Deux ans tout juste après le passage du typhon Haiyan sur les Philippines, le village Croix-Rouge situé au nord de l’île de Cebu a été inauguré officiellement. Le projet a été conçu selon une approche globale visant à renforcer la résilience de la population face aux catastrophes naturelles, récurrentes dans cette partie du monde. Un village 100 % autonome et écologique.

L’ampleur de la catastrophe du 8 novembre 2013 a révélé aux acteurs humanitaires et gouvernementaux nationaux et internationaux la nécessité d’intégrer la réduction des risques dans la réponse à apporter aux populations. Sortir du cycle de la pauvreté pour renforcer de manière durable la résilience des populations est devenu l’enjeu central. Le village Croix-Rouge inauguré début novembre a été pensé dans l’optique de reloger des populations vulnérables dans une zone moins exposée aux aléas climatiques et leur offrir des conditions de vie dignes et favorisant un développement socio-économique pérenne.

Autrement, dit, une vie en autonomie totale. Ce village, issu de la collaboration entre la Croix-Rouge française et France Philippines United Action, un consortium de sociétés privées françaises installées dans l’archipel, est un modèle en son genre. Il offre en effet des solutions innovantes adaptées aux problématiques environnementales. 

L’innovation au cœur du projet

Bâti sur un terrain de 1,3 hectare, le village Croix-Rouge se compose de 128 habitations qui accueillent aujourd’hui 750 personnes. Celles-ci vivaient jusqu’alors dans des zones marécageuses, dans la plus grande pauvreté. Elles disposent aujourd’hui d’habitations conçues selon les plus hauts standards nationaux et internationaux, comprenant des installations anticycloniques. En outre, le village comprend des infrastructures communautaires : crèche, centre de santé, centre destiné aux producteurs locaux, sans oublier des centres d'évacuation d'urgence pouvant accueillir 250 personnes. Mais c’est sans aucun doute l’ambition écologique du projet qui en fait son originalité et sa force.

Une centrale de production photovoltaïque (démontable en cas de typhon) couvre ainsi l'ensemble des besoins en énergie électrique de base des familles (éclairage, ventilation, communication) et des installations publiques ; l’accès à l’eau est également gratuit grâce à un réseau d’adduction d'eau courante pour chacune des maisons ; un système individuel de récupération des eaux de pluie est installé sur chaque toit ; par ailleurs, une fosse toutes-eaux est connectée à un réseau d’égouts et d'une station de traitement des eaux usées. Enfin, des poêles de masse ont été distribuées afin de limiter la consommation de bois sec pour cuisiner, et du même coup, réduire les émissions de CO2.

Réduction des risques

Vingt hectares de mangroves ont été replantés ou réhabilités autour du site, ainsi que des bambous, afin de reconstituer les écosystèmes dégradés. Cette action, complétée par de la sensibilisation à la préservation des ressources naturelles, va en outre permettre d’absorber plus de 3 000 tonnes de CO2 ! Enfin, l’agriculture et le maraîchage durable et de forte production (permaculture) sont encouragés par des formations. L’objectif est de soutenir le développement économique et la diversification des sources de revenus par la création d'activités génératrices de revenus. Une filière de vente de produits issus de la Moringa (plante tropicale très nutritive) a notamment été créée. 

Assurer la pérennité du projet

Le projet de relogement de la Croix-Rouge française sur l’île de Cebu intègre donc le triple impératif d’adaptation à l’environnement, de prise en compte des problématiques liées au changement climatique et des vulnérabilités préexistantes pour répondre à l’objectif de renforcement durable de la résilience des populations ciblées. Il propose pour chacune des problématiques des solutions innovantes adaptées aux conditions socio-économiques et environnementales des Philippines et de la région. Pour assurer la pérennité du projet, une équipe de volontaires de la Croix-Rouge philippine a été formée pour faciliter la réponse en cas de nouvelle catastrophe. Par ailleurs, des campagnes de sensibilisation sur la réduction des risques de catastrophes, y compris au niveau local et familial et domestique, ont été conçues, pour entretenir les bonnes pratiques.

Géraldine Drot