A l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes (le 8 mars), le Parlement européen diffusera toute la journée le film Les Filles de l’Escadron bleu. Cette unité de conductrices-ambulancières de la Croix-Rouge française envoyées en Pologne d’avril à novembre 1945 pour rechercher et rapatrier les prisonniers et déportés français. Une mission périlleuse, dirigée par Madeleine Pauliac. Ce documentaire, réalisé par Emmanuelle Nobécourt, rend hommage à ces femmes au courage exceptionnel.

Note : Le documentaire réalisé par Emmanuelle Nobécourt est adapté du livre Madeleine Pauliac l’Insoumise de Philippe Maynial, neveu de Madeleine Pauliac (Ed. XO). Produit par Cinétévé et Babylone Productions, le film a reçu le Prix Historia du documentaire historique.

Madeleine Pauliac a seulement 27 ans quand, médecin pédiatre à l’Hôpital des enfants malades à Paris, elle s’engage dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale et participe à la Libération de Paris. Quelques mois plus tard, en avril 1945, alors que la fin du conflit sonne enfin, débute pour elle un autre combat. Engagée dans l’armée en tant que médecin-lieutenant des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI), elle est envoyée à Moscou puis à Varsovie par le Général de Gaulle pour assurer le rapatriement sanitaire des 300 000 Français retenus par Staline. 

Par un arrêté du ministère des Prisonniers, Déportés, Réfugiés (PDR), l’association mobilise en effet des équipes d’urgence (conductrices, infirmières, secouristes et simples bénévoles) pour participer au retour des Français libérés. Dans le même temps, elle déploie des délégations à l’étranger, en Allemagne, en Autriche et en Pologne, principalement, pour appuyer les missions de rapatriement créées par ce même ministère. Ainsi, infirmières, infirmières pilotes secouristes de l’air (IPSA), assistantes sociales et conductrices-ambulancières de la Croix-Rouge française sont mises à disposition des armées. Madeleine Pauliac, quant à elle, est nommée médecin-chef de l’hôpital français de Varsovie et déléguée de la Croix-Rouge française en Pologne.  

Dans l’enfer de Varsovie, un Escadron bleu

Après le retrait de l’armée allemande, l’armée rouge soviétique prend l’administration provisoire des pays libérés. C’est le cas en Pologne où Madeleine Pauliac va alors découvrir l’horreur des exactions commises durant la guerre mais aussi celles des troupes d’occupation russes. A Varsovie, une ville quasiment rasée, elle gère un hôpital de dix lits, un dispensaire et un centre d’accueil pour les réfugiés. En juillet 1945, elle est rejointe par un groupe de 11 jeunes femmes, conductrices et infirmières volontaires de la Croix-Rouge française. Elles ont à peine 30 ans pour la plupart. Leur groupe est surnommé “l’Escadron bleu”, en référence à la couleur de l’uniforme et des véhicules. 

Ensemble, elles partent sur les routes ravagées de Pologne pour ramener des personnes libérées des camps et des réfugiés. Elles vont parfois jusqu’en Union soviétique, notamment au camp de prisonniers de Tambov, pour en extirper des “Malgré-nous”, ces Alsaciens engagés de force dans l’Armée allemande. Madeleine Pauliac passera également quelques mois dans un couvent, aux côtés de religieuses qui ont été violées par des soldats russes. Elle les assiste quand des enfants naissent de ces violences sexuelles. 

Cette unité de conductrices-ambulancières a un courage inouï. Elles mènent une course contre la montre avant que le rideau de fer ne tombe. Au péril de leurs vies, elles vont effectuer plus de 200 missions et parcourront 40 000 kilomètres pour rechercher, soigner et rapatrier les Français prisonniers restés en Pologne, prisonniers ou déportés dans les camps. Madeleine Pauliac trouvera la mort sur l’une de ces routes périlleuses, en février 1946. Mais l’« Escadron bleu » lui survivra, symbole de l’action menée par toutes les équipes de conductrices-ambulancières engagées dans les missions de rapatriement, et que l’on retrouvera notamment en Indochine ou en Algérie.

Madeleine Pauliac est inhumée à Villeneuve-sur-Lot. Son nom est lui aussi entré dans l’Histoire. Son destin et son courage exceptionnels ont fait l’objet d’un film, L’innocente, d’Anne Fontaine (2016) et d’un documentaire, Les filles de l’Escadron bleu, réalisé par Emmanuelle Nobécourt, adapté du livre Madeleine Pauliac l’Insoumise de Philippe Maynial, le neveu de Madeleine Pauliac. Les équipes des  conductrices-ambulancières de la Croix-Rouge française resteront aussi dans l’histoire. Leurs archives ont été déposées aux Archives nationales  pour être conservées et accessibles à la recherche.

Photos : archive / © Cinétévé