Le 18 janvier, les équipes de l’urgence et du secourisme de la délégation du Nord ont déployé leurs moyens et leur savoir-faire aux côtés des pompiers, de la protection civile et de la police municipale : l’objectif ? Répondre, sous le contrôle de la préfecture, à un scénario d’accident industriel à la centrale nucléaire de Gravelines et organiser un exercice grandeur nature d’évacuation de la population.

Le site de Gravelines, tout proche de Calais et de Dunkerque, est le troisième producteur d’électricité dans le monde. La centrale, dotée de six réacteurs nucléaires, doit évidemment souscrire à un cahier des charges d’autant plus drastique qu’elle a mis en place depuis deux ans une nouvelle convention de sécurité. Dans le cadre de sa validation par les autorités, elle devait notamment simuler un scénario catastrophe nécessitant l’évacuation de la population. Une première. En effet, jusqu’alors, les exercices pratiqués régulièrement par la population se limitaient au stade du confinement à domicile. Cette fois, l’émanation d’un nuage toxique contraignait les habitants de 3 quartiers de Gravelines, soit 3400 personnes à quitter leur domicile toutes affaires cessantes - les crèches et les établissements d’hébergement des personnes âgées dépendantes étant exclues de l’exercice.

Le dispositif Croix-Rouge mis en place pour l’occasion est impressionnant. 95 secouristes permanents ou bénévoles de la délégation départementale de l’urgence et du secourisme du Nord, de la région parisienne ou des départements limitrophes, mais aussi des élèves infirmières volontaires de l’école de Tourcoing, s’étaient donné rendez-vous pour cette opération qui a mobilisé au total 500 personnes : bénévoles des services municipaux, pompiers volontaires, police municipale et même compagnie de CRS. Arrivées en convoi sur le lieu de la supposée catastrophe à 8 heures du matin, les équipes écoutent les dernières consignes de Jean-Paul Cottigny, le directeur départemental de l’urgence et du secourisme : pour être le plus possible dans les conditions du réel, personne ne connait d’avance les détails du scénario. Dans un premier temps, les équipes se voient attribuer leur périmètre d’intervention, ainsi que la liste des premiers lieux de regroupement de proximité ; des lieux réquisitionnés par la mairie.

La population est évacuée maison par maison, appartement par appartement, par les bénévoles de la Croix-Rouge. Les personnes sont acheminées dans des cars affrétés par la mairie vers des centres de niveau 2, les CAI (centres d’accueil des impliqués). La localisation de ces derniers dans les bourgades avoisinantes ne sera dévoilée qu’au dernier moment. Les habitants y trouvent de quoi se sustenter, des bouteilles d’eau et du café.

Pendant ce temps, dans les lieux de regroupement, les équipes de la Croix-Rouge distribuent à chaque arrivant un bracelet de couleur correspondant à son quartier de résidence et une fiche de liaison CAI-CHU (centre d’hébergement d’urgence). L’objectif ? Permettre un recensement de la population et assurer aux médecins, en cas d’urgence, des renseignements clé pour chaque personne. Il s’agit aussi, en attendant l’ordre de la préfecture, de transférer la population dans les CAI de niveau 2, de rassurer et de gérer les impondérables, comme, par exemple, une personne diabétique devant prendre son traitement à 12 heures et sera dirigée et convoyée à l’hôpital par ambulance.

En milieu d’après-midi, la Préfecture décrète la fin de l’exercice. Les habitants sont reconduits dans leur quartier en car. Pour Jean-Paul Cottigny, l’opération a été globalement satisfaisante : "D’abord, nous avons eu une forte mobilisation des bénévoles, alors que nous étions en milieu de semaine. Pour le plan neige, nous n’avions que 60 personnes. Et puis, cela a permis de vérifier que la coordination de nos moyens était assurée". Il restera, d’ici à trois semaines, à affiner le bilan pour optimiser, si nécessaire, la capacité de déploiement des moyens humains et matériels.

Marie GREZARD