Un mois après le passage de la tempête Xinthia, les blessures sont encore profondes à la Faute-sur-Mer (85). La petite station balnéaire vendéenne a payé le plus lourd tribut avec 29 morts, des centaines de maisons à raser et des dégâts matériels considérables.

Entre nettoyage et soutien psychologique, les équipes de la Croix-Rouge française s’impliquent à tous les niveaux pour répondre aux immenses besoins.

Trois semaines après le passage de Xinthia, le ballet des professionnels du nettoyage et de la restauration était incessant à la Faute-sur-Mer. Dans les rues, des monticules de gravats et de détritus divers jonchent encore les trottoirs. Pas ou peu de riverains, beaucoup ayant quitté la ville meurtrie et leurs maisons désormais inhabitables.

Sur le parvis de l’hôtel de ville, la Croix-Rouge française a installé dans des préfabriqués une cellule post-urgence, en partenariat avec la CUMP (cellule d’urgence médico-psychologique), ouverte 7 jours sur 7. Philippe Riant, président de la délégation départementale de Vendée, résume les missions qui lui ont été confiées depuis la tempête : «L’hébergement d’urgence a été notre première mission. Avec la protection civile, nous avons relogé 110 personnes dès le premier soir de la catastrophe. Dans un deuxième temps, nous nous sommes attelés au nettoyage des maisons à l’Aiguillon sur Mer puis à la Faute sur Mer. Aujourd’hui, notre troisième mission concerne la gestion de la post-urgence. »

Une mobilisation tous azimuts et à long terme

Entre la distribution quotidienne de 400 repas, l’activité de banque alimentaire, le lavage du linge des personnes sinistrées, le renfort des équipes administratives de la mairie ou l’octroi de microcrédits, la Croix-Rouge française a su déployer ses compétences partout où le besoin s’en faisait sentir. Comme l’explique Isabelle Rousseau, responsable de la post-urgence en Vendée, « nous n’aidons pas des personnes pauvres. Nous venons ici en aide à des personnes qui ont tout perdu. Il y a de la souffrance, mais la solidarité a été exceptionnelle. Réceptionner autant de dons a même été difficile. »

En effet, les vastes ateliers communaux abondent de biens divers fournis par des particuliers et des entreprises. Sur présentation de la déclaration de sinistre, les bénéficiaires peuvent emporter ce qu’ils souhaitent. Ce sont ainsi 10 à 20 personnes qui se succèdent chaque jour pour récupérer des meubles, de l’électroménager, des matelas, de la vaisselle, des poussettes, etc. Le jour de notre venue, trente pièces de gros électroménager (réfrigérateurs, gazinières, lave-linge), offertes à la Croix-Rouge, ont été distribuées en une demi-heure.

Les sinistrés d’été

« Tout ce qui a pris l’eau est perdu. Avec le sel, ça ne pardonne pas ». En effet, lorsque l’on pénètre dans les maisons, la même odeur de moisi vous saisit. Sur la vingtaine de bénévoles de la Croix-Rouge mobilisés, 2 à 3 d’entre eux se consacrent exclusivement au nettoyage et au déblayage des maisons, aux côtés de la protection civile. Il faut sortir les meubles, nettoyer la boue, sauver ce qui peut encore l’être. Mais avec le temps, un autre problème se dessine.

Si 250 personnes sinistrées ont été relogées dans des maisons secondaires prêtées par leurs propriétaires ou des mobil home, elles vont devoir quitter ces logements avec la saison estivale. En collaboration avec les pouvoirs publics, la Croix-Rouge interviendra, lorsqu’elle sera sollicitée, pour leur fournir d’autres adresses.

L’association a été mobilisée pour une période d’au moins deux mois, dans le meilleur des cas. De l’urgence immédiate à la gestion de la post-urgence, les besoins ont évolué. Aux soucis matériels, il faut ajouter l’immense détresse et les traumatismes qui mettront du temps à disparaître.

Témoignages

Rolande, 80 ans

Avec ses mots, entre sourires et larmes, Rolande a accepté de nous livrer le récit de cette nuit douloureuse du 27 février.« C’est mon chien qui m’a sauvée en sautant sur mon lit. Je me suis réveillée et il y avait de l’eau partout qui ne cessait de monter. Je me suis agrippée à la table pendant plus de cinq heures en criant de toutes mes forces (sa voix se brise). Heureusement qu’un voisin est venu voir si j’allais bien. Il m’a envoyé les bénévoles de la Croix-Rouge qui m’ont emmenée et j’ai enfin pu manger et dormir. C’était important d’avoir leur réconfort à ce moment là… »

Louise, 73 ans

Encore traumatisée par la tempête, Louise est contrainte de quitter son appartement dévasté. C’est finalement un soulagement pour elle qui part vivre à Luçon, loin de la mer. La Croix-Rouge française l’aide à préparer son déménagement imminent.

« J’étais dans mon lit au moment de la catastrophe. Vers 3h du matin, j’ai entendu comme une explosion dans les toilettes. Je me suis levée, j’avais les pieds dans l’eau. Elle arrivait de tous les côtés. J’ai eu très peur. Il n’y avait plus d’électricité, alors j’ai récupéré des bougies à tâtons et j’ai essayé de trouver une boîte d’allumettes sèches. J’ai pris un balai et j’ai tapé contre les murs, sur le plafond pour appeler à l’aide. Ensuite, je me suis mise sur le rebord de la fenêtre et j’ai hurlé. Des voisins sont venus me chercher. Ils m’ont prise sur leur dos et m’ont montée à l’étage. Le lendemain, les équipes de la ville m’ont descendue par grue-élévatrice et m’ont conduite au gymnase. J’ai pu contacter des amis à la Tranche-Sur-Mer qui m’ont relogée. Lorsque je suis revenue dans mon appartement, il y avait de la boue partout. C’est la mairie qui m’a mise en relation avec la Croix-Rouge. Celle-ci m’a donné les produits d’entretien et la protection civile a nettoyé. Sans cette aide, je ne sais pas comment j’aurais fait ».