Ouvert depuis septembre 2010, l’Institut Régional de Formation sanitaire et sociale (IRFSS) d’Ile-de-France a été inauguré le 24 janvier. Installé auparavant dans les locaux du siège parisien de la Croix-Rouge française, il est désormais basé au Quadrium Est de Romainville en Seine-Saint-Denis.

L’installation s’est faite dans un environnement d’entreprises en pleine évolution : C’est une délocalisation stratégique qui correspond à une volonté de renforcer notre présence dans le département et une opportunité de participer à l’employabilité, par le biais de la formation.

Carole, 41 ans, Leslie, 32 ans, et Caroline, 22 ans, suivent toutes trois la formation d’auxiliaire de puériculture qui se déroule sur 11 mois. Comme le laisse supposer l’écart des âges, chacune d’entre elles a un parcours différent. Carole et Leslie préparent leur reconversion professionnelle après avoir travaillé comme fonctionnaire pour la première, dans l’aéronautique pour la seconde. La plus jeune, quant à elle, poursuit son évolution de carrière.Employée dans une crèche municipale de Boulogne-Billancourt, elle vise le diplôme d’Etat afin de pouvoir évoluer dans la structure et obtenir, à terme, le statut de fonctionnaire. Dans son cas, c’est l’employeur qui finance sa formation. Comme elles, 65 élèves suivent une formation initiale ou une formation passerelle pour devenir auxiliaires de puériculture.

La moitié d’entre elles ont le Baccalauréat, les autres un simple BEP ou sont des salariées en requalification. Les profils des apprenants sont aussi variés que les formations proposées (aide-soignant, auxiliaire de puériculture, auxiliaire de vie sociale, auxiliaire médico-psychologique, ambulancier ou auxiliaire ambulancier). Le dispositif, très complet, comprend la pré-qualification, la préparation au concours, la formation diplômante, la formation continue et permanente. Sans oublier les formations passerelles qui permettent de cumuler les diplômes, pour passer, par exemple, d’ambulancier à aide-soignant.

« La Croix-Rouge française a beaucoup développé cette transversalité entre les différentes filières, explique Ingrid Choukrallah, directrice de la filière Aides-soignants, c’est même ce qui caractérise notre projet pédagogique. Ici, les élèves ont la possibilité d’appréhender divers métiers, les passerelles d’un secteur à l’autre sont facilitées et c’est, je pense, un véritable atout. Nous nous efforçons de développer sans cesse de nouveaux modules de formation, au gré des demandes des apprenants, ce qui est en soi très innovant. Notre ambition est de devenir un vrai pôle de formation ». Toutes ces formations de niveau V (accessibles sans le Baccalauréat) ont un objectif commun : offrir des chances de qualification débouchant sur un emploi.

Un ancrage durable dans une région fragilisée

Le projet pédagogique de l’IRFSS s’appuie sur une logique d’insertion ou de réinsertion professionnelle et sociale. Il a pour vocation de permettre à un bassin de population peu qualifié ou en recherche de travail d’accéder à un emploi à travers son panel de formations et son dispositif de pré-qualification. En Seine-Saint-Denis, le tissu socio-économique est très fragilisé. Le taux de chômage y est élevé (17% en 2007, Insee), celui de la scolarisation chez les 18/24 ans, particulièrement faible (50 ,7%).

« Avec 1,6 personnel de santé pour mille habitants, contre 6,1 à Paris, le besoin en personnels touche tous les métiers du sanitaire et du social », explique Philippe Testa, directeur du site de Romainville. De plus, 14 % des métiers les plus recherchés par les employeurs concernent le secteur médico-social - le métier d’aide-soignant arrivant en troisième position. Consciente du rôle qu’elle peut jouer en matière d’employabilité de la région, l’équipe dirigeante a très vite développé des partenariats avec Pôle emploi, les crèches, les maisons de retraite et les hôpitaux de la ville, ou encore avec le groupe Korian. Dans tous ces secteurs, les débouchés ne manquent pas.

Une dizaine de postes ont déjà été réservés en crèches et dans les PMI (protection maternelle infantile) du département pour la promotion 2011 d’élèves auxiliaires de puériculture. Le rôle du conseil général est ici central puisqu’il a pour mission de définir et répartir l’offre de formation sur le territoire et qu’il a ensuite la responsabilité du financement des dépenses pédagogiques et administratives des organismes de et écoles de formation de la région. De plus, l’IRFSS de Romainville a très vite sollicité son premier partenaire, à savoir le réseau de la Croix-Rouge française dans le département.En effet, les délégations locales comme la délégation départementale, connaissent parfaitement tout le tissu social et œuvrent au quotidien aux côtés de nombreux partenaires locaux, ce qui constitue un atout incontestable. Des échanges ont par ailleurs commencé à s’instaurer entre bénévoles et élèves de l’IRFSS et sont amenés à se multiplier, à la fois sur le site de l’institut et sur le terrain.

Développer les projets sociaux

A terme, l’IRFSS sera en capacité d’accueillir 350 élèves et 500 stagiaires en formation continue. Au fil des prochains mois, l’institut ouvrira ses portes à de nouvelles filières, principalement aux infirmières, et développera les formations à caractère social (filières sociales diplômantes, formation d’auxiliaire de vie sociale et auxiliaire médico-psychologique).

« Nous avons la volonté d’aller au-delà des formations de niveau V et de relancer des projets sociaux qui font partie de la culture Croix-Rouge », insiste Marie-Françoise Baranès, directrice régionale de la formation. Mais la mise en place de ces projets reste bien sûr conditionnée par les financements obtenus. L’équipe de l’IRFSS poursuit activement sa recherche de fonds et de formes de mécénat pour pouvoir concrétiser son programme ambitieux et prometteur.