En collectant des fournitures scolaires dans les enseignes Cultura, la Croix-Rouge française peut ensuite les redistribuer gratuitement aux familles qui en ont le plus besoin. La Croix-Rouge française et Cultura renouvellent pour la quatrième année consécutive l’opération « banque scolaire », du 24 août au 11 septembre.

Alors que le coût de la rentrée a encore fait un bond en 2011, cette opération se révèle indispensable pour de nombreuses familles. Illustration à la délégation Croix-Rouge d’Angoulême (16), lors de la première journée de distribution.

A l’entrée du magasin Cultura de Champniers à 8 km d’Angoulême, trois bénévoles de la Croix-Rouge de Jarnac sont postés depuis 9h du matin en ce mercredi 31 août. Comme tous les mercredis et samedis entre le 24 août et le 11 septembre, l’enseigne Cultura et la Croix-Rouge s’associent pour l’opération « banque scolaire » qui vise à récolter puis distribuer des fournitures aux familles en difficulté. Ce matin c’est carton plein et c’est le cas de le dire ! La récolte est bonne puisqu’en deux heures de temps le carton destiné à la Croix-Rouge déborde déjà de copies simples et doubles grand format, de trousses, de feutres, de cahiers, de crayons et de stylos de toutes sortes. Le succès de l’opération déjà menée en 2008, 2009 et 2010 ne semble pas se démentir. Lors de la première journée de collecte au Cultura de Champniers, 86 kilos de fournitures ont ainsi été récoltés, d’après Karine, chef du secteur papeterie du magasin.

Deux fois mieux que l’année dernière

Grâce à une bonne presse et à des publicités qui passent en boucle à la radio, Cultura et la Croix-Rouge ont pu susciter l’intérêt des gens et les prix attractifs affichés dès l’entrée du magasin permettent également aux clients de donner sans se ruiner. « Je pense que sur les premières journées, on a fait deux fois mieux que l’année dernière », déclare Lydie, adjointe du service papeterie du magasin. Et non seulement les gens se montrent plus généreux et compréhensifs, explique-t-elle, mais on note cette année une recrudescence de la participation des jeunes, et pour cause : « Ils se sentent concernés par les problèmes de société. Même les étudiants qui n’ont pas beaucoup d’argent font un geste », analyse Maud Largeau, présidente de la délégation Croix-Rouge d’Angoulême. Autre évolution cette année, les dons sont non seulement présents en plus grande quantité mais ils sont plus esthétiques : « Les gens ont vraiment le souci de faire plaisir pour de vrai », selon Karine. « Les fournitures données sont plus originales. Avant on était vraiment sur du basique, cette année c’est plus coquet ! »A midi, la relève arrive pour remplacer les bénévoles de Jarnac qui repartent avec une vingtaine de kilos de fournitures sous les bras.

« Une aide extraordinaire » pour de nombreux bénéficiaires

Pendant ce temps, au siège de la délégation d’Angoulême, on se prépare pour les premières distributions. Tous les mercredis de septembre, les bénévoles se relayeront entre 14h et 16h pour distribuer gratuitement les fruits de leur récolte. Calquée sur le principe de la banque alimentaire, la banque scolaire fonctionne trop bien, malheureusement. Il n’est pas rare, comme le déplore Maud Largeau, de retrouver les mêmes personnes d’une année à l’autre et surtout des bénéficiaires d’autres actions sociales mises en place par la Croix-Rouge. Mais nombreux aussi sont ceux qui viennent ici pour la première fois.Dix minutes avant l’ouverture des portes du local, où a lieu la distribution, une petite foule constituée en majorité de mères de famille se presse déjà devant l’entrée. Parmi ces bénéficiaires qui attendent, il y a Fatmah, venue avec son fils Eric. Elle repartira quelques minutes plus tard avec un sac rempli de cahiers, crayons de couleurs, stylos et crayons à papier. « C’est une aide extraordinaire », confie-t-elle dans un grand sourire. Avec seulement un RSA de 500 euros par mois, il était impossible pour cette mère célibataire d’envisager une rentrée sereine sans bénéficier de cette opération. Myriam ressent le même soulagement, elle qui élève également son fils seule. C’est en venant chercher un colis à l’aide alimentaire qu’elle a découvert l’opération. Et quand on évoque la rentrée prochaine, elle répond timidement : « Si je peux faire autrement, je ferai autrement, mais sinon je reviendrai ici.»

Effervescence à la délégation

Une fois les portes ouvertes, c’est l’effervescence ! Dany Bonnaudeau, la responsable projet et communication de la délégation et quatre jeunes bénévoles se relaient pour assurer la distribution des fournitures. Pendant que certains remplissent des sacs entiers en respectant scrupuleusement les listes de fournitures des enfants, les autres remplissent les fiches de distribution qui permettront ensuite de faire un point sur le stock. En un après-midi, plus de la moitié du stock de 70 kg de fournitures s’est écoulé. Selon Dany Bonnaudeau, c’est la plus forte fréquentation depuis 2008.

Barka, elle, a 6 bouches à nourrir : 5 enfants et un mari au chômage, avec un budget de 1200 euros par mois. Chaque rentrée des classes est donc pour elle une gageure. Mais cette année, deux de ses enfants, inscrits au soutien scolaire à la Croix-Rouge d’Angoulême, lui ont fait découvrir « la banque scolaire ». Résultat, elle a pu repartir avec pratiquement tout le nécessaire pour assurer à ses trois plus jeunes enfants, qui entrent en CP, 6e et 4e, une bonne rentrée. « Quand vous avez cinq enfants et qu’il faut leur fournir tout : vêtements, fournitures, sacs, chaussures, etc., faites le calcul, ça fait beaucoup ! Sincèrement, ce dispositif c’est une grosse bouffée d’air. » Même son de cloche du côté de Philippe, père au chômage de 47 ans, venu faire l’appoint de matériel scolaire pour son fils de 12 ans. Il découvre lui aussi l’opération Cultura : « Certes, on touche l’allocation de rentrée scolaire, mais pour le reste de l’année, on n’a plus rien ! Il ne faut pas oublier qu’ensuite il faut renouveler les cahiers et les autres fournitures, ça fait pas mal de choses en plus à racheter. » Pour lui, venir s’approvisionner ainsi pour toute l’année scolaire est « indispensable ! Si je n’avais pas cette aide, c’est mon garçon qui en pâtirait ».

Un très beau partenariat

Grâce à l’opération menée de front avec Cultura, Maud Largeau et son équipe ont pu aider une cinquantaine de familles l’an passé. Cette année, elles seront sûrement encore plus nombreuses à en bénéficier. L’an passé, 20 tonnes de fournitures avaient été récoltées sur toute la France grâce au partenariat Croix-Rouge/Cultura. Un chiffre qui n’a cessé d’augmenter depuis la première édition en 2008. Et face aux besoins grandissants des familles, Maud Largeau souhaite que ce dispositif se poursuive au-delà de 2011 : « C’est une très belle opération, elle doit continuer. Nous sommes ravis de rendre ce service aux familles en difficulté ».

Vanessa BARBIER