Cet été plus encore que les précédents, une majorité de français ne partiront pas en vacances, crise oblige. Parmi eux, les plus défavorisés, qu’ils soient seuls, âgés, en difficulté sociale ou handicapés, ne sont parfois pas partis depuis des années… La Croix-Rouge française aide ces familles à se mettre "au vert", le temps d’une semaine ou d’un week-end bien mérités. Aujourd’hui, petit tour à la plage en Charente-Maritime avec quelques heureux bénéficiaires.

Plein soleil sur l’Ile d’Aix en ce début juillet. Entre Ré et Oléron, face au célèbre Fort Boyard, cette petite île un peu oubliée de Charente-Maritime, posée à 20 minutes de bateau de la côte, n’a pas encore été ravagée par le tourisme de masse. On y circule démocratiquement à pied ou en vélo, entre plages de sable fin, fortifications napoléoniennes et bois. L’unique bourg, pittoresque et envahi de roses trémières, n’est entouré que de quelques hameaux et ne compte que quelques commerces, un cinéma de campagne, un hôtel… C’est dans ce décor qui fleure bon les films de Jacques Tati, que la délégation départementale de la Croix-Rouge de la Haute-Vienne envoie depuis 3 ans une quarantaine de bénéficiaires, souvent des familles avec enfants, profiter des joies simples des vacances à la mer.

Et puisque les quelques hébergements insulaires sont financièrement hors d’atteinte, c’est à la "Maison familiale", sorte d’auberge de jeunesse associative, que nos vacanciers sont hébergés. Cette ancienne colonie de vacances, ouverte en 1937 dans la foulée des « congés payés » par un prêtre de Limoges, est aujourd’hui tenue par l’association laïque « La colonie », partenaire de la Croix-Rouge et de la Caisse d’allocation familiale de la Haute-Vienne. Bien sûr, les bâtiments ne datent pas d’hier et le confort s’apparente d’avantage à celui d’un camping « en dur » qu’à celui d’un hôtel trois étoiles… mais qu’importe, les locataires qui ont eu la bonne surprise de se voir proposer cette semaine de vacances sont unanimes : l’ambiance y est "extra" ! "Ici, on partage tout, on vit ensemble…" explique Agnès Dubois, responsable du centre en haute saison, "… les liens se créent donc très vite entre voisins, entre enfants, entre familles". Qu’on ne s’y trompe pas, la "maison familiale" n’est pas qu’un centre de "vacances sociales" : accessible à tous, 70% des réservations se font à titre individuel.

D’ailleurs cette semaine là, Bernard, médecin normand, sa femme et ses enfants y passent un séjour paisible : "ce que j’aime ici, c’est le calme, il n’y a pas l’agitation propre à la côte ; j’y retrouve la simplicité des vacances de mon enfance. Et puis à la Maison familiale, je côtoie toutes sortes de gens, des tous milieux et même de tous pays… Ça ne dure qu’une semaine, mais je n’aurais jamais eu l’occasion de les rencontrer ailleurs ; j’y reviens chaque été depuis des années". Ghislaine elle, n’était pas partie en vacances depuis dix ans et "ça (lui) manquait"… "Tout me plait ici : le paysage, la mer… Avec les autres, ça a « collé » tout de suite ! » De ce séjour, elle attend surtout « du repos, de voir les enfants "s’éclater" et de faire "des choses ensemble, avec eux"… Tout en avouant que la prise en charge des bambins par Manu, l’animateur, ainsi que la pension complète, lui offrait enfin du temps pour elle !Pour ce séjour, la Croix-Rouge prend à sa charge la moitié des dépenses d’hébergement et de repas (l’autre étant assurée par la C.A.F.), ainsi que la totalité des dépenses de transport. Mis en place en février, cette action a impliqué les délégations locales de la Croix-Rouge de Haute-Vienne et leurs bénévoles, qui ont assuré son suivi et celui des bénéficiaires. Il leur a été demandé, par exemple, de faire quelques économies en prévision du voyage. Quelques euros placés chaque mois dans une enveloppe à la délégation de la Croix-Rouge la plus proche et qui leur a été remise au moment du départ. Une participation de 20€ est également versée par chaque famille au titre de la participation aux frais du séjour.

Tout à l’heure les vacanciers partiront visiter une ferme ostréicole, à la sortie du village. Sous le prétexte d’une sortie éducative, tous s’impatientent de pouvoir enfin déguster une douzaine d’huitres toutes fraîches. Demain, ce sera la visite du Fort Boyard, samedi le barbecue, dimanche le cabotage en bateau, lundi le tour de l’île en calèche, mardi chasse au trésor… avant le retour à Limoges, mercredi. Comme chaque année à cet instant, il y aura des pleurs et des grincements de dents, mais comme chaque année, on chantera dans le bus du retour…

La Croix-Rouge française tient à remercier l’Agence Nationale pour les Chèques Vacances pour son soutien.