En plein essor depuis plusieurs années, l’éducation thérapeutique du patient (ETP) s'inscrit dans le parcours de soins du patient. Elle a pour objectif de le rendre plus autonome en facilitant son adhésion aux traitements prescrits et en améliorant sa qualité de vie. Croix-Rouge Compétence propose cette formation aux professionnels de santé. Deux d’entre eux reviennent sur cette expérience pleine de sens et leurs perspectives.

La formation à l’éducation thérapeutique du patient a pour objectif d’accompagner le patient dans la compréhension, la reconnaissance et l'acceptation de sa maladie, construire avec le patient un projet thérapeutique adapté à ses besoins, à sa pathologie et à son environnement et participer à la mise en œuvre d'un programme d'éducation thérapeutique et à son évaluation dans le respect de la réglementation en vigueur.

La formation dispensée en Nouvelle-Aquitaine a la particularité de faire intervenir pour la première fois un patient partenaire en co-animation. Le patient partenaire s’appuie sur son expérience vécue de la maladie pour accompagner chaque patient dans son parcours de soin.  

Pamela Cartagena, infirmière au centre médico-psychologique de l’Institut Mutualiste Montsouris à Paris, a suivi la formation, tandis que Jean-Charles Erny, directeur du centre Croix-Rouge française Richelieu à La Rochelle, a choisi d’y faire participer son équipe.

Faire de l’ETP une culture d’établissement : le pari réussi du Centre Richelieu

Directeur d’un établissement en Soins Médicaux et de Réadaptation (SMR) et coordonnateur expert auprès de la Haute Autorité de Santé (HAS), Jean-Charles Erny est sensibilisé à l’ETP depuis plusieurs années : « lorsque nous avons rédigé le projet d’établissement avec le président de la commission médicale d’établissement, on s’est dit qu’il fallait placer l’ETP au cœur de notre approche », se souvient-il.

La formation transforme profondément la posture des professionnels. « On apprend à écouter autrement, à construire avec le patient, à sortir du modèle vertical où seul le soignant sait », explique Jean-Charles Erny. Une approche d’autant plus puissante qu’elle est partagée par l’ensemble des métiers : médecins, infirmiers, kinésithérapeutes mais aussi assistante sociale, professeur d’activité physique adaptée ou encore neuropsychologue. « Tous sont formés et intégrés aux programmes. »

L’éducation thérapeutique du patient c’est un engagement qui donne du sens aux équipes : « ce n’est pas du soin à la chaîne, c’est du projet construit avec le patient et cela motive », affirme Jean-Charles Erny. Il en est convaincu : supprimer aujourd’hui les programmes ETP provoquerait une levée de boucliers en interne.

Et s’il pouvait donner un conseil aux structures qui hésitent encore, il répond : « foncez ! Il n’y a même pas à hésiter. C’est un levier fort de prévention, de coopération, d’innovation. Et surtout, cela redonne une place centrale au patient dans son parcours. »

 La formation ETP : un outil pour enrichir la pratique des infirmiers

Pamela Cartagena, infirmière en centre médico-psychologique, revient sur son expérience de formation : « je connaissais le principe de l’éducation thérapeutique depuis longtemps et cela faisait plus d’un an que je me posais la question de la formation. »

Au-delà des connaissances théoriques, c’est surtout l’approche méthodologique et structurée qui a marqué Pamela Cartagena. Construire un programme ETP, comprendre les exigences légales et institutionnelles, apprendre à animer un atelier : la formation a permis une prise de recul enrichissante sur les pratiques classiques : « ce que j’ai particulièrement apprécié, c’est que ça donne une autre manière d’aborder le soin, en dehors du modèle conventionnel. »

Autre point fort de la formation : la pédagogie participative et la présence d’un patient partenaire au sein de l’équipe formatrice. Une nouveauté qui a été perçue comme naturelle et enrichissante.

« Je ne me suis même pas rendu compte au début que c’était un patient. C’était très complémentaire. Il y avait à la fois l’expertise théorique des formateurs et l’expérience vécue du patient. »

Cette double approche a offert une meilleure compréhension des besoins des patients et de la place à leur donner dans la co-construction des soins.

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