L’Equipe de France de football a suivi une Initiation à la Défibrillation dispensée par la Croix-Rouge française, jeudi 20 mai, à Tignes (73). Cette opération s’effectuait dans le cadre de notre convention avec la Fédération française de football.

Des maillots bleus, des montagnes blanches et la Croix-Rouge. Quatre formateurs salariés du Centre Régional de Formation Professionnelle (CRFP) de Rhône-Alpes avaient rendez-vous avec les Bleus, le jeudi 20 mai à 21 heures. Leur mission n’entrait pas vraiment dans le programme du stage de préparation du mondial mais dans le cadre d’une convention entre la Fédération Française de Football et la Croix-Rouge française. Objectif : sensibiliser les joueurs à la défibrillation cardiaque lors d’une séance d’initiation.

A l’issue de leur journée d’entraînement, les joueurs et plusieurs membres du staff tricolore, se sont donc réunis dans le hall aménagé de leur hôtel où les attendaient mannequins et défibrillateurs. Répartis en 4 groupes, les internationaux français ont suivi attentivement les instructions d’Yves, Ingrid, Gennaro et Jérôme, nos 4 formateurs.

A l’image de Mathieu Valbuena, Yoann Gourcuff ou Hugo Lloris, les footballeurs se sont pris au jeu de l’apprentissage dans une atmosphère détendue mais studieuse : pendant 45 minutes, les débats ont été animés et les questions nombreuses, notamment concernant la prise en charge des risques liés aux enfants*.

Au final, « la seule particularité de cette formation aura tenu à son public », explique Yves, le vétéran des formateurs de la Croix-Rouge - même si mettre Franck Ribéry en position latérale de sécurité (PLS) n’est pas donné à tout le monde !

Gennaro Cardillo, directeur adjoint du CRFP Rhône-Alpes, lui, ne boude pas son plaisir : « avoir été le centre d’intérêt de ces footballeurs le temps d’une formation est vraiment génial ! Non seulement tu les intéresses mais tu leur transmets quelque chose. Ils ont les mêmes préoccupations que nous. » Et à la question de savoir si c’était le supporter ou le formateur qui avait pris le pas, il répond, malicieux : « C’est l’amateur de foot ET le formateur ! En tout cas, c’est dans des moments comme ceux-là que l’on se rend pleinement compte de la force de notre emblème. »

*Chez les enfants, les arrêts respiratoires sont dûs principalement à des problèmes d’ordre respiratoire (étouffements, noyade, etc.) et non à un AVC.

Jérôme Berthet, formateur Croix-Rouge

« C’était vraiment une bonne idée. Certains, comme Steve Mandanda, m’ont dit avoir été formé en club (au Havre, ndlr), mais qu’ils n’avaient pas revu ces gestes depuis. Jérémy Toulalan a voulu savoir où il pouvait approfondir la formation et combien de temps cela demandait. En tant que sportifs, l’arrêt cardiaque est une problématique qui leur parle. J’espère qu’ils auront le reflexe d’appliquer ce qu’ils ont vu ici en cas de besoin. C’est sûr qu’avoir l’Equipe de France en face de soi était un peu intimidant mais on se rend compte que ce sont des citoyens à l’écoute. »

Docteur Alain Simon, médecin de l’Equipe de France

« L’intérêt pour l’Equipe de France de suivre une telle formation, c’est d’abord d’apprendre un geste qui sert à tout le monde. Il y a eu plusieurs morts sur les terrains de football récemment. Et même si on se focalise beaucoup sur les joueurs qui sont connus, c’est toutes les semaines qu’il y a des morts sur les terrains amateurs, et dans d’autres sports, comme les courses de masse, par exemple. Il est donc important que tout citoyen soit capable de reconnaître le risque et d’intervenir rapidement.Plus que des joueurs finalement, ce sont des citoyens qui ont participé à cette formation. Il y a aussi mes kinésithérapeutes qui sont là et les chargés de communication. L’Equipe de France a un défibrillateur qui la suit en permanence, y compris pour les entraînements, et nous l’emmènerons en Afrique du Sud avec nous. »

Cédric Carrasso, gardien de but de l’Equipe de France

« On a déjà vécu une situation similaire. Je me rappelle d’un entraînement à Guingamp où un joueur s’avance vers moi, je ne sais pas s’il me dit quelque chose, il veut m’attraper et il s’effondre par terre (Bafetimbi Gomis a été victime d'un malaise vagal lors d’un entraînement de l'équipe de France en vue du match contre les Iles Féroé d’octobre 2009, ndlr). Je pensais qu’il plaisantait. Je m’approche et je vois qu’il a les yeux révulsés. Ce n’était pas un arrêt cardiaque mais un malaise vagal. Et la question que je me pose, c’est comment on identifie un malaise cardiaque. Ce n’était donc pas grave mais comment identifier un malaise cardiaque quand on en voit un ? C’est pour ça qu’une formation comme celle là est très importante sur les terrains mais aussi dans la vie de tous les jours. »

Anthony Réveillère, défenseur de l’Equipe de France

« Je ne connaissais pas les gestes qui sauvent donc la formation m’a beaucoup apporté. Maintenant, il faut la rattacher à la réalité et ne pas paniquer si on se retrouve confronté à un malaise cardiaque. En tout cas, c’est bien d’avoir les gestes car aujourd’hui, je pourrais intervenir, surtout que l’utilisation du défibrillateur n’est pas compliquée. La vraie difficulté, c’est surtout de faire la bonne analyse. Nous, on peut avoir un rôle de modèle pour les autres joueurs mais aussi pour nos proches parce que malheureusement, ça peut arriver à tout le monde. Les gestes qui sauvent ne sont pas longs à apprendre. C’est important de s’aider les uns les autres. »

Djibril Cissé, attaquant de l’Equipe de France

« C’est la première fois que je suivais cette formation. C’était très intéressant. On voit faire de temps en temps à la télé mais on ne sait pas trop comment ça se passe. J’ai été attentif aux explications et c’est vrai que ça a l’air facile mais il faut s’imaginer les reproduire en situation de stress. Pour moi, la Croix-Rouge, ce sont avant tout des gens qui sauvent des vies tous les ans, pour lesquels j’ai beaucoup de respect et que je remercie pour leur travail. Parce qu’on ne sait jamais, ils peuvent peut-être sauver un membre de ma famille ou moi-même, d’ailleurs. C’est bien qu’on ait des gens comme ça. »

Patrice Evra, défenseur de l’Equipe de France

« La Croix-Rouge, pour moi, est automatiquement associée au fait de sauver des vies. Personnellement, cette formation m’a beaucoup appris parce que c’était très bien expliqué. Pour ma part, c’est la deuxième fois que je vois les gestes qui sauvent. La première fois, je l’avais fait de moi-même parce que je travaille avec l’UNICEF et quand je les avais rencontrés, ils avaient organisé un cours auquel j’ai assisté. C’était donc des révisions pour moi mais on était tous concentré, c’est quelque chose d’important pour nous. Ce soir, on repart peut-être avec la chance de sauver une vie. »

Ingrid, formatrice Croix-Rouge

« L’année dernière, nous avons déjà réalisé une opération de ce type, en partenariat avec la Fondation de l’Olympique Lyonnais présidée par Sonny Anderson. Avec la participation de Sydney Govou - que je retrouve aujourd’hui - nous avons réalisé un DVD d’information et de prévention et nous l’avons diffusé dans tous les clubs de Rhône-Alpes. »

Crédits photos : FFF