Baisse des financements de l’urgence sociale
Publié le 3 août 2011
Le transfert des crédits de l’urgence sociale vers le logement créé de fortes tensions
Les restrictions budgétaires imposées à nos dispositifs de veille sociale créent des situations parfois très difficiles pour nos structures et toujours dommageables pour les personnes accompagnées. A tous les niveaux décisionnels, la Croix-Rouge française est en veille active sur ce point et n’hésite pas à s’engager fortement pour interpeller les décideurs publics, à refuser des baisses infondées, à dénoncer les risques induits pour les personnes vulnérables et à exiger les moyens d’un accompagnement social qui préserve l’humanité et la dignité des personnes.
Le choix de la Croix-Rouge française est l’analyse et l’intervention au cas par cas. Chaque situation est analysée avec ses spécificités et nos interventions sont adaptées à nos interlocuteurs : mairies, directions départementales de la cohésion sociale, préfectures, ministères. Cette approche fine nous permet, au plan local, d’être très proches des réalités et, au plan national, de pointer les incohérences entre les différentes politiques publiques (cohésion sociale, immigration, logement, etc...) et d’interpeller les pouvoirs publics.
La Croix-Rouge française participe pleinement à la refondation de la politique du secteur accueil-hébergement-insertion
La Croix-Rouge française soutient le principe d’une refondation de l’ensemble du dispositif AHI (accueil-hébergement-insertion) car, comme la plupart des acteurs du secteur, nous savons que les dispositifs d’urgence sociale, quels que soient leur nécessité, ne peuvent suffire à constituer une réponse de qualité et durable face à la nature et à l’ampleur des problèmes qui se posent dans notre pays.Sans mesures d’accompagnement complémentaires, la multiplication des places d’hébergement (nuitées d’hôtel ou places d’hébergement d’urgence) ne peut malheureusement pas constituer une réponse efficace et durable, qui permettrait aux personnes de reconstruire un réel parcours de vie. Nous savons d’expérience qu’une proportion importante des personnes accueillies dans les dispositifs d’urgence (15 % environ) est en capacité de bénéficier d’un logement social.
Il ne suffit donc pas de multiplier les places d’urgence, il faut également créer des solutions de logement, adapté ou social.
Les personnes capables d’autonomie doivent pouvoir accéder à un logement et les places d’urgence doivent être libérées au profit des grands exclus vivant à la rue. Dans cet objectif, la Croix-Rouge française demande le renforcement des moyens d’accompagnement social pour favoriser l’évaluation des situations et l’orientation effective des personnes vers les solutions les mieux adaptées.
De même, elle défend une véritable politique de prévention ou d’évitement des expulsions locatives par la non expulsion des ménages de bonne foi et la mise en place pour eux de moyens d’accompagnement social dans le logement. C’est par la mise en œuvre d’une véritable politique d’accès à un logement et de maintien des personnes dans leur logement que l’on permettra d’éloigner les personnes fragiles de la grande précarité.
C’est pourquoi la Croix-Rouge française a fait le choix de s’engager pour accompagner la politique de refondation de l’hébergement et de l’accès au logement. Dans ce cadre, nous sommes régulièrement en contact avec les pilotes nationaux de cette politique. Nous interpellons régulièrement la direction générale de la cohésion sociale, le délégué interministériel et le cabinet du secrétaire d’Etat au logement sur la nécessité que la refondation soit effective et que les moyens de la veille sociale ne soient pas réduits si un accès réel à un « logement d’abord » n’est pas garanti.
Pour toutes ces raisons, même si la Croix-Rouge française partage les inquiétudes exprimées, même si nous sommes solidaires de certaines revendications, nous ne nous associerons pas à la démarche de grève proposée pour le 2 août prochain.
La Croix-Rouge française assurera la continuité de son dispositif d’aide d’urgence
Nous considérons que notre devoir est de garantir une continuité du service auprès des personnes les plus fragiles. Un arrêt de travail aurait un impact négatif sur les conditions de vie des personnes que nous accompagnons. Nous pensons que notre rôle est de réaffirmer que notre engagement durable et continu auprès des populations en situation d’exclusion sociale est prioritaire sur toute autre considération.
Chaque année, la Croix-Rouge française vient en aide à un million de personnes en situation de précarité. Elle oriente notamment les personnes sans abri vers des solutions d’hébergement ou de logement adaptées à leurs problématiques individuelles, l’association dispose de plus de 2850 places dans une soixantaine d’établissements. Le réseau gère 50 lieux d'accueil de jour, 135 équipes de samu social intervenant dans 65 départements. Il est également en charge du "115" dans 8 départements.