Les stéréotypes sont nombreux lorsque nous pensons au métier d’infirmier et d’infirmière. Nos apprenants et formateurs Croix-Rouge Compétence Nouvelle-Aquitaine reviennent sur les clichés qui collent à la peau de ce métier pour mieux les déconstruire.

Nous avons interrogé pour cela 5 infirmiers en devenir à des étapes différentes de leurs carrières. Présentation : Nathan Saint-Blancard, en 1ère année d’étude au métier d’infirmier, a fait le choix de l’apprentissage après une expérience en tant qu’aide-soignant, Tibor Helis, en reconversion, débutera sa dernière année d’étude en apprentissage, Paul Robin, étudiant en 2ème année, Valérie Bonnet, responsable pédagogique à Limoges et Valérie Bertrand, directrice à l’IFSI (Institut de formation en soins infirmiers) d’Angoulême reviennent pour nous sur quelques préjugés.

L’infirmier c’est l’assistant du médecin !

Tibor Helis : C’est un cliché que j’ai pu également avoir mais dont nous les infirmiers sommes en partie responsables ! Cela peut être vrai si nous restons dans notre rôle prescrit. C’est faux si nous gravitons avec le médecin dans le parcours médical.

Paul Robin : Je dirai que c’est vrai et faux en même temps. Les mentalités évoluent même si certains médecins peuvent encore penser cela. C’est donc à nous de nous affirmer : nous sommes certes là pour respecter les prescriptions du médecin mais notre formation complète nous rend compétents et qualifiés. Preuve de notre apport spécifique, l’infirmier est d’ailleurs présents lors des réunions institutionnelles afin d’apporter une vision complémentaire à celle du médecin.

Nathan Saint-Blancard : C’est un travail en collaboration plutôt que d’assistance. Valérie Bonnet : Je n’adhère pas du tout à ce cliché. Dans les années 1990 lors de ma formation, nous luttions déjà contre cette idée-là. Il faut se positionner : nous formons une équipe avec le médecin, chacun dans son champ de compétence.

Valérie Bertrand : Dans la philosophie du soin, un patient est pris en charge de manière globale. Cela demande de l’inter-professionnalité, je dirai donc que l’infirmière est la collaboratrice la plus proche du médecin. L’infirmière apporte ses connaissances et compétences en terme d’évaluation clinique au médecin, qui voit rarement le patient aussi longtemps que l’infirmière et donc ne peut pas récolter l’entièreté des éléments nécessaires à la prise en charge. Pour avoir un soin efficient, il faut que l’ensemble des partenaires puissent collaborer et communiquer, c’est un partage de connaissances et de compétences.

L’infirmier ne fait que des piqûres !

Tibor Helis : Etre infirmier c’est beaucoup plus que faire des piqûres ! Il y a toute une analyse du soin qu’il faut être capable de mener avant de faire une piqûre.

Paul Robin : Lors de mon stage aux urgences, j’ai pu constater que 70% des actes des infirmiers sont des actes sociaux. Avant de faire un acte technique, il faut avoir recueilli les données relatives à la santé du patient. Il ne faut d’ailleurs pas oublier que nous sommes dans une formation sanitaire et sociale et pas uniquement médicale !

Nathan Saint-Blancard : Notre champ d’action est celui de l’humanitude et de l’individualité des personnes. C’est un travail qui nécessite de l’empathie et ne se résume pas à des piqûres. C’est un métier très diversifié alliant le rôle propre de soin et de bien-être et le rôle prescrit qui est plus technique.

Valérie Bonnet : L’infirmière a un rôle propre : celui de répondre au bien-être et au confort de la personne soignée : nursing, alimentation, déplacement, habillage… C’est la base de notre métier, il ne faut pas l’oublier. Faire des piqûres, c’est seulement le rôle prescrit.

Valérie Bertrand : C’est vrai que les infirmiers sont des techniciens, qui connaissent un certain nombre de gestes techniques en fonction de la spécialité dans laquelle ils évoluent. Mais c’est avant tout un professionnel du soin dans plusieurs dimensions. L’infirmier est leadership d’une équipe car il doit gérer la prise en charge globale du soin et collaborer avec l’équipe médicale.

L’infirmier, un métier de femme !

Tibor Helis : La tendance évolue et en tant qu’homme nous trouvons tout à fait notre place. La moustache est autorisée messieurs !

Paul Robin : Nous sommes 3 étudiants à répondre à ces clichés, la preuve que nous sommes dans une évolution certaine !

Nathan Saint-Blancard : Les mentalités sont en train de changer. Dans notre profession, on dit que les hommes sont plus spécialisés sur les plateaux techniques comme les urgences, ce qui n’est pas forcément vrai.

Valérie Bonnet : Je ne sais pas si c’est un cliché ou une réalité ancrée de par l’histoire de la profession. Peut-être que l’image des bonnes-sœurs qui étaient les premières à exercer ce métier lui colle à la peau ?

Valérie Bertrand : Historiquement, ce métier a été initié par des femmes. Je crois que c’est très sociétal que les femmes choisissent d’embrasser une carrière paramédicale, dans l’accompagnement, souvent confondu avec le maternage.

Infirmier, un métier qui évolue peu

Tibor Helis : Le métier est en pleine évolution. L’infirmier va devenir un maillon essentiel dans la chaîne de soin afin de faire face aux déserts médicaux, cela se voit notamment avec l’infirmier en pratique avancée : la pratique avancée favorise la diversification de l’exercice des professionnels paramédicaux et débouche sur le développement des compétences vers un haut niveau de maîtrise.

Paul Robin : On tend à ce que l’infirmier ait moins affaire aux médecins pour réaliser ses actes. Nous n’allons pas devenir de mini-médecins mais cela ouvre de nouvelles perspectives de carrière, avec l’opportunité d’un mode d'exercice plus autonome et d’une meilleure reconnaissance.

Nathan Saint-Blancard : Les techniques en médecine et en santé sont en progression constante. Les conditions dans lesquelles nous exerçons notre travail freinent cependant cette évolution.

Valérie Bonnet : Actuellement on essaie de créer notre propre département de sciences infirmières pour obtenir une existence ancrée dans la profession avec des métiers qui se développent, notamment les infirmiers en pratique avancée. De nouvelles missions sont confiées aux infirmiers comme l’habilitation aux constats des décès. Les approches complémentaires telles que les diplômes universitaires en aromathérapie sont des ouvertures possibles et des évolutions qui répondent à des besoins de la population.

Valérie Bertrand : Cela a toujours été un métier qui bouge. Déjà à la fin de mes études en 1999, nous avions des perspectives d’évolution de carrière et nous pouvions nous spécialiser et monter en compétence : j’ai par exemple obtenu un doctorat en science de gestion. Aujourd’hui c’est d’autant plus vrai avec l’université puisqu’avec une licence en soins infirmiers, il est possible de basculer dans des cursus de master qui peuvent être très divers. Cela ouvre le champ des possibles aux étudiants.

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