L'aide alimentaire sur le terrain
Publié le 17 avril 2008
La Croix-Rouge française distribue chaque année 30 millions de repas, dans ses centres de distribution alimentaires ou dans ses épiceries sociales. Reportages à Albertville (73), Maisons-Alfort (94) et Rueil-Malmaison (92).
ALBERTVILLE (73) : CENTRE DE DISTRIBUTION ALIMENTAIRE DE LA CROIX-ROUGE
L’aide alimentaire est l’une des principales activités de la délégation d’Albertville. La distribution a lieu le lundi et mobilise une quinzaine de bénévoles. En moyenne, 70 à 80 personnes (environ 40 familles) viennent chaque semaine: des mères de famille (les plus nombreuses), des jeunes couples, quelques personnes âgées, des hommes seuls, des jeunes en difficulté, des personnes sans domicile fixe.
Un colis varie entre 15 et 18 kilos pour une famille. Les produits sont assez variés (fruits et légumes, conserves, viennoiseries, produits laitiers, etc.). La délégation demande une participation modique pour le lait (20 centimes par litre). Elle fournit également des produits pour les nourrissons (couches – en fonction des stocks – lait de croissance, petits pots, etc.). A l’accueil, les bénéficiaires prennent un ticket et sont ensuite appelés par les bénévoles pour faire le point sur leur situation, en fonction des courriers des assistantes sociales. Il s’agit d’un moment important de dialogue, de conseil et d’échange.
"On s’est aperçu que les profils des bénéficiaires étaient très diversifiés, témoigne Colette, la bénévole chargée de l’accueil. On voit des jeunes en détresse, des jeunes couples, des personnes divorcées. Aujourd’hui, la misère touche des personnes qui travaillent, qui ont un appartement, des enfants. Et souvent, elles veulent se confier. Notre rôle est d’offrir une écoute, un accueil."
MAISONS-ALFORT (94) : DISTRIBUTION ALIMENTAIRE
La délégation distribue chaque samedi environ 600 rations, ce qui équivaut à deux ou trois repas par famille. En 2007, près de 25 tonnes de marchandises ont ainsi été distribuées. La délégation s’approvisionne exclusivement auprès de la banque alimentaire d’Arcueil. Elle dispose de trois congélateurs offerts par la société Picard, ce qui lui permet dorénavant de conserver de la viande et du poisson, en plus des produits de base.
Chaque nouvel arrivant – envoyé par les services sociaux de la mairie, les assistantes sociales ou d’autres associations – paie un droit d’inscription symbolique, à hauteur de 50 centimes d’euros par personne.
Jean Boulet, responsable de la distribution alimentaire depuis une quinzaine d’années, atteste de l’augmentation très nette de la fréquentation : "de 20 à 30 familles aidées il y a dix ans, nous sommes passés à une centaine par semaine, soit 350 personnes en moyenne. Actuellement, 78 familles sont inscrites à Maisons-Alfort et 75 à Alfortville. Par ailleurs, nous accueillons désormais beaucoup de Français en situation de précarité et plus seulement des étrangers. Parmi eux, des étudiants qui viennent de façon irrégulière. Ce phénomène est vraiment récent".
RUEIL-MALMAISON (92) : L’ÉPICERIE SOCIALE
Ouverte les lundis et jeudis, l’épicerie sociale accueille des personnes en situation de difficulté passagère. Baptisée de façon symbolique "L’intervalle", son accès est limité dans le temps : entre un et trois mois. Les bénéficiaires sont envoyés ici par les services sociaux de la ville, lorsqu’ils se retrouvent dans des situations de surendettement momentané, de rupture familiale ou de perte d’emploi. Un chiffre, très parlant : 25 % des bénéficiaires exercent une activité salariée.
L’épicerie ressemble à un petit supermarché où les bénéficiaires peuvent faire leurs courses à l’abri des regards contre une participation financière: ils ne paient que 10 % du prix affiché. Une fiche individuelle est établie pour chaque famille avec un budget délimité, ainsi qu’une quantité de produits à ne pas dépasser. Les bénévoles accompagnent les bénéficiaires dans les rayons, les conseillent sur le choix des aliments. Les fruits et légumes sont vendus volontairement sans limite de quantité, pour leur donner de bonnes habitudes alimentaires.
Mélanie, la coordinatrice sociale, reçoit chaque nouveau venu pour lui expliquer le fonctionnement du lieu. Ensuite, elle suit le parcours de la personne et l’aide dans ses démarches : "Un projet est mis en place dès leur arrivée, avec des objectifs bien précis, explique-t-elle, comme rembourser des dettes, combler un découvert, retrouver un emploi ou un logement ; une aide matérielle peut leur être proposée en plus de l’aide alimentaire, pour payer une formation professionnelle ou régler des frais de crèche. L’objectif est de rendre les familles responsables de leur vie".