport et les valeurs de l’olympisme, jusqu’au lancement des Jeux de Paris 2024 le 26 juillet prochain. Un point commun : ils ont tous dans leur parcours personnel et professionnel au moins l’une des trois énergies de la compétition : celle du sport (ils sont athlètes ou sportifs amateurs), celle des territoires (ils entreprennent, innovent, incarnent le savoir-faire à la française) et/ou celle du collectif (ils agissent pour bâtir une société plus solidaire, inclusive, juste).

Perrine, une de nos jeunes bénévoles, a été sélectionnée par le département des Deux-Sèvres pour participer au relais de la flamme. Pour saluer son engagement bénévole, elle a même été choisie pour allumer le chaudron en fin de journée. Un moment d’exception, qu’elle a partagé avec joie avec sa grand-mère Chantal, son modèle, responsable de l’unité locale Croix-Rouge de Saint-Maixent-l'École, et qui avait eu la chance de porter la flamme olympique pour les Jeux olympiques de Grenoble, en 1968.

Une époque différente, une saison différente, mais pour les deux femmes, un souvenir inoubliable !

Chantal, 78 ans, est retraitée et responsable de l’antenne locale Croix-Rouge de Saint-Maixent-l’Ecole, dans les Deux-Sèvres (79). Elle a été décorée de l’Ordre du mérite pour 51 ans de service aux autres.

Perrine, 18 ans, est sa petite-fille. Elle est bénévole à l’antenne locale de Saint-Maixent-l’Ecole, étudiante en première année de DESJEPS (Jeunesse, Éducation Populaire et Sport), et coach dans son équipe de basket.

Pouvez-vous nous raconter, Chantal, votre expérience de “porteuse de flamme” olympique, il y a 56 ans?

Chantal : J’avais 23 ans, j’étais très sportive et je faisais alors partie d’un club de ski. Et c’est justement la fédération de ski alpin qui m’a désignée pour être relayeuse. C’était le 6 février 1968, le jour de l’ouverture des Jeux olympiques d’hiver de Grenoble.

A l’époque, on courait sur un kilomètre, je me souviens que ça avait été très dur. La torche était lourde, il pleuvait, neigeait, mon pull s’est gorgé d’eau, et il pesait une tonne. En plus, je portais des chaussures de ski en cuir, avec une barre en métal, une horreur ! Je pensais que je n’y arriverais pas.

Et là, je suis arrivée à l’entrée de mon village. Il y avait mes parents qui étaient commerçants, les amis, les voisins, les spectateurs … les encouragements et les applaudissements … Je me souviens que je me suis sentie portée, comme si j’avais volé sur les derniers mètres.

Je n’ai malheureusement pas de photo de ce jour-là, mais chaque année, à la même date, je me remémore ce moment d’exception, et l’émotion est toujours la même. Toujours aussi forte.

Vous avez dû être très heureuse quand vous avez appris que votre petite-fille allait à son tour être “porteuse de flamme” ?

Chantal : C’était inespéré ! Quand j’ai reçu un mail du département des Deux-Sèvres, me demandant s’il y avait parmi les bénévoles de mon unité locale un jeune de moins de 26 ans pour candidater au relais de la flamme, il n’y en avait qu’une seule : Perrine, ma petite-fille ! Je lui ai proposé d’envoyer son dossier, ce qu’elle a fait immédiatement, avec enthousiasme.

Perrine : C’était un rêve ! Je suis étudiante en DESJPES (Diplôme d’Etat supérieur de la Jeunesse, de l’Éducation Populaire et du Sport), membre et coach d’une association sportive de basket, et bénévole à la Croix-Rouge depuis 5 ans. J’étais très heureuse de pouvoir transmettre mes deux passions, d’avoir une tribune pour partager avec les jeunes de mon âge mes deux passions : le sport et le bénévolat.

Pourquoi avez-vous eu envie d’être bénévole aussi jeune ?

Perrine : Depuis toute petite, j’observe ma grand-mère gérer l’unité locale Croix-Rouge de notre commune Saint-Maixent-l'École. Lorsque j’ai eu 13 ans, je lui ai demandé si je pouvais m’engager moi-aussi. J’ai commencé par donner un coup de main le mercredi après-midi en m’occupant des enfants des familles qui venaient pour l’aide alimentaire. Puis, au fur et à mesure, j’ai participé au rangement, j'ai tenu la caisse, je me suis occupée du rayon “jouets, livres et disques”… J’ai même convaincu mes parents de s’engager !

Je sais que c’est de plus en plus difficile de trouver de nouveaux bénévoles dans certains endroits, je suis donc très fière de pouvoir montrer aux ados, aux jeunes que l’on peut utiliser son temps libre pour aider les autres. C’est beaucoup plus simple qu’on ne le croit. Et c’est surtout très enrichissant !

Perrine, comment s’est déroulé votre jour inoubliable ?

Quelques jours avant le relais de la flamme, j’ai reçu un appel de la présidente du département des Deux-Sèvres pour m’annoncer que j’avais été choisie pour être la dernière relayeuse de la journée, et donc que ce serait à moi d’allumer le chaudron sur la place Chanzy, à Niort ! Je vous avoue que j’ai versé une petite larme.

Le jour J, je suis allée travailler le matin (je suis éducatrice sportive dans ma commune), et je me suis rendue au rendez-vous des relayeurs dans l’après-midi. On a fait connaissance avec les autres porteurs de la flamme et j’ai pu partager avec eux ma fierté de représenter la Croix-Rouge sur un tel évènement.

La pression commençait à bien monter, 8 000 spectateurs étaient attendus autour de la place. C’était déjà incroyable de faire partie des 11 000 porteurs de flamme, mais être l’une des 65 allumeurs de chaudron, c'était fou !

Quand mon tour est venu, l’un des organisateurs a enclenché la cartouche de ma torche, j’ai senti une légère odeur de gaz, et hop, c’était parti ! J’étais désormais au centre de l’attention, je me suis sentie à la fois seule et portée par la ferveur des spectateurs. Je me suis mise à trottiner, il y avait une ambiance de feu. J’ai repéré parmi les visages souriants ceux des membres de ma famille, et surtout celui de ma mamie qui était super contente. Je suis montée sur l’estrade, le compte à rebours a commencé… 10 … 9 … 8 … Et enfin le chaudron s’est embrasé !

J’espère avoir donné de la visibilité à la Croix-Rouge et suscité des vocations. Je compte faire des interventions auprès des jeunes pour leur raconter mon parcours et pour leur montrer quelle formidable expérience peut-être le bénévolat.

Chantal :

On parle souvent des jeunes en disant qu’ils sont fainéants, mais ce n’est pas vrai, il y en a plein qui se bougent, qui donnent l’exemple, et il faut absolument les mettre en lumière. Si ce n’était pas ma petite fille, je la mettrais en avant de la même manière. Je suis évidemment très fière d’elle !