Apt : l’aide à domicile, pour maintenir le lien
Publié le 12 novembre 2006
Deux fois par semaine, Catherine Fournier se rend chez madame Blanc. Elle passe deux heures chez cette dame, handicapée par une prothèse à chaque jambe. En sa qualité d’auxiliaire de vie, elle s’occupe de son "ménage lourd". En fait, le dialogue a pris une place prépondérante dans leur relation. Les deux femmes parlent de la famille et surtout du mari de Mme Blanc, décédé il y a quelques années mais toujours très présent dans sa vie. L’auxiliaire de vie, tout en se livrant à ses tâches domestiques, l’écoute néanmoins avec attention et converse avec elle. Pour Mme Blanc, ces moments de conversation sont essentiels : "Catherine est devenue une amie. Avec elle, je parle de choses que je n’ose pas évoquer avec mes enfants."
Les enfants âgés
Catherine, ancienne agricultrice, aime son métier : "C’est une vraie relation qui se noue avec les personnes visitées. On sent vraiment l’utilité de notre travail, surtout avec les personnes souffrant de pathologies lourdes. Chaque personne a une histoire, des difficultés, un caractère différents". Avec sa voiture, elle parcourt plus de mille kilomètres par mois pour se rendre au domicile et aider des personnes dans leur vie de tous les jours : travaux ménagers, courses, préparation des repas, accompagnement aux sorties, aide aux déplacements, à la toilette, pour les papiers administratifs…
Elle leur apporte aussi, à travers toutes ces activités, un soutien moral : "Lorsque vous êtes auxiliaire de vie, vous êtes souvent le seul lien avec l’extérieur", souligne Mme Barthélémy, responsable du secteur d’Apt. "Les personnes sont pour la plupart entrées dans le "4ème âge" (à partir de 75 ans). Leurs propres enfants, s’ils ne sont pas éloignés, entrent dans le 3ème âge et commencent eux aussi à connaître des problèmes de santé et de mobilité. Ils ne sont donc plus en mesure de prendre en charge leur parent. Sans auxiliaire de vie, la personne seule et isolée ne pourrait donc pas demeurer chez elle."
A tous les âges de la vie
Du fait de l’allongement de l’espérance de vie et de la volonté sociale et politique de favoriser le maintien à domicile des personnes dépendantes, l’aide à domicile a connu ces dix dernières années un développement important. Cette progression est devenue exponentielle à partir de 2003 avec la mise en place de l’Aide personnalisée à l’autonomie (APA). Le service d’aide à domicile de la Croix-Rouge du Vaucluse reflète cette tendance puisqu’il est passé de cinquante salariés en 1993 à plus de 500 en 2006.
Avec l’entrée du secteur marchand favorisé par le plan de développement des services à la personne (juillet 2005), la concurrence a fait son apparition. Mais "la Croix-Rouge inspire toujours confiance", estime Amparo Caste, directrice du service d’aide à domicile du Vaucluse. Cette évolution a néanmoins incité le service à diversifier ses "publics" : en plus des personnes âgées, les aides peuvent intervenir chez les personnes handicapées ou immobilisées temporairement, un parent seul, un enfant, etc.
Afin de préparer au mieux les professionnels à toutes les situations et améliorer la prise en charge globale de la personne, le service organise régulièrement des groupes de parole animés par une psychologue, des réunions d’information et des formations spécifiques sur des thèmes tels que la maladie d’Alzheimer, les soins palliatifs, la prévention de la maltraitance, l’adulte handicapé, le VIH-SIDA, etc. Déjà 70% des aides à domicile sont titulaires de l’attestation de formation aux premiers secours (AFPS) et l’objectif du service est que toutes l’obtiennent dans un avenir proche. Mais, comme le rappelle Mme Barthélémy, toutes ces formations ne suffisent pas : "Les meilleures auxiliaires de vie sont celles qui ont la vocation."