10 victimes : c’est le bilan de l’éruption du volcan colombien Nevado Del Huila ce 20 novembre ; il en avait fait un millier lorsqu’il s’était éveillé en 1994. Un immense progrès dû à un projet de la Croix-Rouge française, appuyant sa consoeur colombienne: la préparation aux catastrophes.

Volcan situé à 280 km au Sud-Ouest de la capitale colombienne Bogota, le Nevado Del Huila est entré en éruption le 20 novembre dernier provoquant un glissement de terrain et une coulée de boue. Le système d’alerte précoce mis en place par la Croix-Rouge Française et la Croix-Rouge Colombienne, auxiliaire des pouvoirs publics, a permis une évacuation immédiate des populations à risque, sauvant ainsi des centaines de vies.

On ne mesure l’utilité des programmes de préparation aux catastrophes que lorsque celles-ci surviennent. L’initiative récente de la Croix-Rouge Colombienne et de la Croix-Rouge Française en faveur des communautés voisines du Nevado Del Huila est de ce point de vue exemplaire.

Un millier de morts en 1994

Longtemps endormi, le Nevado Del Huila fait désormais régulièrement parler de lui. En juin 1994, il était l’épicentre d’un tremblement de terre. La coulée de boue meurtrière qui s’ensuivit devait causer la mort de plus d’un millier de personnes. Depuis, l’activité régulière de ce volcan culminant à 5364 mètres a attiré l’attention de la Croix-Rouge Colombienne. En 2007, elle faisait appel à la Croix-Rouge française pour l’épauler dans la mise en oeuvre d’un projet de préparation aux catastrophes bénéficiant 11 communautés des municipalités de Belacazar, Puerto Valencia et Birmania situées au pied du volcan. Débuté en septembre 2007, le projet a reçu le soutien financier de la Commission européenne (DIPECHO) qui reconnaît l’importance des mesures préventives dans la gestion des désastres.

"Le projet repose sur trois volets", explique depuis Guillaume Bouveyron, délégué de la Croix—Rouge française détaché en Colombie,  "d’abord nous avons fait un travail de sensibilisation sur le phénomène volcanique auprès des communautés métisses et indigènes qui vivent à proximité du Nevado Del Huila. Ensuite nous avons mis en place une chaîne d’alerte entre un comité scientifique, chargé de donner l’alerte, et un comité local, chargé de transmettre l’information au sein de la population". Le dernier volet du projet a permis de doter les communautés d’un système d’alerte précoce permettant une communication immédiate de l’information : sismographe, sirène, mégaphone, antenne et radio haute fréquence.

12 000 personnes évacuées en un instant

Un projet ambitieux qui vient de montrer son efficacité à peine plus d’un an après son lancement. Le 20 novembre dernier le Nevado Del Huila entre en effet irruption. De son sommet s’échappe du gaz et des cendres, et la chaleur qui en émane provoque la fonte des neiges sommitales. S’ensuit la constitution d’une coulée de boue comparable à celle de 1994. L’alerte rouge est rapidement déclenchée et diffusée à travers la chaîne d’alerte permettant l’évacuation immédiate de 12 000 personnes vers des abris clairement identifiés. "Le programme a porté ses fruits grâce à la collaboration très étroite avec l’Etat colombien, les municipalités et les communautés locales" insiste le coordinateur du projet, soucieux de mettre en valeur tous les acteurs engagés dans cette chaîne de vie.

Dix jours après l’éruption du volcan qui est toujours en alerte orange, un bilan provisoire fait état de 10 morts. Un bilan encore trop lourd mais bien inférieur aux 1000 victimes du Nevado Del Huila 14 années plus tôt. "__Le système de communication que nous avons mis en place a permis de sauver des vies", constate Guillaume Bouveyron, tout en restant préoccupé par la situation "l__a coulée de boue a détruit tous les ponts dans les vallées qui entourent le volcan. Aujourd’hui les communautés restent isolées et l’armée a mis en place un pont aérien pour pouvoir leur acheminer des vivres".

Jérome Grimaud