La Croix-Rouge auprès des réfugiés irakiens
Publié le 19 juin 2008
Il est difficile de mesurer avec exactitude l’ampleur de l’exode de la population irakienne. Selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR), ils seraient 4,2 millions à avoir fui la guerre et la violence, soit 40.000 départs chaque mois. Près de la moitié d’entre eux s’est réfugiée dans les pays voisins : 1,5 million en Syrie et 500.000 dans le royaume Achéménide de Jordanie.
Toutefois, ni la Jordanie ni la Syrie ne sont signataires de la Convention de 1951 sur les réfugiés. En conséquence, les Irakiens n’ont pas de statut légal et ont interdiction de travailler. Très vite, cette population se retrouve donc en insécurité économique.
Des besoins croissants en termes de santé
La question de la prise en charge médicale des réfugiés s’est rapidement posée. Si la Jordanie n’a pas, dans un premier temps, souhaité faire bénéficier les réfugiés de ses services de santé publique, la Syrie, en revanche, a ouvert les portes de ses hôpitaux, mais leur capacité d’accueil s’est très vite trouvée saturée.
Dans les deux contextes, la création de structures médicales spécifiques s’est donc avérée nécessaire. Active sur le territoire irakien dès 2003, la Croix-Rouge française a été contrainte de se retirer en 2005 pour des questions de sécurité. Néanmoins, elle a souhaité poursuivre son aide à la population irakienne en soutenant l’ouverture de deux centres de santé primaire en Syrie (février 2005) et en Jordanie (mars 2006).
Un soutien psychosocial primordial
À Amman, le centre de santé de Hashemi Shamali – dont le financement est assuré par le département humanitaire de la Commission européenne (ECHO) – propose des consultations gratuites en médecine générale et en gynécologie. Il ouvrira prochainement un cabinet de dentiste.
En Syrie, l’ancien centre vétuste et inadapté, a été fermé au bénéfice d’une nouvelle clinique qui a ouvert ses portes le 1er octobre 2007 dans le quartier de Sayyeda Zeynab, avec le soutien financier du ministère des Affaires étrangères. Si les médicaments sont distribués gratuitement, les consultations demandent une petite participation financière. Au total, neuf personnels de santé proposent des consultations en médecine générale, gynécologie, pédiatrie, endocrinologie, cardiologie, ophtalmologie et un laboratoire d’analyses.
L’augmentation permanente de la fréquentation dans les deux centres traduit bien l’importance des besoins à couvrir. En dépit de la qualité des soins proposés, délégués et praticiens s’accordent à dire que l’accompagnement psychosocial des patients devrait être développé : "La plupart des personnes que nous traitons ont vécu des situations terribles, souligne le Docteur Zilal Jamal Al Rawi, endocrinologue au centre de santé de Sayyeda Zeynab. Certaines d’entre elles ont assisté à des assassinats ou des attentats, d’autres ont été personnellement menacées".
A ces traumatismes s’ajoute une détresse psychologique liée directement aux difficultés d’intégration, à l’insécurité juridique et économique qui atteignent cette population dans sa dignité et la rendent dépendante de l’aide internationale. Les prochains mois devraient voir émerger des activités permettant notamment aux enfants et aux femmes de recevoir une écoute et, si nécessaire, de bénéficier de services spécialisés.
Malgré des difficultés, rares sont les réfugiés irakiens qui envisagent de retourner dans leur pays. Ils affichent au contraire une grande détermination à faire table rase du passé, à s’établir dans leur pays d’accueil ou partir pour l’Europe ou l’Amérique, où ils espèrent "trouver la paix".