Préparée de longue date, la réunion des sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge de 30 pays qui s’est tenue à Paris le 7 mai sur les grippes pandémiques prend une résonance particulière, deux semaines après le début de l’épidémie de grippe A qui a touché plusieurs pays. Alors que certaines voix s’élèvent pour accuser la communauté internationale d’avoir réagi de manière trop forte, la Croix-Rouge rappelle que la prévention contre un virus encore mal connu demeure essentielle.

Lors de la conférence de presse qui a suivi, Bekele Geleta, secrétaire général de la FICR a indiqué que "cette réunion avait été planifiée des semaines avant le début de la crise, ce qui montre l’importance que nous attachons à la prévention." Car si la pandémie ne semble heureusement pas se développer à ce jour, il serait imprudent de diminuer l’intensité des efforts de prévention qui sont aujourd’hui au cœur des préoccupations de la Croix-Rouge. Á titre d’exemple, Olivier Brault, directeur général de la Croix-Rouge française a rappelé que les bénévoles de notre association avaient répondu à 10 000 appels téléphoniques en 10 jours, sur la plateforme mise en place par le ministère des Affaires étrangères ; informé 5 321 passagers en provenance du Mexique ; anticipé les demandes des préfectures, dans des domaines aussi variés que l’approvisionnement en masques de protection, le transport de personnes suspectées…

Á ceux qui pensent que le danger est définitivement écarté, et que l’on "en fait trop" le docteur Pierre Duplessis, chargé de mission à la FICR pour la grippe A a rappelé avec bon sens que nous ne disposions que de 15 jours de recul sur cette crise et qu’il était "trop tôt pour crier victoire". Souvenons-nous en effet qu’en 1918, lors la pandémie de grippe espagnole qui devait emporter plus de 20 millions de personnes en deux ans, une première vague peu virulente avait précédé de quelques mois la véritable épidémie. C’est aujourd’hui ce scénario qui est redouté par le corps médical. En outre, le virus, s’il répond bien aux traitements existants est aussi susceptible de muter. Quand à ces traitements, ils ne sont pas accessibles aux populations dans de nombreux pays, faute de moyens.

Garder "la tête froide" et rester vigilant semble donc, en tout bon sens, la meilleure attitude à adopter. Grâce à la densité du maillage de leurs réseaux de bénévoles et à leur statut d’auxiliaire des pouvoirs publics, les sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge sont au plus près des populations et communautés du monde entier pour informer, sensibiliser et préparer à toute éventualité de pandémie. L’expérience acquise par la Croix-Rouge entre novembre 2002 et juillet 2003, lors de l’épidémie de SRAS, est, à cet égard, un précieux atout… Tout comme le travail accompli depuis deux semaines puisque, comme l’a rappelé Bekele Geleta, "nous ne serons jamais assez préparés !"