Éradiquer la faim : un défi mondial
Publié le 24 mars 2025

Conflits, changement climatique, inégalités de répartition et baisse des financements humanitaires aggravent une crise alimentaire sans précédent. Malgré une production alimentaire suffisante pour nourrir la population mondiale, des millions de personnes souffrent toujours de la faim. Premières victimes, les enfants. Toutes les 11 secondes, un enfant de moins de 5 ans meurt de faim dans le monde.
Il est urgent de remédier à ce terrible constat. Le Sommet Nutrition for Growth qui se tient à Paris les 27 et 28 mars est l’occasion de rappeler cette priorité mondiale. Car des solutions existent, portées par des acteurs engagés sur le terrain. C’est le cas de la Croix-Rouge française qui prendra part à plusieurs événements, dont le Village des Solutions, ouvert au grand public du 26 au 28 mars. Ce rendez-vous mettra en avant des initiatives concrètes et des approches éprouvées sur le terrain, notamment au Cameroun et au Tchad.
Des solutions pour lutter contre la malnutrition
Sur le terrain, nos volontaires mènent plusieurs initiatives qui portent leurs fruits. À Makary, dans l’Extrême-Nord du Cameroun, Abamet Ali, agriculteur et père de trois enfants, a longtemps vu des enfants de son quartier souffrir de malnutrition. « On disait que c’était dû au lait maternel de mauvaise qualité et on demandait aux mères d’arrêter d’allaiter », raconte-t-il.
L’arrivée de la Croix-Rouge et la création d’un Groupe de soutien à l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant ont bouleversé ses certitudes. « J’ai compris l’importance de l’allaitement exclusif et de l’alimentation équilibrée », dit-il fièrement. Aujourd’hui, il sensibilise sa communauté et oriente les enfants malnutris vers les centres de santé.
À 400 km au sud, à Soulédé, Fedama Mangayak, chef d’un centre de santé, mesure l’impact du projet de la Croix-Rouge sur sa communauté. « Avant, nous fonctionnions sans véritable appui extérieur. L’arrivée de la Croix-Rouge nous a aidés à identifier nos lacunes et à améliorer nos pratiques », témoigne-t-il.
Grâce aux formations, aux dotations en médicaments et aux kits d’hygiène, la prise en charge des patients s’est améliorée. Les actions communautaires ont permis d’impliquer les familles dans le dépistage précoce de la malnutrition. Résultat ? Une nette diminution des cas. Mais l’élan doit se poursuivre : « Depuis la fin du projet, nous constatons un relâchement. Nous avons encore besoin de soutien », alerte-t-il.
Non loin de là, à Roua, Korgai Adèle, mère de quatre enfants, a longtemps peiné à nourrir sa famille. « Nos récoltes ne suffisaient pas, et quand on vendait une partie pour payer l’école, il ne restait plus rien à manger », confie-t-elle. Puis est venu le programme de la Croix-Rouge, qui l’a intégrée aux champs-écoles paysans. Elle y a appris des techniques agricoles essentielles, comme « labourer pour retenir l’eau, utiliser l’engrais naturel, conserver les récoltes… » Aujourd’hui, son rendement a augmenté et elle peut subvenir aux besoins de sa famille toute l’année. « Je vis aujourd’hui des fruits de mon travail, et je suis fière », conclut-elle.
À quelques kilomètres de Roua, Zaïna Marthe, 50 ans, mère de sept enfants, témoigne d’un parcours similaire. « L’un de mes enfants était régulièrement malade. À chaque fois que j’allais au centre de santé, on me donnait les mêmes médicaments et du Plumpy’Nut. Il allait mieux, puis retombait malade quelques mois plus tard », raconte-t-elle.
C’est lors des activités mises en place avec toute la communauté que Zaïna a compris l’origine du problème : son enfant souffrait de malnutrition. « J’ai appris à mesurer moi-même le périmètre brachial de mes enfants pour détecter tout signe de malnutrition », explique-t-elle. Désormais, Zaïna surveille régulièrement la santé de ses enfants et de ceux de son entourage : « Récemment, j’ai testé les enfants de ma voisine, ils étaient en zone rouge. Je l’ai immédiatement envoyée au centre de santé pour une prise en charge. Sans la Croix-Rouge, je n’aurais jamais su quoi faire », confie-t-elle avec reconnaissance.
