Un gîte en bord de mer, sur la presqu’île de Rhuys, en Bretagne, c’est dans ce cadre enchanteur que 24 personnes sans abri ont pu oublier leurs difficultés du quotidien.

Ces personnes sans abri, hébergées d’ordinaire dans des centres d’hébergement d’urgence ou de réinsertion sociale, ont pu durant une semaine (du 27 août au 2 septembre 2011) se dépayser, retrouver le goût d’un bonheur simple et sans contraintes... Des vacances inoubliables organisées par le Samu social du Val-de-Marne.

Certains n’avaient jamais vu la mer, d’autres n’étaient même jamais partis en vacances. Parce que leur quotidien ne leur permet ni trêve ni rêve ; il les mène de centres d’hébergement en services sociaux et d’urgence. Dans leur galère, ils ont eu la chance de croiser le Samu social du Val de Marne (94).

Sandrine Cardoso, responsable socio-éducative, avait ce projet en tête depuis très longtemps et l’équipe du Samu social l’a suivie dans cette aventure. « Les associations organisent en général des vacances pour les enfants, les familles, les personnes âgées… mais pas pour des adultes seuls et isolés, considérés à tort comme autonomes. En conséquence, cette population est souvent laissée pour compte », explique Sandrine Cardoso.Il a fallu huit mois de travail et de réunions préparatoires en petits groupes pour organiser ce séjour de A à Z en prenant soin de laisser le maximum d’autonomie aux futurs vacanciers. A eux de gérer le budget, de prévoir les courses pour les repas, d’organiser les sorties et activités.Le planning a pris forme, progressivement : virée en bateau jusqu’à l’île aux Moines, journée des saveurs bretonnes comprenant la visite d’un centre d’ostréiculture et d’une biscuiterie, suivie d’un repas au restaurant, visite d’une église abbatiale, etc.Une semaine de pur bonheur.

Des citoyens comme tout le monde

Accompagnés de 4 salariés de la Croix-Rouge, la petite communauté de vacanciers a donc rejoint la Bretagne le 27 août.« Nous redoutions quelques tensions, du fait que ces personnes n’ont pratiquement pas de relations entre elles, raconte Sandrine. De plus, nous avons pu constater à quel point elles avaient perdu l’esprit d’initiative et leur indépendance, tellement habituées à fréquenter des lieux d’accueil cloisonnés avec un cadre et un règlement stricts ! Certaines n’osaient même pas prendre un café sans demander l’autorisation ! » Et puis, au bout de deux jours, dans ce cadre de vacances entièrement dédié au plaisir, la magie a opéré : « Certains rayonnaient littéralement ! Même leur apparence physique a changé ! », s’exclame la responsable du projet, elle-même étonnée de cette métamorphose. « Ils sont soudain redevenus des citoyens comme tout le monde, prenant soin d’eux, plaisantant… Ils ont retrouvé un sentiment de liberté et de légèreté ». « Autant de leçons à tirer dans notre travail au quotidien aux côtés de ce type de public », conclut Sandrine Cardoso, « pour les aider à reprendre confiance en elles et à rester le plus possible autonomes. » Car il a fallu rentrer et affronter à nouveau la réalité. Un retour très difficile pour tous.